Sylvain Descloux – Un pouvoir pour changer le monde ?

De Grandes Espérances, déjà en salles.

Deux jeunes amoureux issus de milieux très différents préparent l’oral de L’ENA , quand un accident imprévisible vient bouleverser leurs espérances. Amour, politique, pouvoir et trahison, le film réunit tous les ingrédients nécessaires pour un suspens haletant… Rencontre avec le réalisateur au Pathé La Valette.

Souhaitiez-vous montrer dans ce film que l’on peut encore croire en la politique ?
Ce qu’il se passe depuis quelque temps dans notre pays montre qu’il faut, plus que jamais, y croire. Mais la politique ne passe pas nécessairement par la parole gouvernementale, ni par les élus. Aller au cinéma, lire un livre, manifester, tout ces actes sont politiques. Il est vrai qu’avec le gouvernement actuel, l’idée de confiance n’apparait pas toujours évidente. Mais il y a encore des gens engagés en politique en qui j’ai confiance. Je ne crois pas au « tous pourri et trop ambitieux ». Et puis, j’ai fait des études de sciences politiques, donc ce monde m’intéresse forcément, je ne débarquais pas dans un univers inconnu ou fantasmé.

Croyez-vous que les femmes soient différentes des hommes en politique ?
Beaucoup ne sont pas d’accord, mais je pense qu’il y a une manière un peu différente de faire de la politique quand on est une femme. Bien sur, il y a des femmes politiques aussi « pourries » que certains hommes, il ne faut jamais généraliser mais, il me semble, qu’à la base de la pratique politique féminine, il y a une plus grande recherche du consensus et du compromis, un besoin moindre de verticalité, d’autorité ou de passage en force. Je trouve intéressante cette citation de Margaret Thatcher : « En politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme. »

Comment s’est fait le choix de Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe, tous deux de la Comédie Française, comme acteurs principaux ?
C’est ma directrice de casting qui m’a suggéré de rencontrer Rebecca, elle savait que sa carrière était en train d’exploser et que je serais heureux de l’avoir dans mon film quand il sortirait ! J’ai rapidement senti qu’elle incarnerait parfaitement Madeleine et saurait se fondre dans ce personnage qui doit être surprenant, attachant, tout en restant crédible dans ses prises de parole publiques et politiques. Quant à Benjamin, il me semblait que son côté sympathique créerait un décalage détonant avec le personnage d’Antoine !

Le film aborde aussi le thème de la culpabilité , croyez-vous que ce sentiment n’encombre pas assez les coulisses du pouvoir ?
Madeleine, le personnage principal est complexe. Elle culpabilise, d’abord vis à vis de son père puisque, dans sa trajectoire d’ascension, à un moment donné, elle a eu cette volonté de le cacher, comme s’il était un boulet. Après, ce qu’elle traverse dans le film ne peut pas échapper au fait de se sentir coupable ! Quand à la culpabilité dans les coulisses du pouvoir, je pense qu’il n’y en a aucune et que l’homme ou la femme politique, dans le combat politique, avancent comme un train dans la nuit. Ils ne se posent aucune question, ceux qui se posent des questions n’y arriveront pas.

L’héroïne du film sort de son milieu social grâce à son intelligence, à l’ambition et au travail, est-ce plus facile aujourd’hui, à votre avis, de changer de milieu ?
Je ne suis ni sociologue, ni historien, ni spécialiste des transfuges de classe, mais il me semble qu’aujourd’hui – je ne dis pas que l’ascenseur social fonctionne bien – mais il est peut être un peu plus aisé qu’au siècle dernier, par exemple, d’accéder à des études.

Weena Truscelli

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