Sebastien Ly, Habiter le monde
Les Hivernales – CDCN d’Avignon
Du 10 au 20 juillet – 14h
La compagnie Kerman installée à Toulon est associée au ZEF Scène Nationale de Marseille. Du 10 au 20 juillet à 14h aux Hivernales – CDCN d’Avignon est présentée la création « Nhà » chorégraphiée par Sébastien Ly et interprétée par Camille Revol et Lisa Robert. Une scénographie tout en mouvement où il est question de liens qui nous unissent à l’autre et au monde qui nous entoure.
C’est le Théâtre Les Hivernales qui a souhaité programmer « Nhà » ?
Oui, c’est le choix du théâtre. Nhà signifie maison en vietnamien. Cette pièce interprétée par les deux danseuses Camille Revol et Lisa Robert se distingue par la présence d’une sculpture scénographique créée par l’artiste plasticien Trong Gia Nguyen. Cette structure mobile est en perpétuelle métamorphose tout au long du spectacle. Les deux danseuses entretiennent un rapport vivant avec la structure, ce qui fait du spectacle un véritable trio. La pièce a été créée au Vietnam en avril 2018 dans le cadre du Krossing Over Arts Festival, festival trans-disciplinaire qui fait collaborer des chorégraphes avec des artistes d’autres domaines, dont des plasticiens. Ce spectacle est un voyage à la croisée entre danse, architecture et arts plastiques. A travers différents tableaux, cette oeuvre invite à questionner notre rapport à l’autre : évitement, face à face, choc frontal, embrassade, collaboration, écoute. Il y est aussi question de notre relation au monde, oscillant entre domination et symbiose. Isabelle Martin-Bridot, directrice des Hivernales suit mon travail depuis de nombreuses années et a assisté aux différentes étapes qui ont mené à ce spectacle, depuis mes tous premiers voyages au Vietnam.
Votre nouvelle création « NOW » prévue pour février 2020 est un discours de révolte…
« NOW » est un solo qui formera un diptyque avec « Nhà ». Les pièces font toutes deux partie du cycle de travail “Habiter le monde” où il est question du lien que l’on tisse avec les autres, et avec le monde qui nous entoure. Il existera un fort contraste entre les deux spectacles . « NOW » posera avec radicalité la question de la révolte et du corps engagé, dans une énergie brute tenue du début jusqu’à la fin. La chorégraphie puisera dans la gestuelle de la revendication et du refus, de l’espoir et de l’action. Les grandes figures de la révolte, parmi lesquelles Martin Luther King, Gandhi, Rosa Parks, les Femen viendront nourrir le mouvement du corps en révolte qui, même s’il reste silencieux, se transformera en porte-parole.
Votre compagnie propose des actions artistiques notamment avec la création « Des Habitants »…
Exact. « Des Habitants » a été présenté à la Maison de la Danse de Lyon le 27 juin dernier. Emmanuel Monneron, médecin à l’Hôpital du Vinatier est venu vers moi et m’a proposé de chorégraphier pour un groupe de quatorze danseurs amateurs mêlant patients en hôpital psychiatrique de jour, accompagnants et soignants. Ce spectacle a été créé lors de rendez-vous mensuels durant toute une saison offrant ainsi le temps au groupe de se constituer et de créer des rapports privilégiés d’écoute et de partage. La restitution finale est à mon sens la preuve vibrante qu’il est possible, au-delà de toute appartenance sociale, de faire chemin ensemble.
Après des études d’économétrie, Sébastien Ly se forme au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers. Au Centre Chorégraphique National de Nantes il participe à la création du Festin chorégraphié par Claude Brumachon. Il rejoint ensuite à Londres Punchdrunk Theatrical Experiences où il explore un travail in situ en relation directe avec le public. De retour en France il danse pour Béatrice Massin, Martha Rodezno. En 2005, il crée la compagnie Kerman. Il y questionne le rapport au public, cherchant à installer une relation intime avec chacun des spectateurs. Les spectacles in situ ( Lectures dansées , Au-delà de l’absence ) lui donnent l’occasion de mettre en place des propositions sur des temps longs pouvant aller jusqu’à 3h, alternant adresses collective et individuelle. Il déploie son travail sous formes de cycles : Le corps parcellaire en 2013, Les mémoires vivantes en 2016, et aujourd’hui Habiter le monde. Au cours du processus de création il produit photos, dessins et textes, régulièrement publiés aux éditions Carnets-livres et co-réalise des courts-métrages dont Appendice, en 2017 avec Thierry Thieu Niang. En 2017, il fonde Krossing Over Arts Festival
Stellie Poirrier