The Supermen Lovers – Underground, groovy et funky.
Villa Pop à Fréjus les 7 et 8 juillet.
Tout le monde connait « Starlight » de The Supermen Lovers, alias Guillaume Atlan, l’un des fondateurs de la French Touch au début des années 2000. Guillaume vient de sortir son quatrième album « Body Double ». On le retrouvera en DJ set sur la scène du festival Villa Pop à Fréjus.
Qu’est-ce qui a suscité ton intérêt au départ pour cette musique, très nouvelle à l’époque ?
A l’époque, il y a eu plusieurs approches. Certains venaient des free parties, avec une culture très festivals, tandis que d’autres, comme moi, venaient plutôt du monde des musiciens. Je jouais du funk et je tournais un peu en rond avec mon groupe composé de treize personnes, c’était difficile à gérer. En 1995, j’ai assisté à un concert des Chemical Brothers et ça a été une révélation : deux gars, derrière des machines, qui faisaient ce que les groupes faisaient. Puis j’ai découvert les Daft Punk et je me suis dit qu’il se passait quelque chose, et j’ai commencé à m’y intéresser.
Tu es mondialement connu pour ton titre « Starlight ». Qu’est-ce que cela a changé pour toi et comment vis-tu ce succès a posteriori ?
ça a changé beaucoup de choses. J’avais vingt-quatre ans, j’étais content, mais j’avais aussi un côté un peu idiot qui refusait la notoriété. Je m’y suis fait, et aujourd’hui j’en suis très fier, même si parfois c’est un peu lourd à porter et ça peut m’empêcher de faire des choses très différentes. En tout cas je préfère avoir cette référence que de ne pas en avoir du tout. Cela m’a aussi permis de rencontrer de nombreux artistes et de faire ce que je voulais musicalement, j’ai les moyens financiers de pouvoir créer sans me soucier de plaire à tout le monde.
Tu viens de sortir un album intitulé « Body Double » sur lequel tu as travaillé assez longtemps. Peux-tu nous en parler et nous dire comment ta musique a évolué ? « Body Double » est mon quatrième album studio. J’ai commencé à y travailler en 2015-2016. La première version ne me satisfaisait pas complètement, je la trouvais trop analogique, surtout à une époque qui était très numérique. J’ai repoussé sa sortie à 2020, puis à cause de la Covid, ça a été reporté de deux ans de plus. J’ai composé une grande partie de l’album en Ukraine, où j’ai vécu de 2018 à 2020. Je constate que l’underground n’existe plus, il n’a plus le temps d’exister. Il n’y a plus ce laps de temps de laboratoire où l’on peut tester. Aujourd’hui tu crées et tu fais un riff de quinze secondes pour TikTok ou Instagram. Nous avons perdu cette étape de recherche et de prise de temps, et l’underground, c’était ça. Il y avait une élégance dans la musique, avec une esthétique audiovisuelle, c’était stylé. Il n’y a plus vraiment de culture club non plus. Là, j’ai racheté des instruments, je repars sur une base de composition, je vais travailler à nouveau avec des musiciens. Je viens du classique, j’ai fait huit ans de conservatoire en piano et solfège, puis d’autres instruments. Je reviens à ce que je connais.
Quelle est l’expérience de The Supermen Lovers sur scène ?
Pendant quinze ans, je ne faisais que des live, je refusais les DJ sets. Puis j’ai commencé à faire des mix et j’ai trouvé ça cool. Aujourd’hui je ne fais plus que du DJ set, même si le live me manque parfois. En tout cas, je peux dire que le morceau le plus commercial que je joue sur scène est « Starlight », sinon ma culture reste assez underground, groovy et, funky. J’aime amener les gens vers des choses auxquelles ils ne s’attendent pas. Je ne prépare pas un DJ set, ça n’a pas vocation à être préparé. Il faut être capable de voir ce qui va fonctionner, d’improviser. Je joue quelques-uns de mes morceaux, puis je m’adapte au public.
Comment composes-tu un morceau ?
Ça peut partir d’une boucle de batterie, d’un riff au clavier, à la guitare, ou à la basse… J’aime aussi quand un ami vient jouer, parfois quelque chose en ressort. J’aime toujours jouer. J’aime avant tout jouer. Je juge un morceau sur sa spontanéité. En réalité le cœur du morceau, la vraie composition, est très courte. Tout le reste relève de la production. Ce sont ces quelques secondes que tu juges, ça donne des frissons ou pas. Il faut écouter son cœur.
Fabrice Lo Piccolo