Sock, L’art de ne jamais se laisser enfermer. – MINIFEST, La Seyne
Illustrateur, graffeur et peintre décorateur, Sock revendique une liberté totale dans la forme comme dans le fond. Co-fondateur du collectif Wild Sketch, il défend un travail fait main, loin des diktats numériques. Rencontre avec un artisan du trait, invité en tant que soutien pendant le Minifest.
Comment définiriez-vous votre univers artistique ?
On me reproche souvent l’inverse, de ne pas avoir une « patte » clairement identifiable. Mon tyle est extrêmement varié, justement parce que je me suis toujours efforcé de pouvoir tout faire. Je suis peintre décorateur de métier, je travaille autant pour des particuliers que pour des professionnels, dans des univers très différents. J’ai toujours tenu à pouvoir répondre à toutes les demandes, à tous les styles. Cette exigence m’a poussé à beaucoup expérimenter, parfois au détriment d’une signature graphique unique, mais avec une vraie capacité d’adaptation.
Et pourtant, certaines de vos œuvres laissent une forte impression visuelle. Y a-t-il des influences majeures derrière ce travail ?
Mon influence principale, c’est Drew Struzan, un artiste mondialement connu… sans que beaucoup connaissent son nom. Il est à l’origine de célèbres affiches de films comme celles de « Star Wars », « Indiana Jones » ou « Les Goonies » – toutes réalisées à la main, bien avant l’arrivée du numérique. Son style illustratif m’a profondément marqué. Même si je m’essaie parfois au photoréalisme, il reste toujours une part de ce trait un peu dessiné, un peu atténué, qui donne une touche illustrative à mon travail.
C’est effectivement ce qui ressortait de vos œuvres exposées dans le cadre du Minifest. Comment abordez-vous ce type d’événement ?
Le Minifest a l’avantage de laisser aux artistes une grande liberté. Ce n’est pas une commande rigide : on est libres de créer, tout en prenant en compte l’environnement, le lieu, les riverains. L’idée, c’est de produire quelque chose qui s’intègre, sans renier son univers. C’est un bel équilibre à trouver.
Vous êtes aussi actif dans le milieu du Rap français avec votre collectif Wild Sketch. Qu’est-ce que cette scène vous apporte ?
Wild Sketch, c’est un duo fondé il y a plus de quinze ans. À l’époque, on voulait défendre le travail fait main, en réaction à la montée du digital. Là où le hip-hop des débuts s’exprimait par des visuels et des logos réalisés à la main, on a voulu prolonger cette tradition dans l’univers rap, malgré l’arrivée de Photoshop et des tablettes. Aujourd’hui encore, on collabore avec certains artistes proches de cet esprit.
Et pour le Minifest cette année, un projet en particulier ?
Je ne vais pas peindre directement pendant le festival, mais j’y ai déjà été invité et je connais bien les murs de la ville. Je serai présent pour aider, participer, donner un coup de main. J’interviendrai sûrement un peu plus tard, de façon décalée, quand j’aurai le bon support. Ce sera plus spontané.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans le graffiti ou l’illustration aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on dispose d’outils incroyables. Les bombes, les embouts, les logiciels… tout est plus accessible. On peut même projeter des croquis en réalité augmentée. Mais malgré ces “béquilles”, le moteur doit rester la passion. Il faut trouver ce truc qu’on aime au point d’oublier l’heure, de ne plus compter son temps. C’est là qu’on progresse vraiment.
Grégory Rapuc