Tiken Jah Fakoly, Aux sources du Reggae africain.
19.07 – Festival de Néoules
Tiken Jah est l’un des plus grands représentants du reggae francophone. Il revient avec un onzième album, plus engagé que jamais, où il collabore avec des pointures françaises, notamment Soprano. Il continue le combat, construit écoles, radios, bibliothèques, et revient aux sources du Reggae africain.
Votre onzième album s’appelle « Le monde est chaud », vous vous engagez pour la planète ?
Il faut sensibiliser les populations au réchauffement climatique, et interpeller les dirigeants. En ce moment-même, nous sommes en train de faire l’interview, et il fait froid. Nous voyons bien que le climat est déréglé. Dans cet album il y a deux titres « Le monde est chaud » et « Ecologie », sur cette thématique. Si l’on aime nos enfants, nous devons leur léguer une planète propre. Notre génération a fait beaucoup de dégâts.
Vous avez fait un casting pour faire participer deux groupes locaux d’Abidjan à l’album…
Nous avons présélectionné cinq groupes auxquels nous avons donné deux titres à jouer, « Le monde est chaud » et « Ça vole ». Nous avons gardé un groupe qui a joué sur onze titres, et donné quatre titres au groupe arrivé en deuxième position, car ils ont une vibe spéciale. Avec cet album-là je voulais faire un retour aux sources, depuis 2007 j’ai travaillé avec des anglais car je voulais ouvrir ma musique, faire que les gens qui n’écoutent pas de reggae puissent avoir accès aux messages très importants que je souhaite faire passer. Mais mes fans africains disaient que je faisais du reggae pour les blancs. Je voulais retrouver le son du reggae africain, faire un retour aux sources.
C’est un reggae plus roots…
Oui, mais il est surtout spécial. Il y a des instruments traditionnels africains, c’est du reggae africain, avec sa propre touche. On ne peut pas faire pas mieux que les Jamaïcains, mais on peut revendiquer être l’origine des Jamaïcains. Bob se réclamait de l’Afrique. Nous, on peut faire un reggae authentique, ancré dans l’Afrique.
Vous collaborez avec de nombreux artistes pour les textes : Mike de Sinsemilla, Gael Faye. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
J’utilisais des thèmes pas forcement compris par public français et occidental. Pour qu’ils aient accès à mon message, j’avais besoin d’avoir des personnes qui le fassent comprendre à ce public, comme Soprano ou Gaël. Je commence l’écriture du texte, leur envoie, et ils rajoutent leur touche. C’est co-écrit.
Vous êtes proche de Soprano…
Il est aussi engagé que moi sur la question de l’Afrique. En 2007, on avait fait “Ouvrez les frontières” et il m’a invité sur son dernier album. On s’apprécie mutuellement. Certains artistes, américains notamment, demandent de l’argent pour un featuring aujourd’hui. Soprano non. J’estime que c’est un échange, j’ai accès à son public et lui au mien. C’est une collaboration dans une vibe positive.
Vous avez également une radio libre à Abidjan… Je veux faire la promotion de la musique africaine, surtout du reggae. Nous avons tout un bâtiment : la première bibliothèque reggae d’Afrique, deux salles de répétition pour encourager les jeunes à se perfectionner. J’y consacre une partie de l’argent que je gagne.
Vous continuez l’opération un concert, une école ?
Nous reversons les recettes du dernier concert de chaque tournée. Les africains sont manipulés par leurs dirigeants et par les occidentaux, car ils ne savent ni lire ni écrire. Nous voulons changer cela par l’éducation : nous avons déjà construit cinquante-quatre écoles.
Comment va se passer le concert du Festival ?
Nous aurons des anciens titres et beaucoup du nouvel album. Nous voulons faire un grand concert. Le groupe est au complet. On donnera le maximum de force pour que notre passage soit marquant.
2puikan ? 1987
Yssondou ?? Côte d’Ivoire
SAJOUKOI ?! Reggae
Mékicé ? Tiken Jah Fakoly au chant; et son groupe basé à Paris pour la tournée européenne.
Tithistoir’… Dans les années 90, j’étais un artiste en herbe à la recherche d’un producteur. J’avais entendu parler d’un
marathon organisé par la radiotélévision de Côte d’Ivoire. Comme je faisais beaucoup de jogging dans le stade de ma ville
natale, j’ai voulu participer pour gagner et pouvoir dire à la télé que je recherchais un producteur. J’ai fini avant dernier !
Site Officiel de Tiken Jah Fakoly