Vincent Ségal – Les couleurs du monde.

Le 27 mai – Les Printemps du Monde à Correns

Improvisateur connu pour ses collaborations avec Marianne Faithfull, Sting, ou M, Vincent Ségal a rassemblé autour de lui le joueur de kora malien, Ballaké Sissoko, le saxophoniste Émile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani. Il nous présente leur nouvel album, « Les Egarés ».

L’illustration de votre nouvel album vous montre tous les quatre en train de jouer au cœur de la forêt, c’est représentatif de cette musique que vous jouez, assez onirique, oscillant entre jazz et musiques du monde ?
C’est ce que notre musique a inspiré à l’illustrateur Benjamin Flao et je trouve l’atmosphère proche de ce que l’on a enregistré. Quand on crée de la musique, on ne se dit pas « je vais faire plutôt ça », on se fait juste plaisir. Mais quand j’écoute l’album je le trouve plutôt tranquille et souple, même s’il y a des morceaux très rythmiques. Nous avons enregistré des morceaux composés par chacun et quelques reprises. Il fallait des titres qui permettent à Ballaké de jouer car la kora est un instrument diatonique qui ne peut pas jouer toutes les gammes en temps réel. On retrouve une certaine unité dans cet album, un son commun. Les compositions de Ballaké sont de tradition mandingue, la Mandé étant un territoire très vaste partagé par la Guinée, le Mali, le Burkina, la Gambie et le Sénégal, où la kora a beaucoup d’influence. D’autres montrent notre amour de l’histoire du jazz, certains sont plus européens, avec des accents balkaniques ou latins, comme « Izao », ou de couleur sud-américaine ou encore orientale comme dans « Orient Express », une reprise de Joe Zawinul. D’ailleurs, il n’y a pas de percussions dans ce disque mais il est quand même très dansant parfois.

Vous jouez depuis plusieurs années avec Ballaké, comment s’est fait le choix d’inviter cette fois-ci émile et Vincent ?
C’était aux Nuits de Fourvière à Lyon, où j’ai organisé un salon de musique pour l’anniversaire de notre label, No Format. J’y ai invité Vincent et émile car j’aimais beaucoup leur duo et je trouvais qu’il entrait en résonnance avec le nôtre. Nous avons joué ensemble et ça a plu à Laurent Biseau, le fondateur du label, qui nous a proposé d’enregistrer. Ce sont de merveilleux musiciens, ils ont amené des couleurs différentes des nôtres. Vincent Peirani est très explosif, émile est comme un oiseau, il plane au-dessus de nous avec son sax soprano, alors que ce que l’on joue avec Ballaké est plus calme. Tout est acoustique, c’est très agréable. J’ai joué dans énormément de festivals et je trouve qu’il y a souvent une incohérence entre un public qui est pour une planète apaisée et la quantité de détritus créés ou les effets spéciaux utilisés. Nous on peut vraiment jouer dans la forêt (rires). J’aime aussi l’idée que l’on peut créer autant de couleurs avec des choses très simples : un violoncelle, un accordéon, un saxophone et une kora.

Comment va se passer le spectacle sur la scène du festival ?
On va retrouver l’esprit que l’on avait quand on a enregistré ce répertoire mais en le jouant de façon très ouverte, sans partition, en improvisant plus ou moins longtemps ou en créant des choses nouvelles sur place. Nous aimons improviser. Nous serons regroupés sur la scène, un peu comme sur la pochette.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans le violoncelle au départ ?
Mon professeur, M. Penassou. C’était quelqu’un de merveilleux. C’est très important d’avoir un professeur qui vous donne une bonne énergie quand on est enfant. Je suis très attaché à mon violoncelle, comme un artisan a une affection pour ses outils, mais j’adore autant les instruments de mes trois amis.

Fabrice Lo Piccolo

Le Chantier – LES PRINTEMPS DU MONDE