Valentin Tournet – La viole de gambe au goût du jour.
20.01 – « Tous les matins du monde » – Festival de Musique de Toulon – Palais Neptune – Toulon
Le film « Tous les matins du monde » a été le choc fondateur de la vie de musicien de Valentin Tournet. Gambiste et chef d’orchestre il fonde la Chapelle Harmonique en 2017, au Château de Versailles. Pour le Festival de Musique de Toulon, il sera présent au Palais Neptune avec son ensemble pour un concert-lecture basé sur ce roman et le film.
Vous êtes gambiste et chef d’orchestre, d’où vous vient cette vocation pour la musique ?
Elle me vient de l’enfance. J’ai commencé la viole de gambe à l’âge de cinq ans. C’est un instrument que j’ai découvert et qui a été popularisé par le film « Tous les matins du monde ». Pour le côté direction, c’est venu plus tard par la fréquentation de l’Opéra de Paris. Partager la scène avec l’orchestre de l’opéra m’a donné envie de diriger et d’apprendre la direction d’orchestre afin de pouvoir l’appliquer à mon répertoire de musique baroque, qui correspond à la viole de gambe. Mon père est musicien guitariste et ma mère est très mélomane, donc forcément j’avais un cadre familial assez cohérent pour cette vocation.
Comment avez-vous formé la Chapelle Harmonique ?
J’ai fondé la Chapelle Harmonique en 2017 à l’occasion d’un concert « Passion selon Saint-Jean » de Bach, à la Chapelle Royale du château de Versailles. Le programmateur du château m’a fait confiance. A partir de là, j’ai réuni des amis musiciens et j’ai auditionné des chanteurs pour monter l’ensemble. La formation varie selon les projets. C’est un ensemble d’intermittents. On se réunit pour des oratorios de Bach. On a choisi un répertoire lyrique cette année pour le festival de Beaune, où nous y avons entamé un cycle autour de Jean-Philippe Rameau avec « Les Indes Galantes ». On a aussi fait paraître notre premier disque, il y a quelques mois, pour le label « Château de Versailles spectacle », qui est consacré au Magnificat de Bach.
Votre concert-lecture est une subtile synthèse artistique du roman « Tous les matins du monde » et de ses adaptations musicale et cinématographique. Comment s’opère cette fusion ?
J’ai sélectionné des extraits du texte de Pascal Quignard, lus par le récitant Jean-Damien Barbin, qui est un merveilleux comédien et un ancien professeur du Conservatoire d’Art Dramatique de Paris. Il lira des extraits entremêlés à des musiques du film. Le choix des musiques est assez exhaustif. Le but est de partir uniquement des musiques du film, en y faisant quelques ajouts, ce qui nécessite un effectif très particulier. La fusion est cohérente dès qu’on a vu le film. Dans celui-ci la voix off de Gérard Depardieu se mêle naturellement aux musiques jouées par Jordi Savall, Marain Marais et M. de Sainte Colombe. On a sélectionné des extraits de texte pour la voix off, tirés du synopsis du film ou du roman de Pascal Quignard. On a choisi les extraits afin de suivre le déroulement dramatique et créer une sorte de concert spectacle. Le spectacle a été créé à Paris, avec la scénographie imaginée par un étudiant des Beaux-Arts, qui a créé de petits décors qui recrée la cabane de Sainte-Colombe grâce à des tableaux. C’est très bien fait, cela crée une mise en abîme entre l’univers du film et celui de notre spectacle.