Thomas Lavoine – La liberté dans le ciné-concert.

HORS-SÉRIE FiMé 2025

Ciné-concert « Les Deux Timides », accompagné par Thomas Lavoine au piano et Thomas Lefort au violon, jeudi 6 novembre à 20h30 au cinéma le Royal à Toulon.

 

Thomas Lavoine, jeune pianiste français oscillant entre Paris et Berlin, interprète, compose, improvise, guidé par une envie de partage de la musique et une ambition d’excellence. Formé au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris auprès de maîtres musiciens tels que Jean-François Zygel et Thierry Escaich, il est l’un des rares pianistes classiques sachant accompagner les films muets en ciné-concert. Cette fois-ci, il accompagnera la comédie de René Clair « Les Deux Timides » adaptée de Labiche, avec son complice Thomas Lefort au violon.

 

Vous êtes un habitué des ciné-concerts, qu’est-ce qui vous attire dans cet exercice ?
J’interviens régulièrement auprès de la Cinémathèque Française qui me renouvelle sa confiance année après année, lors de rétrospectives consacrées à un réalisateur phare de l’époque du muet. Je coordonne également une équipe d’une quinzaine de pianistes auprès de la Fondation Seydoux-Pathé, véritable temple international du film muet, ou l’on programme deux à trois séances par jour sur environ deux cents jours par an. J’ai donc l’opportunité de réaliser cinquante, soixante ciné-concerts par an. J’aime avoir l’occasion de marier ces deux arts que sont la musique et le cinéma ! D’un côté, nous avons l’image, avec le point de vue du réalisateur. De l’autre, on découvre le commentaire du musicien qui va proposer sa propre interprétation du film. Et c’est d’autant plus amusant que ces commentaires vont varier d’un musicien à l’autre. Là, nous allons donner notre interprétation, en duo piano/violon, mais peut-être que dans deux ou trois ans, sur le même film, un trio de guitares va donner une interprétation complètement différente. Je trouve cela très riche en possibilités : c’est comme si nous pouvions voir un film avec une nouvelle perspective. Autre point très intéressant dans le ciné-concert : venant du milieu de la musique classique, cet exercice me donne la possibilité de toucher un public différent, qui n’aurait pas le réflexe d’aller au concert écouter cette musique, ces sonorités. Dernier point, la beauté. Lorsque l’image et la musique marchent ensemble, il en résulte une émotion particulière que l’on ne retrouve nulle part ailleurs et dont il est difficile de se passer une fois goûtée !

Que pensez-vous du film choisi pour vous par l’équipe du FiMé ?
René Clair est un de nos plus grands réalisateurs, et qui a un rapport privilégié avec la musique. On voit de manière récurrente dans ses films (muets ou non) des partitions, une évocation du fait musical, et l’on peut particulièrement sentir son sens inné du rythme de l’image dans sa manière de réaliser. N’oublions pas qu’il ira même mettre en scène de l’opéra à la fin de sa vie ! Il y a donc la responsabilité de coller à ce sens du rythme, sa vision musicale, ce qui en fait un défi alléchant pour tout musicien ! Puis, à titre personnel, cela me touche : l’un de mes professeurs de piano au Conservatoire, Raymond Alessandrini avait été chargé par la femme de René Clair elle-même de composer une partition originale pour le film « Un chapeau de paille d’Italie », autre pièce de Labiche adaptée l’année précédente par René Clair.

Pourquoi ce duo avec Thomas Lefort ?
J’ai rencontré Thomas au Conservatoire de Paris, et nous avons rapidement joué ensemble. Dans le domaine de la musique classique, le piano et le violon sont les meilleurs amis, nous avons la chance d’avoir un énorme patrimoine qui couvre quatre siècles de musique ! C’est également un des rares violonistes français de musique classique qui est capable d’improviser. Et comme pour ce concert, nous avons fait le pari de l’improvisation, c’était vraiment le partenaire de choix. Thomas arrive à jouer aussi bien de grands concertos que des concerts improvisés, alors que l’exercice est très différent : il a plusieurs cordes à son archet !

Comment imaginez-vous le concert que vous allez donner pour le FiMé ?
Nous allons donc improviser, mais ce sera une improvisation cadrée. Nous avons déjà commencé à travailler sur le film, en découpage, chacun de notre côté, en le découpant en petites scènes. Puis nous allons mettre notre travail de planification en commun. Il se peut même qu’au fur et à mesure de l’élaboration de nos parties, nous décidions finalement de jouer une partition déjà écrite, ou d’en écrire une nous-mêmes. C’est aussi un des grands plaisirs de l’accompagnement de films, cette liberté de choix. À force de confronter nos choix, nous obtiendrons une trame globale définitive, et enfin, sur scène, sachant tous deux en avance ce que le film va offrir à la séquence d’après, il ne nous restera plus qu’à improviser… en toute liberté !

 

Fabrice Lo Piccolo

 

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