Shirley Souagnon, Ce spectacle est celui qui me ressemble le plus

07.12 – Omega Live – Toulon
19.01 – Théâtre Daudet – Six-Fours

 

En dix ans de scène, elle a su se faire une belle place dans le paysage humoristique français : Shirley Souagnon tourne actuellement avec «Monsieur Shirley», son nouveau spectacle, à la fois drôle et profond. Elle viendra deux fois dans le Var, le 7 décembre à l’Oméga Live à Toulon, et le 19 janvier au Théâtre Daudet à Six-Fours.

 

Comment peux-tu résumer ce nouveau spectacle «Monsieur Shirley» ?
Disons que c’est sans nul doute le spectacle qui me ressemble le plus, celui qui est le plus abouti dans la forme et dans le fond, dans l’écriture comme dans la façon de le jouer. Lorsque l’on débute, on est dans la découverte, on apprivoise la scène, on essaie de comprendre comment réagit le public, comment naissent les rires. Et aujourd’hui, après dix ans de spectacle, je fais finalement moins les choses pour faire rire les gens systématiquement…

C’est franchement paradoxal d’entendre cela dans la bouche d’une humoriste…
Oui, c’est ce que l’on pourrait se dire, mais c’est comme une sorte d’aboutissement. Quand le stand up s’est installé en France il y a une grosse dizaine d’années, il faut le reconnaître : on n’était pas bons ! On s’est emparés de sujets du quotidien, le métro, les courses au supermarché et j’en passe, en faisant des vannes dessus. Sauf que les Américains, qui font du stand up depuis les années 60, les avaient tous déjà usés jusqu’à la corde. Alors aujourd’hui, je préfère parler de choses qui me touchent, qui m’intéressent.

Quitte à ne pas chercher le rire pour le rire ?
C’est ça. Dans «Monsieur Shirley», j’aborde des thématiques a priori pas franchement drôles, et sur lesquelles je vais broder des vannes. Parce que, attention, c’est quand même un spectacle d’humour !
Mais comme je considère que la meilleure façon de communiquer, c’est l’humour, je vais parler de l’identité sexuelle, parce qu’on m’a beaucoup pris pour un garçon et qu’on continue de le faire, de la géopolitique africaine, des Noirs et du racisme… En parlant sérieusement, puis en convoquant l’humour. En fait, j’ai constaté que le rire fonctionne beaucoup sur la tension. Alors sur certains sujets qui s’y prêtent, tu crées une tension, et le public est en attente du moment où tu vas relâcher cette tension. Et plus la tension est forte, plus le moment de détente va être libérateur – avec les rires qui l’accompagnent.

Tu es d’origine ivoirienne : en parlant de l’Afrique et du racisme, tu prends le risque d’être taxée d’humoriste «communautariste» ?
Je comprends ce genre de remarques, mais si tant d’humoristes parlent de ces sujets aujourd’hui, c’est qu’on a besoin d’en parler, non ? C’est qu’il y a encore un problème, un malaise. Et si nous on n’en parle pas, qui va le faire ? J’ai des origines ivoiriennes, certes, mais aussi alsaciennes. Et je me suis plongé dans ces origines, pour découvrir le passé de résistant de mon grand-père, la guerre, la période nazie. En fait, j’ai vraiment fait une démarche de déconstruction totale, d’ailleurs je pense que c’est ce qu’on devrait tous faire : se déprogrammer complètement, tout remettre en question, oublier ce qu’on nous a appris, ce que nous ont dit nos parents. Tout démonter pour tout remonter ensuite. Pour arriver à savoir qui on est vraiment. Moi je n’ai pas encore fini de tout remonter !

On est dans une réflexion philosophique, presque métaphysique…
Oui, si on veut. Quand j’ai commencé le spectacle j’étais très jeune, j’avais 22 ans. Aujourd’hui j’en ai dix de plus, j’ai un certain vécu, une expérience, et je me pose d’autres questions. On est tous de passage. Alors on en fait quoi de ce passage ? On squatte au milieu, comme des connards ? Ou on avance ?
Moi j’avance, et j’aime bien emmener du monde avec moi.

Olivier Stéphan

 

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