Sam Bobino – Rendre la fête encore plus belle !

Hors-série Cinéma en Liberté – Du 18 au  20 août à La Tour Royale à Toulon

Passionné de cinéma et de musique, journaliste, programmateur de salles de cinéma, Sam Bobino a co-créé, avec Christophe Barratier, le Festival de La Baule, qui met à l’honneur la musique de film. Il sera membre du jury pour cette douzième édition du festival.

Pourriez-vous nous détailler votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière en tant que journaliste spécialisé dans le cinéma pour RFM et Europe 1. J’ai aussi travaillé dans une agence de presse où j’ai eu l’occasion d’interviewer des acteurs et actrices et de les photographier. Ensuite, j’ai rejoint une agence de relations publiques où j’ai travaillé pour des marques de luxe, toujours en lien avec le monde du cinéma. Pendant six ans, j’ai eu l’opportunité de diriger les Prix Lumière et en 2014 j’ai lancé le Festival de La Baule, dédié à la musique de film, en collaboration avec Christophe Barratier. En 2015, j’ai également créé, en collaboration avec Jacques Attali, la Semaine du Cinéma Positif à Cannes, un festival dans le festival, qui vise à promouvoir et soutenir les lanceurs d’alerte dans le cinéma engagé. Et en 2022, j’ai co-créé le festival Apulia Soundtrack Awards, dans les Pouilles en Italie, et les Paris Critics Awards. Je suis aussi programmateur des cinémas Silencio à Paris.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le Festival de La Baule et son importance dans le domaine de la musique de film ?
Tout d’abord, pour moi, le compositeur est le troisième auteur d’un film. Il n’est pas anodin d’ailleurs que des droits d’auteur lui soient reversés. En effet, les souvenirs que nous gardons d’un film sont même parfois plus liés à sa musique qu’à son histoire. Étant moi-même passionné de musique, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de festivals grand public qui mettent en valeur la musique de film et propose en même temps de grands concerts. Chaque année, notre principe est de mettre à l’honneur un compositeur. Nous avons déjà accueilli des artistes tels que Francis Lai, Lalo Schifrin, Vladimir Cosma, Philippe Sarde, Alexandre Desplat, ou Kyle Eastwood cette année. Celui-ci a créé un spectacle inédit revisitant les musiques emblématiques des films de son père, comme celle de « L’inspecteur Harry », ou d’autres qu’il a composées, comme celle d' »Invictus » ou de « Gran Torino ». Nous sélectionnons des longs et des courts métrages. Nous cherchons constamment à grandir tout en conservant un esprit festif, populaire et accessible à tous. En collaboration avec Christophe, nous avons également initié un partenariat avec le Secours Populaire pour inviter des enfants. La transmission est un élément essentiel pour nous, cette année, nous avons organisé une masterclass pour environ neuf cents enfants, avec comme intervenant Ludovic Bource, récompensé par un Oscar pour la musique du film « The Artist ». Un autre volet important du festival est la Factory : nous y identifions les meilleurs jeunes compositeurs à travers un exercice imposé.

Vous serez membre du jury cette année, comment voyez-vous votre rôle ?
J’apporterai ma sensibilité et ma passion pour la musique, qui occupera une place importante dans mon choix, même si elle ne fait pas tout. Depuis trente ans, je vois énormément de films. Aujourd’hui en tant que programmateur, je vois entre trois cents et trois cent cinquante films par an. J’apporterai donc ce regard, mais empreint de bienveillance, car je sais que ce sont souvent des réalisateurs toujours en phase d’apprentissage.
Selon moi, le court métrage ne bénéficie pas de la visibilité qu’il mérite. Il y a peu de chaînes de télévision qui le soutiennent, à l’exception de France TV. C’est pourquoi les festivals ont une importance cruciale. Il faudrait faire davantage pour accompagner ces réalisateurs car le court métrage est le point de départ de nombreuses carrières. J’ai rencontré les organisateurs de Cinéma en Liberté à Cannes et nous avons eu l’envie de créer un lien entre nos festivals. Ils m’ont aimablement proposé de rejoindre leur jury et cela représente pour moi un souhait de partage, d’échange et d’accueil. Peut-être proposerai-je un atelier sur la musique lors des prochaines éditions. Nous savons qu’organiser un festival est un acte militant, nous ne faisons pas cela pour l’argent, nous avons tous d’autres activités à côté. Nous voulons montrer du cinéma et l’ouvrir à tous. En moyenne, les Français vont au cinéma une ou deux fois par an, généralement à Noël avec les enfants et pendant l’été pour les gros blockbusters. Le rôle d’un festival est de créer des rencontres et de montrer des films que l’on n’aurait peut-être pas vus autrement. J’ai également rejoint la CoopMed, un regroupement de festivals méditerranéens, de France, de Tunisie, d’Italie, d’Espagne… qui ont uni leurs forces pour faire bouger les lignes. L’union fait la force, et chaque membre de l’équipe d’un festival a la même importance, bénévole, élu ou sponsor, nous devons tous travailler ensemble pour rendre la fête encore plus belle et en faire profiter le public.

Fabrice Lo Piccolo

En savoir +