Robert Vincent – Un festival qui casse les codes.

>>38ème Nuits Musicales de Mazaugues, les 20 et 24 juillet et 3 et 10 août

Organisé en juillet et en août depuis près de quarante ans dans le village provençal de Mazaugues, Les Nuits Musicales de Mazaugues se distingue à plus d’un titre des évènements musicaux très médiatisés dont on s’arrache les places chaque été. Mêlant musique, théâtre et lectures, ce festival transporte hors des grandes villes et donne la chance aux habitants de la ruralité de découvrir des œuvres et d’échanger avec les musiciens et les comédiens dans un cadre intimiste.

Ce festival est né de votre rencontre avec le pianiste virtuose François-René Duchable. Comment s’est faite celle-ci ?
J’étais très jeune à l’époque. Ma mère, qui était la première magistrate de Mazaugues, avait l’idée d’introduire une forme de culture différente, notamment de la musique classique, dans notre village. À ce moment-là existait une émission télévisée mensuelle très suivie, « Le Grand Échiquier » de Jacques Chancel, où François-René Duchable, un soliste jouant avec les plus grands chefs comme Karajan, a été invité. Il y a exprimé son désir de faire entrer la musique classique dans des lieux inhabituels comme les hôpitaux, les prisons, mais aussi les villages. Cette idée nous a interpellés. J’ai donc envoyé une lettre à Duchable, et il nous a répondu très rapidement. Il a accepté de venir gratuitement pour offrir un récital, à condition de ne pas faire de publicité pour éviter que son public habituel ne le suive, réservant ainsi le concert aux habitants du village. Ce fut un succès formidable, il expliquait la musique classique, les compositeurs et leur place dans l’histoire, et il a été très bien reçu. Nous avons alors décidé de continuer cette aventure, mais il nous fallait un lieu adéquat. Nous avons trouvé un théâtre de verdure naturel, au pied d’une vieille maison de maître au charme romantique. Nous avons défriché, arrangé, adapté l’acoustique, et par la suite la mairie a décidé d’acheter le site. Une longue amitié est née entre François-Re né Duchable et moi. Celui-ci nous a ouvert les portes pour pouvoir inviter d’autres artistes de son niveau.

Vous avez une ligne artistique originale mêlant classique, jazz, théâtre et chant. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Au départ, c’était essentiellement de la musique classique, avec des récitals la musique classique, avec des récitals de musique de chambre et de grands orchestres accompagnant des solistes, offrant de magnifiques concertos. Nous avons toujours cherché à conserver une grande qualité avec des artistes de haut niveau comme les frères Capuçon, mais avec un nombre réduit de concerts. Avec le temps, nous avons senti une modification du public, qui est devenu plus jeune, et le renouvellement se fait moins bien. Après presque quarante ans, il est rare de maintenir un tel festival, nous avons voulu nous diversifier, nous renouveler en incluant d’autres formes d’art connexes : théâtre et littérature, et nous avons reçu des acteurs de renom comme Jacques Weber.

Quelle est la programmation cette année ?
Le premier spectacle « Choses Vues.. et chantées », nous présente la vision de Victor Hugo sur son siècle, qui résonne fortement avec notre époque. Le comédien Christophe Barbier, plus connu en tant que journaliste, est accompagné d’une pianiste. Nous donnerons ensuite un spectacle particulier « PianOlympiades » avec le retour de François-René Duchable, qui célèbre les JO, jouant des pièces de Liszt, Chopin et Saint-Saëns, et qui sera associé au comédien Alain Carré. Nous introduisons donc du jazz depuis deux ans. L’année dernière, l’accordéoniste Vincent Peirani avait donné un spectacle exceptionnel, et j’ai souhaité le faire revenir, cette fois accompagné
d’Émile Parisien au saxophone. Ce sont deux grands musiciens de jazz qui jouent partout, et leur spectacle « Abrazo » est basé sur le tango. Nous finirons ce festival avec la soirée « Schubert in Love » et la chanteuse du groupe Moriarty, Rosemary Standley, connue pour son travail dans le blues rock, qui revisite avec l’Ensemble Contraste, alto, violoncelle et piano, la musique de Franz Schubert de manière innovante. Cela promet d’être une édition exceptionnelle à ne pas manquer.

Fabrice Lo Piccolo

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