Sylvain Besse et ses Faveurs de Printemps
Festival Faveurs de Printemps du 12 au 14 avril à Hyères.
Co-directeur de la SMAC locale Tandem (avec Marc Baudino), voilà trente ans que Sylvain oeuvre à la diversité musicale sur notre territoire. En avril, il revient envouter ces lieux magiques hyérois le théâtre Denis et l’Eglise Anglicane, avec son festival Folk.
Quel est le concept de ce festival Faveurs de Printemps ?
C’est un festival de musique Folk et Pop-Folk, musique qui prend ses racines dans les années 60. Pour moi son but est de faire la part belle aux voix et harmonies vocales, et aux arrangements minutieux, à travers une programmation dans ces deux lieux magnifiques pour l’écoute que sont le Théâtre Denis et l’Eglise Anglicane à Hyères. C’est une écoute assise avec un contact particulier entre les artistes et le public puisque nous sommes sur de petites jauges d’environ deux-cent places, et que les artistes sont disponibles à la fin du spectacle. Une écoute confortable est nécessaire pour apprécier ce travail minutieux d’harmonies vocales et d’arrangements musicaux. Le principe est de faire découvrir de nouveaux artistes jeunes qui s’inscrivent dans ces thèmes, mais aussi des anciens méconnus qui parfois exercent depuis plus de vingt ans. Nous avons par exemple proposé The Apartment, John Cunningham ou Vachti Bunyan, une égérie folk des années 60. Ce ne sont pas des artistes en haut des charts, mais nous souhaitons faire découvrir des artistes et des univers auxquels les gens ne sont plus forcément exposés. C’est une belle offre artistique assez pointue, mais si nous ne la proposons pas, personne ne le fera. C’est en accord avec mon métier de directeur artistique de Tandem, SMAC labellisée par le Ministère de la Culture depuis 2001. Nous voulons créer une émotion avec ces harmonies vocales qu’on ne retrouve plus chez tous ces artistes qui chantent avec Auto-Tune (logiciel correcteur de tonalité ndlr). Ces belles voix disparaissent au profit de sociétés qui pour des préoccupations financières produisent des jeunes avec des produits tout-prêts. Là, il faut se poser, apprécier, se plonger dans les univers. C’est un peu comme du bon vin. Toute cette offre-là, fine, pour mélomanes, doit continuer à exister. Les concerts à l’Eglise Anglicane sont gratuits.
Qui nous as-tu programmé cette année ?
Je fais une sélection parmi les artistes qui sont en tournée. Ils sont tous différents et je les aime tous. On a du Folk, de la Pop-Folk, du Folk-Rock, avec des français et des anglo-saxons. Ned Colette est un australien qui a déjà plus de dix ans de scène. C’est son cinquième album, avec une évolution artistique intéressante. Il a un parcours Pop-Folk, et sur ce nouvel album, il fait un travail fin sur du Folk progressif, avec des voix et des arrangements qui se développent tout au long du morceau. On n’est pas sur une vignette couplet-refrain. J’ai hâte de le voir. Dans la même soirée, je suis content de pouvoir reprogrammer Sammy Decoster, avec un Folk-Rock en français. Il sort son deuxième album. Il a une vraie personnalité, une voix très riche. C’est la nouvelle génération, mais il joue du Folk 60s. Nous aurons également Elias Dris, une jeune découverte, qui va passer cette année au Printemps de Bourges : un bel univers, superbe voix, avec du folk guitare-voix, un très bel artiste français.
Le lendemain, nous aurons un artiste étranger à l’Eglise Anglicane : Adrian Crowley, qui sort son huitième album. C’est un artiste trop méconnu, qui n’est jamais venu dans le secteur. Il joue de la folk plus sombre, très belle, avec un guitare-voix très épuré. Au Théâtre Denis, Will Samson, un duo duo Folk-Pop guitare-voix et violon. Ils font l’ouverture de Valparaiso, la plus grande formation du festival, avec sept musiciens et deux chanteurs : Sammy Decoster de nouveau et Phoebe Kildeer. C’est plus rock au niveau de la guitare et dans les arrangements. C’est un projet d’artistes français qui ont déjà participé à d’autres groupes comme Jack The Ripper. Les arrangements subtils entourent le duo de chanteurs.
Le samedi c’est mon coup de cœur : Lenparrot, un jeune français qui sort un premier album. C’est un pas de côté, plus pop, un peu électro, mais singularisé par une voix magnifique. Cet univers sonore s’adaptera très bien à cet espace qu’est l’Eglise Anglicane. Nous clôturons au Théâtre Denis avec deux univers différents. L’américain Micah P. Hinson en solo. C’est un texan qui fait de l’Americana, un Folk-Rock des grandes plaines, avec un côté songwriter, cette façon qu’il a de raconter des histoires. C’est son huitième album et c’est l’artiste le plus connu de la programmation. Et pour finir avec une touche pop et fraiche et une belle dynamique, nous avons Filago. Jim, le chanteur avait déjà clôturé le festival en 2012. Il avait fait un super concert à l’époque, et j’ai souhaité le réinviter avec son nouveau groupe.
Le samedi, nous ferons également des ateliers de découverte de l’univers folk à la médiathèque de Hyères.
Quelles sont les missions de Tandem SMAC ?
La label Scène de Musiques Actuelles a trois piliers. Le premier est la diffusion de concerts, à la fois sur de la pratique amateur et professionnelle. Puis nous avons une action culturelle, avec un programme de concerts pédagogiques, d’ateliers Jeune Public. Nous travaillons surtout avec les scolaires, et avons une programmation de spectacles jeune public au travers du festival Z. Enfin, nous faisons de l’accompagnement artistique. C’est une aide à destination d’artistes émergents ou professionnels, qui peuvent avoir besoin de studios de répétition, d’enregistrement ou de dispositifs d’accompagnements régionaux pour de l’aide à la diffusion. Nous avons un studio, un local de répétition, créons l’événement Local Heroes pour la scène amateur, les Tandem Sessions pour les clips, montons des soirées spéciales pour les sorties d’album, et offrons des résidences aux artistes pour finaliser leurs projets. Notre mission est de faciliter la diversité artistique et culturelle sur notre secteur en garantissant la pluralité des propositions artistiques sur le territoire. C’est une scène de musique départementale, nous sommes donc sur l’agglo mais aussi dans tout le Var. Nous proposons des concerts à l’Oméga Live, à l’Hôtel des Arts, à Hyères, Saint-Maximin, Draguignan, et aussi dans d’autres installations telles le Théâtre du Rocher ou le Liberté Scène Nationale.
Comment se portent les Musiques Actuelles dans le Var ?
Je travaille depuis plus de trente ans sur ce territoire. Il existe une forte créativité et une belle activité des pratiques de groupes. La scène a évolué en fonction des esthétiques. Du Rock on est passés au Reggae, au Rap, puis à une scène plus Pop-Rock indé et Electro depuis le début des années 2000. Nous avons des acteurs qui font un travail important sur le territoire. Je pense notamment à Toolong Records d’Alexandre Telliez-Moreni, qui distribue des artistes très intéressants.