
Sam Bobino – Un parrain engagé.
Baule vient de fêter sa onzième édition. Comment s’est-elle déroulée ?
Cette onzième édition du Festival de La Baule a été une très belle réussite. La ligne directrice cette année était axée sur la transmission, l’émotion et le partage. Nous avons proposé des rencontres, notamment des initiations à la musique de film pour les enfants de 6 à 11 ans et un prix de jeune compositeur émergent pour les étudiants en conservatoire. Nous avons également découvert un jeune réalisateur espagnol talentueux, Carlos Abascal Peiro, avec son premier court-métrage « Fils de » avec François Cluzet. Son travail a enthousiasmé le jury présidé par Zabou Breitman, illustrant parfaitement notre volonté de révéler de nouveaux talents. Nous avons rendu hommage à Lambert Wilson qui a aussi donné un grand concert autour des plus belles chansons du cinéma français. Gérard Jugnot a également été mis à l’honneur, et nous sommes revenus sur la carrière de Pierre Richard, qui était également présent.Le festival s’est ouvert avec un biopic sur la vie de Simone Signoret et Yves Montand, « Moi qui t’aimais », réalisé par Diane Kurys et s’est clôturé en beauté avec « Connemara » d’Alex Lutz.
Nous avons proposé une programmation plus riche que jamais, dans un esprit festif et populaire, sans barrière entre les artistes et le public. C’est l’essence même de ce que nous voulons proposer.
Parlez-nous de votre engagement dans le Festival Cinéma en Liberté à Toulon.
Cela fait près de trente ans que je suis activement engagé pour soutenir le cinéma, notamment indépendant. Tout a commencé à l’adolescence avec un fanzine, puis l’organisation d’un ciné-club au lycée. Depuis, je n’ai jamais cessé de m’investir.
Ce qui me plaît dans Cinéma en Liberté, c’est son côté populaire, accessible, humain. Pas besoin d’une accréditation hors de prix : tout le monde peut venir, en famille, entre amis, avec ses enfants ou ses parents. C’est convivial, et c’est pour cela que j’ai souhaité aller plus loin en devenant parrain permanent du festival.
Depuis deux ans, j’aide au développement de l’événement, notamment en renforçant la visibilité du jury. L’an dernier, nous avions comme présidente Zoé Félix et cette année Mathilda May, des noms qui attirent la presse et les partenaires. Mais tout cela ne serait pas possible sans le travail formidable de Lisa et son équipe de bénévoles et une programmation de grande qualité, avec des réalisateurs venus des quatre coins du monde. Cinéma en Liberté est désormais bien ancré dans le paysage culturel local.
L’an prochain marquera la quinzième édition, et je compte encore m’impliquer davantage, comme je le fais déjà pour La Baule, les Paris Film Critics Awards ou la semaine du Cinéma Positif. à Cannes Pour moi, le cinéma est un lien social. Il doit rassembler plutôt que diviser, rapprocher les cultures, ne pas avoir peur de l’autre. Toutes les cultures sont complémentaires et enrichissantes. Soutenir un festival culturel et associatif, c’est presque un acte militant. Cet engagement fait partie de mon ADN.
Quel regard portez-vous sur le festival et les films découverts l’an dernier ?
J’ai été très impressionné par le niveau de la programmation. Le travail de sélection est vraiment exigeant et permet d’offrir un éventail riche en genres et en émotions. En tant que membre du jury, c’est un vrai plaisir de découvrir des films aussi bien choisis. Et cela facilite ma mission quand je propose à des artistes de renom de participer : je n’ai aucune gêne à les inviter, car je sais qu’ils découvriront des œuvres de qualité. Le cadre magnifique de la ville de Toulon est un plus, bien sûr, mais c’est surtout le fond qui fait la différence.
Quelle place accordes-tu au court-métrage ?
Une place essentielle. La majorité des grands réalisateurs sont passés par le court-métrage. C’est souvent dans ce format que l’on forge son style, son identité artistique. Mais malheureusement, le court-métrage est peu visible en dehors des festivals — un peu sur France Télévisions, car c’est le rôle du service public, mais c’est limité. Les festivals comme Cinéma en Liberté sont donc vitaux pour offrir un espace d’expression à ces films fragiles, originaux, précieux. Ils permettent de révéler les talents de demain et de garder vivant un cinéma qui ne rentre pas dans les standards commerciaux.
Fabrice Lo Piccolo