Sylvain Prudhomme – La littérature nous aide à mieux vivre.

 Du 15.11 au 17.11 – Fête du Livre du Var – Toulon

Lauréat 2019 du prix Landerneau des lecteurs pour son roman « Par les routes » Sylvain Prud’homme raconte à travers son personnage d’autostoppeur la France d’aujourd’hui, mais celle dont on parle moins que celle des grandes villes. Celle des paysages qui se modifient avec les saisons. Mais aussi et surtout, l’auteur révèle la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles.

 

Comment est né votre amour pour la littérature ?

Je pense que ça a commencé quand j’étais enfant, notamment à travers les livres de Jules Verne. La lecture de « Voyage au bout de la nuit » de Céline m’a également énormément marqué. C’est la que j’ai commencé à écrire, alors que j’étais en terminale.

Vos livres ont reçu de nombreux prix , dont le Prix Landerneau des lecteurs, c’est une reconnaissance ?

Pour ce prix, les libraires choisissent une sélection de quatre livres, envoyés à deux cent vingt lecteurs. Le prix est donc décerné par des personnes qui n’ont pas choisi ce livre, leur regard est absolument vierge, et ils découvrent une oeuvre qu’ils n’auraient peut-être pas rencontrée. J’écris des livres dans lesquels les personnages se posent le mêmes questions que moi. Je partage alors avec le lecteur qui aime mes livres, des affinités dans ce regard que nous portons sur le monde.

Combien de temps faut-il pour écrire un tel roman ?

A peu près deux ans, presque trois. Mais, je l’ai surtout beaucoup laissé reposer après avoir terminé la première version. Avec l’accord de l’éditeur, j’ai pu revenir dessus quelque mois après avec du recul. Je pense que le livre s’est affûté entre sa première version et sa version finale. Je voyais plus clairement ce qui était important. L’ouvrage raconte la force de l’amitié et du désir devant la multitude des existences possible, entre autres thèmes… Je pense que c’est vraiment la question de la liberté qui est posée. Tous les personnages, notamment les trois principaux, Marie, Sacha et l’autostoppeur, sont animés par une question : comment être fidèle à ce que l’on a construit et à ceux qu’on aime, comment continuer de les aimer sans que la vie se fige. Autrement dit, est-ce qu’aimer c’est être moins libre.

Quelles ont été vos inspirations ?

Dans ce livre j’ai pensé pas mal au livre de Duras : « Les petit chevaux de Tarquinia », dans lequel elle décrit le désir. C’est un livre assez lent et calme où l’on voit des personnages côte à côte, qui sont dans une sorte de frôlement et de désœuvrement. La chanson de Léonard Cohen « Famous Blue Raincoat » a été importante pour moi également. Il s’y dédouble, parle à un ancien ami qui a failli partir avec sa compagne. Léonard lui dit qu’il le pardonne et qu’il est heureux de s’être trouvé sur sa route. Peut être qu’il se parle à lui-même, celui qu’il était quand il était jeune, insolent et fougueux, alors qu’aujourd’hui il a vieilli et est moins vivant. C’est un peu pareil entre Sacha, celui qui écrit, et l’auto stoppeur, celui qui vit. C’était important pour moi que dans le livre, on se demande si ce ne sont pas les deux visages d’un même homme.

À travers les personnages peut-on parler d’éléments autobiographiques ?

Ce n’est pas un livre particulièrement autobiographique. Bien sur il y a de moi dans chacun des personnages, mais aucun n’est vraiment moi. En revanche les situations dans lesquelles ils se trouvent, leurs hésitations et dilemmes, je les ai traversés aussi. Je pense que c’est ce que l’on cherche dans la lecture : comment d’autres se sortent d’une situation que l’on a vécue. Dans la vie, on est immergé dans notre quotidien, on manque parfois de discernement. La littérature permet de prendre le temps, de revenir sur des situations et nous aide à mieux les comprendre et à mieux les vivre.