SERGE LE SQUER – Image et territoire
Festival Cinéma en Liberté – 8 et 9 juillet – Tour Royale – 10 juillet – Cinéma Le Royal
Artiste enseignant à l’École Supérieure d’Art de Toulon Provence Méditerranées depuis 2009, Serge Le Squer sera membre du jury lors du festival. Au travers de cette interview, il nous dévoile le regard qu’il porte sur les arts de l’image actuels.
Tu es un artiste contemporain particulièrement concerné par l’image et la vidéo, est ce que tu peux nous parler de ta pratique ?
Je travaille l’image via la vidéo, la photo ou l’image sonore. Je m’intéresse à la dimension historique des lieux, comment les étudier et la relation que les gens ont avec eux. Ça peut passer par des interviews, des vidéos, des films sonores… J’ai travaillé aussi sur la notion de mot qui devient image. Dans mes travaux je cultive toujours un rapport historique à l’espace. Ma première œuvre était sur un camp de concentration dans le sud de la France, appelé le camp de Rivesalte. Par la suite, j’ai travaillé à Bayreuth où j’ai mis en place une déambulation sonore dans la
ville de Lorient, j’ai aussi fait des balades urbaines… L’histoire des lieux et le récit de ceux qui les habitent m’intéressent.
Tu es aussi professeur vidéo à l’ESADTPM à Toulon, quel regard portes-tu sur les nouvelles générations de réalisateurs ?
Les festivals de courts-métrages sont souvent accessibles à la jeune création. Ce sont donc souvent des réservoirs de nouvelles formes. On se demande alors en quoi il s’agit de nouvelles formes ? Comment les réalisateurs se positionnent sur les sujets qu’ils abordent et sur la manière de les raconter ? Est-ce que le cinéma est un cinéma de monstration ou l’illustration d’un sujet mis en image, ou bien un cinéma qui serait un cinéma d’expérience. Un film
qui serait un film, mais qui serait aussi un objet d’expérience, pour le spectateur ou pour le groupe qui réalise le film. C’est une problématique que je trouve intéressante et qui commence à se développer. C’est ce genre de réflexions que le champ de l’art apporte au cinéma d’aujourd’hui pour faire en sorte qu’il ne soit pas cantonné à la projection d’une narration, mais qu’il soit contextualisé dans une expérience de la projection.
Qu’est ce qui t’a donné envie de participer à ce festival ?
L’an dernier, j’avais noté que l’ESADTPM devait se rapprocher du festival parce que l’école participait à un programme de recherche appelé “réseau cinéma”, lequel mettait en relation des écoles d’art en France à propos de cinéma, mais pour des formes qui n’étaient pas forcément celles du film. Avec la Covid, on a mis tout ça en stand-by, mais par la suite, j’ai mis en place, avec Jean-Baptiste Warluzel, une option nommée “Faire film” qui permettrait aux étudiants de l’école de collaborer avec l’équipe de Cinéma en Liberté pour réaliser leur propre court-métrage. Pour
moi, c’est important pour les étudiants de Toulon d’avoir accès à un tel festival. C’est Lisa qui m’a demandé de participer. Elle souhaitait avoir un contact avec les étudiants et avec un professeur qui travaille sur l’image filmique et qui s’inscrit dans le patrimoine artistique du territoire.
Dans les éditions précédentes y a-t-il une vidéo qui t’a particulièrement touché ?
J’avais vu un film marocain, avec un âne et un extraterrestre, un peu science-fiction… “Qu’importe si les bêtes meurent”. Il y a eu aussi l’artiste Marie Jacotey qui a fait un film d’animation appelé “Filles bleues, Peur blanche” qui a été présenté au dernier festival et que j’ai vu lors d’une programmation au Royal qui est partenaire de “Faire film”.
Valentin Calais