Sam Bobino – L’humain au cœur du festival

Sam Bobino revient sur son rôle de parrain du festival et sur l’importance des courts-métrages. De ses impressions sur le festival aux préparatifs de son propre événement à La Baule, il partage sa passion pour le cinéma et son engagement envers la culture.

C’est votre seconde participation en tant que jury au festival, et cette année vousêtes également parrain. Quelles ont été vos impressions sur le festival l’année dernière, et en quoi consiste ce nouveau rôle ?
Je ne fais pas partie du grand jury présidé par Zoé Félix, mais je décerne un prix spécial, le prix du parrain. L’année dernière, j’ai découvert un festival à taille humaine et axé sur l’humain. Souvent, les grands festivals internationaux peuvent être un peu impersonnels, mais malgré sa dimension internationale, Cinéma en Liberté a su garder cette dimension humaine. On le ressent à la Tour Royale, avec la diversité des spectateurs et le choix éclectique de la programmation,ouverte sur l’autre et sur l’étranger. Aujourd’hui, dans une conjoncture difficile, un festival est un acte militant. Il tend une main vers l’autre, cultive la curiosité pour les cultures différentes, et comble le fossé que la peur de l’inconnu peut parfois
provoquer. C’est un rendez-vous entre le public et des films qui parfois n’existent qu’à travers un festival. Un festival doit proposer des œuvres en réponse aux attentes du public, mais aussi créer des surprises. Je travaille depuis une trentaine d’années dans l’univers du cinéma, créant et organisant divers festivals. Nous avons créé le Festival de Musique de Film de La Baule avec Christophe Barratier, et depuis trois ans, le Paris Film Critics Award. Mon rôle de parrain ici à Toulon consiste à apporter mon regard et mon expérience pour décerner un prix complémentaire. Parfois, cela permet d’équilibrer le palmarès. En tant que parrain, j’utilise aussi mon carnet d’adresses pour faire grandir le festival, comme je l’ai fait en invitant Zoé Félix, qui a tout de suite accepté car elle adore Toulon. Elle a été sensible à la démarche de l’association qui organise le festival, tout comme moi.

Vous vous apprêtez à inaugurer une nouvelle édition de votre festival de La Baule. Pouvez-vous nous parler de cette édition ?
Pour les dix ans du festival, qui met à l’honneur la musique de film, nous rendrons hommage à Claude Lelouch. En 2014, il était venu avec Francis Lai. Cette année, malheureusement il sera seul, mais nous proposerons un grand concert en hommage aux plus belles musiques de films de Lelouch, écrites par Francis Lai, avec l’Orchestre National des Pays de la Loire. Claude Lelouch, avec soixante ans de carrière et près de cinquante films, est l’un des derniers très grands réalisateurs français toujours vivant et en activité. Son cinéma est nourri par l’humain, les amitiés, les amours, et les petites histoires qui s’imbriquent dans la Grande Histoire. C’est un privilège de lui rendre hommage. Comme Cinéma en Liberté, notre festival à La Baule est organisé par des bénévoles passionnés. Il est important d’encourager les gens à aller au cinéma, à partager des moments collectifs. Pendant le festival, nous collaborons également avec le Secours Populaire Français pour inviter des enfants à découvrir la mer et le cinéma gratuitement.

Que pensez-vous de l’art du court métrage ?
Presque tous les grands réalisateurs sont passés par les courts métrages. Cette année, le festival de Cannes a décerné une palme d’honneur à George Lucas, qui, lui aussi, a commencé avec des courts-métrages. Les courts métrages sont une école de cinéma incontournable et un exercice de style exigeant. Il est plus facile de raconter une histoire en trois-cent pages qu’en deux heures, alors en quinze minutes ! Cela impose une grande souplesse et une ingéniosité importante. Quand vous maîtrisez cela, vous êtes prêt pour un long métrage. Un festival de court métrages permet aussi de découvrir différents univers en un temps réduit, offrant un aperçu de la diversité des histoires et des cultures. Quand vous êtes un boulimique de cinéma comme je le suis, c’est intéressant. Parfois, cela peut être frustrant car on aimerait en voir plus, mais le format court peut être nécessaire et utile pour traiter certains sujets. Aujourd’hui le court métrage est plus que
jamais d’ailleurs soutenu par les pouvoirs publics, ce qui montre son importance, et c’est essentiel pour la vitalité de la création cinématographique.

Fabrice Lo Piccolo 

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