Hors-série FiMé 2024 – Sébastien Damiani – La fusion des genres.

>> Jeudi 7 novembre à 20h au Liberté à Toulon

Le compositeur évoque son parcours atypique et ses influences artistiques qui l’ont conduit à créer des genres novateurs. À travers sa musique pour le ciné-concert « Orochi », il mélange sonorités traditionnelles japonaises et éléments contemporains, en collaboration avec la joueuse de koto Fumie Hihara. Ensemble ils ont capturé l’essence du film, offrant une expérience musicale unique.

TYPE DE MUSIQUE :

Instrumentale et orchestrale.

MUSICIENS :
Sébastien Damiani : piano. Fumie Hihara : koto et chant.

SOUVENIR DE CONCERT :

Mon souvenir le plus marquant remonte à 1985, lorsque j’ai joué à l’Olympia à l’âge de douze ans et demi. J’étais sur scène au piano, pour accompagner un artiste qui faisait du slam. Quand les rideaux se sont ouverts, j’ai découvert des milliers de personnes dans la salle, et j’étais envahi par le trac. C’était ma première expérience sur les planches de l’Olympia, et aujourd’hui, je réalise à quel point j’ai eu de la chance.

Vous êtes l’initiateur de l' »Opérap » et le « Hip-Hop Symphonique ». Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a inspiré à créer ces genres musicaux et comment ils reflètent votre vision artistique ?
J’ai un parcours atypique, ayant dé- buté à douze ans dans la musique de variété avant d’intégrer tardivement le conservatoire. Mon rêve était de com- poser de la musique symphonique tout en explorant d’autres genres. J’ai été influencé par des compositeurs comme Ennio Morricone et par le hip-hop, que j’ai découvert par hasard en 1992. Ce genre m’a captivé par ses boucles rythmiques et ses samples, qui faisaient écho à mes références classiques. Cela m’a incité à créer des projets comme le « Hip-Hop Symphonique » pour fusionner hip-hop et musique classique. Mon objectif est de créer une véritable osmose entre les genres, où chaque partie est mise en valeur, et de bâtir des ponts entre des styles souvent éloignés.

Comment l' »Opérap » contribue-t-il à élargir les perspectives de l’opéra et à attirer un public plus varié ?
L »Opérap » vise à ouvrir les portes de l’opéra à un public plus large, mais pas par obligation ou pour remplir les salles. Il ne s’agit pas d’une démarche commerciale ou d’une tendance imposée, mais d’un projet guidé par la passion et la conviction. Mon objectif est de créer des ponts entre le rap et l’opéra, car les artistes eux-mêmes sont curieux de découvrir d’autres genres. La fusion se fait de manière authentique, pour permettre un échange artistique sincère entre des univers qui, autrefois, se côtoyaient peu.

Quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour composer la musique d' »Orochi » ?
J’ai voulu m’immerger dans des sonorités japonaises traditionnelles afin de rendre hommage à l’histoire du film et à la profondeur culturelle qu’il véhicule. Le personnage principal, un samouraï déchu devenu ronin, lutte contre l’injustice et subit l’exclusion de la société. Son parcours m’a beaucoup touché et m’a rappelé des thèmes universels. Mon lien avec la culture japonaise, renforcé par plusieurs voyages là-bas, m’a incité à mêler des éléments traditionnels comme le koto et le shamisen, tout en ajoutant une touche plus contemporaine, avec des influences issues de la musique de films et d’animation japonais. J’ai voulu exprimer l’âme du film en jouant sur la dualité entre le classique et le moderne, ce qui a rendu la composition fluide et instinctive, presque comme une extension naturelle de l’histoire, plutôt qu’un simple exercice de création musicale.

Comment votre collaboration avec Fumie Hihara a-t-elle influencé votre processus créatif ?
Ma collaboration avec Fumie Hihara a apporté une nouvelle dimension à mon processus créatif. Je l’ai rencontrée lors d’un concert à Paris, grâce à un ami commun. Nous avons tout de suite sympathisé, et j’ai vu une opportunité d’intégrer le son unique de son instrument, le koto, à mes compositions. Plutôt que d’enregistrer les parties séparément, j’ai préféré que Fumie joue en direct pour apporter une touche plus authentique et vivante. Cela a enrichi l’expérience musicale et ajouté une véritable interaction entre nos deux univers sur scène.

OROCHI

DE BUNTARŌ FUTAGAWA

1925 – Japon – Noir & Blanc – 75 min.
Avec Tsumasaburo Bando, Misao Seki, Utako Tamaki.

Banni de son école pour un motif injuste, le jeune samouraï Kuritomi Heizaburo doit prendre la route et s’éloigner de celle qu’il aime. Humilié puis jeté en prison, il empruntera le chemin de la marginalité afin de survivre dans un monde qui lui reste hostile. Ce film préfigure le chambara moderne avec son héros maudit, cher à Kurosawa, ses combats de sabres, les trahisons, l’amour et la folie. Buntarô Futagawa pose un regard extrêmement pessimiste sur la société japonaise. Le protagoniste est un samouraï à l’intégrité et au sens moral irréprochables, honnête, loyal, fidèle à son maître autant qu’à sa dulcinée, mais dont la douce naïveté et la probité absolue précipiteront sa chute, dans un univers intrinsèquement corrompu.

Avec le soutien de la Fondation Sasakawa.

Emma Godest

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