Valérie Feasson, L’interprétation du théâtre est propre à chacun.

15.03 – “La passion selon Madame De Clèves”
26.04 – “On va faire la cocotte” – Collège Mistral – Bormes Les Mimosas

 

La compagnie de théâtre professionnelle A Contretemps, créée par Valérie Feasson, metteur en scène et comédienne, et soutenue par la Mairie de La Valette, intervient auprès des jeunes dans les collèges afin de les aider à accéder au théâtre plus facilement. En avril, elle interprètera sa nouvelle création « On va faire la cocotte » de Georges Feydeau.

 

C’est une pièce comique qui instaure les prémices de la libération féminine, qu’est-ce qui vous a poussée à la mettre en scène ?

Dans un premier temps, j’ai réalisé un travail de cours sur cette pièce et sur “Feu la mère de Madame”. Je m’étais décidée à travailler sur Feydeau qui est souvent considéré comme un artiste mineur et qui a mal vieilli. Pour moi, ce n’est pas le cas. J’avais surtout envie de monter une comédie peu jouée. C’est un texte très actuel, avec une histoire d’adultère, qui met en avant la libération féminine. La particularité de cette pièce est qu’elle est inachevée. Le fait d’avoir une liberté sur la conclusion est pour moi très intéressant. En effet, à la fin, nous avons fait un résumé des nombreuses danses de l’histoire, dans une boite de nuit, avec les deux copines trompées. Le but est de mettre en scène l’environnement des jeunes d’aujourd’hui. Puis la pièce se finit sur un passage du premier acte que l’on détourne.

Vous défendez le théâtre du corps, qu’est ce que ça apporte selon vous à la représentation théâtrale ?

Notre instrument de travail, c’est nous. Notre corps, notre cœur, notre voix, le regard, tout est utilisé. C’est ce qui rend cet art difficile. Les émotions passent par le corps, elles s’expriment par une manifestation physique puis par la parole. Je pense que le texte ne peut être joué sans le corps mais cela ne veut pas dire que je ne passe que par celui-ci. Quand j’enseigne, je parle souvent de « profondeur de champs » : il y a ce que l’on voit et tout ce qui est derrière, que l’on ne voit pas. Cela se traduit par des tas d’expériences avec le corps, la voix, le texte, l’improvisation. Cela donne cette profondeur de champs et permet au jeu d’acteur d’exister sur le plateau.

Vous restez convaincue que l’on peut parler de tout au théâtre ?

Oui, le théâtre permet de parler de tout. L’important est la façon dont on en parle. Je ne souhaite pas faire la leçon aux gens. Mon but est qu’en sortant du théâtre, le public se pose des questions. Peut être pas tout de suite mais à un moment ou à un autre. Je ne me considère pas comme détentrice de la vérité absolue et ne souhaite pas imposer ma vision des choses. J’ai des choses à dire et à démontrer, mais la transmission par le spectacle laisse la liberté de s’interroger et d’interpréter comme on le souhaite.

Pendant ce mois de mars, votre compagnie interviendra dans des collèges, est-il important de favoriser la création théâtrale en sensibilisant les élèves par des rencontres ?

Je pense, oui. Avec “La Princesse de Clèves” de Madame de La Fayette, qui est un texte difficile, mon point de départ, c’est l’éducation. Elle va permettre à des jeunes, ou à des adultes d’ailleurs, de déclencher certaines choses. Votre éducation vous marque. Il est important de tirer les jeunes vers le haut, et de les sensibiliser, à travers des textes sur l’amour par exemple. On leur permet de s’intéresser à des oeuvres qui au premier abord sont difficiles d’accès. C’est notre rôle en tant que comédiens. Notre intervention est là pour donner envie de discuter de théâtre et d’aller voir des représentations. Le théâtre ne doit pas être considéré comme un art où l’on doit tout comprendre. Ne pas tout comprendre permet d’avoir notre propre interprétation, de se questionner.

Stellie Poirrier

 

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