SIMONNE RIZZO – La force du masculin

Hors-série spécial Centre Culturel Tisot  à La Seyne

>> « Isicathulo » Le 26 juin, place Martel Esprit à La Seyne

Simonne a créé la Ridz Compagnie, qui sera en résidence à Tisot cette année, il y a dix ans. C’est l’occasion pour elle de se recentrer sur ses envies dans sa future création « Isicathulo » qu’elle présentera dans le cadre de Tisot hors les murs Place Martel Esprit.

Commençons par parler du terme « Isicathulo ». Peux-tu nous expliquer ce que c’est ?

Le mot « Isicathulo » est d’origine zoulou, qui veut dire boots et fait référence aux créateurs de la danse Gumboots. C’est unterme que je trouve très beau. « Isicathulo » est aussi le nom de ma prochaine création, une pièce pour cinq interprètes de hip-hop/ contemporain accompagnés d’un rappeur en live. Le point central de la pièce est le stepping, une percussion corporelle. Nous utilisons le stepping comme axe de parole pour célébrer le corps et la voix comme instruments, sans support de musique autre que celle faite avec le corps. À la Seyne, nous présenterons une forme courte avec le rappeur et trois interprètes.

Parle-nous du stepping et de ta relation à cette danse.

Le stepping a émergé dans les confréries et trouve ses racines dans les traditions des esclaves et les danses tribales des années 20. Créé par les fraternités et sororités afro-américaines dans les années60, il a pris son envol en réponse au mouvement des Black Panthers. C’est une discipline hip-hop peu connue, ancrée dans le répertoire des percussions corporelles. C’est une danse qui concilie précision gestuelle et rythmique. J’ai découvert le stepping il y a douze ou treize ans à NewYork et j’en suis tombée amoureuse. C’est une danse polyrythmique, percutante, physique, avec une dimension tribale, festive et reconnaissable. Je me suis formée auprès de pionniers en France, Cheikh Sall et Mourad Bouhlali, qui m’ont transmis toute leur expertise.

« Isicathulo » est le premier volet d’un triptyque…

La compagnie a eu dix ans. J’ai souvent créé des pièces qui rendent hommage. Là, j’ai souhaité revenir à une œuvre proche de moi, de mes envies. Dans ce premier volet, je parle des transformations que j’ai rencontrées en tant que femme à mon adolescence et de ma rencontre avec le hip hop qui a eu un effet libérateur. Je parle de libération cathartique, d’épuisement, c’est ce qui m’intéresse le plus dans la danse. Je m’appuie sur le taoïsme. Ce premier volet est une ode à la force du masculin. Je crois que les individus peuvent être en harmonie entre le masculin et le féminin, que chacun porte les deux en soi dès sa naissance. Je célèbre la force du masculin, la lumière, l’action, la parole, tout ce qui définit le « yang ». Je vois le masculin comme un diamant brut, où les fêlures ne sont pas visibles à l’extérieur mais existent à l’intérieur. Le deuxième volet mettra en scène la puissance du féminin.

Parlons du rappeur de la pièce, Benjamin Pepion, connu sous le nom de Stav. Comment cette collaboration a-t-elle commencé ?

J’ai rencontré Benjamin il y a vingt ans à Angers, pendant mes études au CNDC, alors qu’il débutait sur la scène hip-hop angevine. Ce qui m’a particulièrement intéressée chez lui, c’est son apparence androgyne nonchalante. Benjamin est un artiste polyvalent : en plus d’être rappeur, il est producteur, vidéaste, graphiste et coach scénique. Il modifie son identité à chaque nouvel album. Son écriture incisive et sa capacité à pousser à l’imaginaire correspondent parfaitement à l’autofiction présente dans « Isicathulo ». C’est une rencontre qui s’est faite autour de cette notion commune d’autofiction.

Quel est ton lien avec le Centre Culturel Tisot, et comment s’adapte « Isicathulo » à une performance hors les murs ?

Mon lien avec Jean-Louis Andreani et le Centre Culturel Tisot est fort et dure depuis 2013. Ils nous suivent depuis longtemps, une telle fidélité est rare. Nous partageons un amour commun pour la musique. Ils ont aussi accueilli « Volero », notre précédente création. La scène musicale est leur domaine principal mais mes projets ont toujours une identité musicale forte. « Isicathulo » étant un projet corporel et sonore, cela s’inscrit parfaitement dans leur paysage artistique. Nous serons programmés dans le cadre des soirées hip-hop organisées par Tisot en juin. « Isicathulo » est prévue pour être jouée n’importe où, c’est un projet complètement urbain, puisqu’en lien avec la culture hip-hop, enrichie de danse contemporaine. Je tiens aussi à saluer le rôle de Béatrice Warrand, mon assistante artistique qui a rejoint la compagnie il y a deux ans sur le projet « Volero ». C’est la première pièce sur laquelle nous collaborons depuis les prémices de la création. Son rôle lui permet d’apporter un regard et des retours sur la création. Nous sommes en parfaite harmonie artistique.

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