Sylvain Levey – Un panorama des identités françaises.

>> Résidence d’auteur du PÔLE à la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti à La Seyne

Sylvain Levey est auteur et acteur. Depuis 2004, il a écrit une trentaine de textes de théâtre et réalisera, dans le cadre d’une résidence à la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti, lieu dirigé par Cyrille Elslander du PÔLE, Arts en circulation, un roman qui sera une réponse ludique à la tentation de développer l’idée d’une identité nationale. “La France est un petit pays, mais on ne vit pas pareil à Lille qu’à Marseille, à Ernée en Mayenne qu’à Paris.“

Vous êtes auteur et acteur, quel a été votre parcours ?
J’ai un parcours d’autodidacte, et j’ai d’abord été comédien. J’ai découvert le théâtre par hasard, par le biais du théâtre amateur, puis je suis devenu professionnel, et au bout de dix ans – en 2004 donc – j’ai écrit un livre. C’était un texte de théâtre, qui s’appelle “Ouasmok ?“, que j’ai envoyé aux Éditions théâtrales, qui l’ont publié et qui depuis vingt ans maintenant, sont restés mes éditeurs pour le théâtre, ce qui représente une vingtaine de livres. Depuis deux ans, j’ai repris le métier de comédien, et j’ai commencé la mise en scène, mais tout en continuant à écrire, d’où ma venue en résidence à la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti pour mon projet « Albert & Cie ».

Durant votre résidence d’écriture à la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, votre travail portera sur les différentes identités françaises, pouvons-nous en savoir plus ?
Ce projet s’appelle donc « Albert & Cie », et c’est une sorte d’abécédaire de l’enfance de France. Cet écrit sera une sorte de réponse aux hommes politiques, qui veulent nous faire avaler que nous avons une identité nationale. Pourtant, si l’on connait un peu le pays dans lequel on vit – ce qui n’a pas l’air d’être leur cas – on se rend compte que la France est composée de nombreuses cultures différentes. Contrairement à ce que l’on croit, les écrivaines et écrivains ne restent pas solitaires dans une maison abandonnée à travailler, la plupart voyagent beaucoup, sillonnent la France, connaissent bien leur pays et savent qu’il est pétri de cultures très diverses, et que c’est ce qui fait sa beauté. Bien sûr, nous pouvons être Français sur un même territoire, mais un enfant qui habite au pays Basque n’a pas du tout la même vie, ne mange pas la même chose, ne s’occupe pas de la même façon en sortant de l’école, qu’un enfant qui habite à la frontière belge. Rien n’est semblable, ni le climat, ni l’histoire, rien. Il est facile de trouver des exemples, un enfant qui a grandi sur l’île d’Ouessant en Bretagne, bercé par des légendes celtes, et un qui habite Toulon ou Marseille, avec dix degrés de plus toute l’année et une influence maghrebine et méditerranéenne, n’ont pas la même vie du tout. L’idée n’est évidemment pas de dire que telle vie est mieux que telle autre, mais de faire un panorama sous forme d’abécédaire, constitué de vingt-six portraits d’enfants, treize filles et treize garçons.

Ces enfants sont-ils imaginaires ?
Ce ne sont pas des interviews. En général, ce sont des enfants que j’ai croisés lors de mes voyages, qui m’ont marqué, mais que je peux changer de lieu et mélanger avec d’autres. Ça reste de la fiction, mais très inspirée par la réalité. Et surtout, je redis que le propos n’est pas de dire que la vie est mieux ici où là, mais simplement qu’elle est différente.

Transformerez-vous ce roman en pièce de théâtre ?
Ce sont vingt-six portraits qui comprennent chacun vingt-six textes d’une minute, donc si ça devenait un spectacle il durerait plus de onze heures. Donc pour l’instant nous réfléchissons encore à ce que sera sa forme finale… Je souhaiterais ajouter que j’ai une histoire particulière avec ce lieu de résidence, car j’étais très attaché à Georges Perpes, l’ancien directeur de la bibliothèque Armand Gatti décédé il y a quelques mois.

Weena Truscelli

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