STEPHANIE SLIMANI – Une parenthèse immersive

Motel – 10 juin – Le Telegraphe – Toulon

Après « Circus » et « Museo », Stéphanie revient avec tous ses comédiens pour un spectacle immersif qui occupera tout le Telegraphe sur fond d’une Amérique de cinéma.

Quel bilan dresses-tu des deux premiers spectacles ?

Nous avons été complets sur chaque représentation, alors que nous ne savions pas si le public allait accrocher sur le concept de théâtre immersif. Je suis de Nantes, et là-bas, ce genre est souvent joué, mais ici ce n’est pas le cas. Pour « Motel », nous augmentons la jauge, de cinquante à quatre-vingts personnes. Le public revient. Et Le Telegraphe s’y prête tellement, nous occupons tout le lieu, de la cave aux combles. Dans « Museo », on avait, par exemple, une vente aux enchères secrète, à laquelle on ne pouvait accéder que si on avait bien lu le programme, et nous aurons une autre pièce secrète dans « Motel ». Le public nous a parlé de voyage, de parenthèse… Ce sont des formats autour d’une heure, un divertissement et un spectacle, un peu comme un train fantôme, il y en a partout, et puis ça finit, ça y est, c’est passé… Nous aurons les mêmes comédiens ainsi que deux nouveaux, et même une Drag Queen professionnelle. C’est un univers très burlesque, de cabaret, nous devons être capables d’improviser tout en restant dans une trame très écrite. Le public est un peu perdu, et il faut que les comédiens le mette à l’aise, pour pouvoir le faire entrer dans cet univers. 

 

Tu as placé « Motel » dans une Amérique très lynchienne…

Ce sont les codes du cinéma américain, avec un univers très David Lynch, et ces personnages cultes de l’Amérique fantasmée, qui ont marqué ce cinéma, avec une patine vintage. Un écrivain, alcoolique, un peu raté, s’enferme dans un Motel, pour écrire un scénario, l’œuvre de sa vie. Il sera sur la scène tout le temps, à écrire, et tous les autres personnages sont le fruit de sa création. Un couple qui fait un road trip aux Etats-Unis a disparu. Le spectateur choisit s’il est David ou Linda et revit ce road trip. Le couple a croisé un tueur en série, s’est marié à Vegas, a fait un campement avec des Rednecks en Louisiane, s’est fait arrêter par un flic du FBI. Le public parcourt ces scènes, parfois en interaction, ou en tant que spectateur. On aura un catcheur, un biker, un détective privé, et même Marilyn Monroe, pas vraiment morte, ou Trump, dans les toilettes !

 

Qu’est-ce qui t’intéresse dans le spectacle immersif ?

J’aime le théâtre hors les murs. J’ai programmé un festival de théâtre de rue pendant cinq ans, je fais des spectacles de rue avec ma compagnie, et avec Horlab, on occupe l’espace public. Ces lieux, cirque, motel, musée, sont des lieux classiques de la littérature, dans lesquels l’étrange peut arriver. J’ai également trouvé des compagnons de route. Kylian Chaput fait la mise en scène avec moi, et nous avons un consultant, Guillaume Grisel, qui ne travaille que sur de l’immersif. Et François Veillon, dirigeant du Telegraphe, m’a laissé les clés de son lieu. Le public, post-Covid, a du mal à retourner au théâtre : c’est une autre manière de le faire retourner vers le spectacle vivant, en leur montrant une forme proche et populaire. Nous avons eu des spectateurs de cinq à quatre-vingt ans. Le public doit sentir que nous nous investissons : l’actrice qui jouait l’archéologue dans Museo a bouquiné pendant longtemps sur ce domaine, et là, elle jouera Marylin et est en train de se préparer aussi. Nous aurons même une création musicale originale d’André Rossi ! On souhaite jouer ces concepts ailleurs, Museo dans un musée par exemple, ou pour des entreprises qui nous prêteraient leur immeuble. Et l’année prochaine, nous aurons trois nouveaux volets tout aussi déjantés.