Simonne Rizzo – D’où je viens, qui je suis et où je vais.

Volero, les 9 et 10 mars à Châteauvallon à Ollioules

Un nom de création emprunté au danseur volant espagnol. Le crescendo ininterrompu du « Boléro » de Ravel. Trois artistes dansent, portés par un élan, s’élevant grâce au chant flamenco de Diego El Cigala. Avec Volero, la chorégraphe Simonne Rizzo met en scène l’errance du peuple gitan et nous fait vivre une expérience bouleversante.

Est-ce un défi de s’approprier un morceau aussi connu que le Boléro de Ravel et comment l’as-tu traduit en chorégraphie ?
C’est un défi. C’est une œuvre intemporelle, dont bon nombre de chorégraphes s’emparent depuis des décennies… J’avoue avoir hésité. J’avais la volonté de travailler sur le boléro musical pour écrire VOLERO, à travers différentes compositions, et l’œuvre de Maurice Ravel m’interpelle, en tant que chorégraphe, pour sa précision rythmique uniforme, invariable et puissante, et en même temps son renouvellement continu et sensible… à son écoute répétée, j’ai ressenti une forme libre, ouverte à l’enrichissement, alors j’ai décidé de la twister en alliant la voix de Diego el Cigala (chanteur flamenco espagnol) au génie orchestral de Ravel. Il est difficile pour moi de parler de traduction, je tente de partager ma lecture, l’appui que j’ai pris sur sa puissance avec mes danseurs, et de nous embarquer à travers la notion d’unité, de complicité humaine et musicale.

Dans ce spectacle, tu rends hommage à la culture tzigane, qu’est-ce qui t’intéressait particulièrement ?
C’est tout simplement mon père qui m’a inspiré cela car il a été lui-même recueilli par la communauté gitane. Ces chants ont bercé sa vie et celle de ma grand-mère. Il me les a transmis et faits découvrir. C’est un art et une culture de la survie, c’est passionnant ! C’est un cri, nourri de tensions, de passion et de mémoire aussi, un art qui évolue au contact de la diversité, une quête mystérieuse, une errance continuelle… vers quoi ? Je tente d’y répondre à ma manière en faisant écho à une partie de mon histoire familiale et en soulevant l’importance pour moi de savoir d’où je viens, pour mieux comprendre qui je suis et où je vais.

Est-ce que tu peux nous parler des trois danseurs au plateau ?
Je suis accompagnée avec bonheur par Claire Chastaing qui est, si je peux dire, ma fidèle danseuse. Elle a une présence à la fois douce et puissante et est présente auprès de moi depuis mes débuts. Thomas Queyrens, jeune danseur au talent brut, me suit aujourd’hui dans mes projets. Et il y a moi, danseuse et chorégraphe. J’espère apporter ma détermination et une certaine forme de maturité ! Nous sommes tous les trois très différents et en même temps en osmose, à partager ce voyage.

En quoi la scénographie numérique soutient-elle la pièce ?
C’est aux côtés de Michaël Varlet et son équipe (Baptiste Alexandrowicz et Axel Queval) que j’ai travaillé, une fois de plus, appuyé par la création lumière de Jean-Louis Barletta. La culture gitane a une conception de l’univers qui allie la vision la plus ancestrale et les concepts les plus modernes. L’enjeu est une fois de plus la rencontre, la recherche de l’harmonie, et la construction d’un dialogue entre un univers virtuel et la réalité des corps. Je pense qu’il peut exister un point d’équilibre audacieux à mêler les arts. J’aime m’aventurer à les mener ensemble dans une même direction. La création numérique dans VOLERO est un décor digital, une passerelle vers un imaginaire.

 

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