Stéphane Varupenne – à la recherche du vrai Gainsbourg.

« Les Serges » le mardi 1er Juillet à Châteauvallon à Ollioules

Comment parler de Serge Gainsbourg sans tomber dans la caricature ? À travers un spectacle hybride et émouvant, les comédiens de la Comédie-Française partent en quête d’un Serge plus intime, plus humain. Une plongée sensible dans l’univers du chanteur, loin des clichés.

Comment est née l’idée de créer « Les Serges » ?
C’est parti d’une commande. Éric Ruf, administrateur de la Comédie-Française, nous a proposé à Sébastien Pouderoux et moi de travailler sur Serge Gainsbourg. Après avoir collaboré sur un spectacle au tour de Bob Dylan, l’envie de mêler théâtre et musique nous a donné l’élan. À vrai dire, on ne connaissait pas très bien l’œuvre de Gainsbourg, mais on s’est plongés dans son univers avec l’envie de découvrir une facette plus personnelle, moins médiatisée. On s’est dit aussi : « pourquoi ne pas monter un vrai groupe… avec les acteurs-musiciens de la troupe » ? C’étaitune belle occasion.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous,“chacun cherche son Serge” ?
C’est une phrase qui nous a permis de nous libérer de la pression d’incarner LE Serge Gainsbourg. Chacun de nous va chercher ce qu’il comprend, ce qu’il aime de lui : sa poésie, sa fragilité, son humour, ses
contradictions. C’est une recherche, pas une réponse figée. Et c’est cette pluralité de regards qui fait la richesse du spectacle.

Pourquoi avoir choisi cette forme hybride, entre théâtre, concert et stand-up ?
À la base, le spectacle devait être joué dans le Studio-Théâtre, une petite salle de la Comédie-Française, qui se prête bien aux formes plus libres et expérimentales. On avait envie d’éviter le format “biopic Wikipédia”, qui aligne les faits sans profondeur. L’idée, c’était plutôt de faire un portrait sensible, en mêlant interviews, punchlines, chansons, avec une mise en scène un peu décalée, presque comme un portrait chinois. Cela nous permettait de saisir la dimension plus intime du personnage, de capturer quelque chose de plus vrai, plus fragile.

Quels aspects de la personnalité de Serge Gainsbourg avez-vous mis en lumière ?
Il s’agissait de comprendre ce double qu’il a créé : Gainsbourg et Gainsbarre. Pourquoi cette auto-destruction sur la fin de sa vie ? Pourquoi cette provocation ? Il y a beaucoup de blessures chez lui, et on a essayé de remonter à la source, à travers ses premières interviews, sa solitude. Dans la scénographie, on a d’ailleurs reproduit le sol de sa maison rue de Verneuil pour symboliser ce retour aux origines. On voulait montrer une image plus complexe, plus douce aussi, loin de celle, caricaturale, souvent véhiculée par les médias.

C’est la première fois que vous jouez Les Serges en plein air, notamment à Châteauvallon. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Oui, c’est une grande première pour nous de jouer ce spectacle en extérieur. On l’a conçu dans une petite salle, alors on s’interroge sur ce que cela va donner : comment préserver cette intimité, comment va sonner la musique, est-ce que l’émotion passera de la même façon ? C’est un vrai test, une découverte, et on a hâte de le vivre. J’ai envie de dire au public de venir parce que « Les Serges » est une redécouverte touchante des textes de Gainsbourg, grâce aux arrangements et à notre manière de les faire entendre. Jane Birkin est venue nous voir et nous a dit : “Vous m’avez redonné le manque.” C’était bouleversant. C’est un spectacle intergénérationnel, qui touche profondément, quel que soit l’âge.

Julie Louis Delage

En savoir +