Thierry Thieû Niang: « voici mon cœur, c’est un bon cœur. »

Thierry Thieû Niang est danseur, chorégraphe et tient des ateliers transversaux s’adressant aux artistes comme aux amateurs. Il présente le 14 septembre au Télégraphe, à Toulon, le spectacle « Voici mon cœur, c’est un bon coeur », mettant en scène des poèmes de femmes amérindiennes. Nous le retrouvons pour parler de ce projet écrit avec Anne Alvaro et Nicolas Daussy.

 

Dans vos projets, vous mêlez souvent danse, musique, théâtre et littérature. Pourquoi favoriser ce parti-pris ?
J’ai toujours cherché à ne pas m’enfermer dans un cadre. Je mêle mon histoire à d’autres cultures, à d’autres arts. Lorsque j’étais enseignant, je voyais des enfants issus de cultures différentes de la mienne et je me suis interrogé sur l’altérité. J’ai eu envie de réinterroger mon propre art avec des personnes venant d’autres disciplines, comme le théâtre. J’ai travaillé avec de grands metteurs en scène et comédiens mais j’ai aussi eu la chance de travailler avec des enfants d’ici et d’ailleurs, notamment analphabètes. Je souhaite que mes projets s’ouvrent tous à la pluridisciplinarité, en travaillant avec des personnes ayant un parcours différent. Je ne veux ni me sentir enfermé dans une esthétique, ni me répéter. Mêler les disciplines me permet d’en sortir.

Votre projet « Voici mon cœur, c’est un bon cœur » est le fruit d’une collaboration avec l’actrice Anne Alvaro et le musicien Nicolas Daussy. Comment vous est venue l’envie de travailler ensemble ?
C’est venu d’un désir très fort de travailler tous les trois et d’écrire de façon collective à partir d’expériences qu’on avait au sujet de la culture amérindienne. Anne Alvaro a eu la possibilité, à travers des récitals de lecture, de lire des auteurs étrangers et elle a découvert une anthologie de poésie amérindienne. Elle s’est rendue compte qu’il y avait 80% de femmes poètes. En s’y plongeant, elle a voulu comprendre leur parole poétique et politique en tant que femme et amérindienne. Parallèlement, j’ai eu une bourse l’été dernier pour travailler avec des vieux indiens, dans quatre tribus au Québec. A mon retour, on a eu envie d’inventer un geste poétique autour de ce qu’on avait appris. Nicolas Daussy, violoniste classique au départ, nous a suivis et nous accompagne aux tambours notamment. On a présenté le projet au festival d’Avignon cet été et Frank Micheletti nous a proposé de jouer pour le Festival Constellations. On a tout de suite accepté car le Festival permet de porter un regard différent sur le monde en étant à la croisée des cultures, des paroles poétiques et politiques.

Votre projet s’inscrit donc clairement dans la démarche du festival puisque, par la parole des femmes, vous posez un regard différent sur la culture amérindienne.
Aujourd’hui, les gens sont un peu saturés par les discours sur l’étranger, le migrant. On a voulu aborder ces questions à travers une culture très éloignée et par le biais des femmes. On a présenté ce spectacle à des femmes étrangères (turques ou bien maghrébines) en cours d’alphabétisation. Le fait de parler de femmes d’autres cultures leur a permis de s’ouvrir au monde mais aussi de s’identifier, à travers la question de l’exil, de l’enfance, de la place des femmes. Elle se sont tout de suite senties concernées malgré la différence, sans être stigmatisées ou jugées. Le fait d’entendre une parole inconnue, mais qui nous est proche, permet d’être dans le partage.

C’est ce que vous cherchez à transmettre ?
Je ne dirais pas que je cherche à transmettre, je propose. J’essaie de rester curieux, de ne pas me répéter. Je ne connaissais pas la culture des femmes amérindiennes : j’y ai découvert une réalité contemporaine, proche de celle qu’on traverse tous. J’ai voulu la mettre en scène. Mais je vis au présent et je vois ce qu’il se passe selon les personnes avec qui je travaille. Je crée et partage un moment, un sujet, avec mes partenaires sur le plateau et avec le public.

 

Thierry Thieû Niang sera présent le 14 septembre à 19:00 au Télégraphe pour vous jouer « Voici mon cœur, c’est un bon cœur ».

 

Retrouvez ici le site web de Thierry Thieû Niang 

 

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