Wanted Posse – L’énergie du collectif.

« Warriors » le 26 septembre au Théâtre de L’Esplanade à Draguignan

Aux Théâtres en Dracénie, la compagnie Wanted Posse – championne du monde de hip hop en 2001 – réalisera la première présentation publique de « Warriors », une création explosive signée Njagui Hagbe. Entre esthétique années 80, rivalités contemporaines et questionnements sur l’hyperconnexion, le chorégraphe revient à l’énergie du collectif, mêlant virtuosité et engagement.

Pouvez-vous nous présenter la compagnie Wanted Posse et votre « patte » chorégraphique ?
Je suis un des membres fondateurs de la compagnie, née en 1993. Je suis chorégraphe et danseur. Nous sommes pionniers dans le hip hop français, les premiers à avoir remporté les championnats du monde en 2001. Depuis, nous avons multiplié les créations. Notre style est plutôt new school, même si l’on incorpore quelques éléments old school comme le break pour la dimension spectaculaire, avec de la house dance et du new style, qui permettent d’évoluer et de créer des passerelles. J’aime mélanger les disciplines, sortir des codes, m’inspirer de la musique selon ce qu’elle raconte. Moi-même, j’ai débuté par la hype dans les années 90, puis j’ai eu un vrai coup de cœur pour le break avant de me perfectionner en house. Tout cela nourrit mon écriture chorégraphique.

Quels sont les thèmes abordés dans Warriors ?
C’est un voyage entre les années 80 et un futur imaginé. J’y aborde les rivalités, la sur-exposition, l’isolement, le culte de la performance, mais aussi l’identité. Dans les années 80, il y avait une vraie culture du collectif, qu’on oppose aujourd’hui à un monde hyperconnecté mais paradoxalement solitaire, où chacun reste rivé à son téléphone. « Warriors » met en contraste ces deux univers et questionne notre rapport au groupe et à la performance.

Comment avez-vous construit la chorégraphie et travaillé avec les danseurs, nombreux sur scène ?
Nous sommes huit danseurs – trois femmes et cinq hommes. Contrairement à ma précédente création, plus axée danse-théâtre, j’avais envie ici de retrouver l’énergie du collectif. Sur scène, chaque interprète amène sa spécialité : break, house et même locking, avec une lockeuse qui incarne l’esprit funky des années 80. En réunissant ces styles, on obtient un cocktail explosif.

Vous revendiquez une esthétique très cinématographique, inspirée notamment du film « Les Guerriers de la nuit ». Comment cela se traduit-il ?
Le film illustre l’esprit de clan, de bandes rivales. J’ai remplacé la rivalité par la performance. Chaque groupe dans « Warriors » a sa propre identité vestimentaire, sa couleur. Cela renforce le côté visuel et narratif. Pour approfondir ce travail, j’ai fait appel à Nicolas Le Bricquir, metteur en scène de théâtre. Il apporte une dimension cinématographique et scénographique, avec un décor futuriste et des transitions fluides entre tableaux.

La musique est jouée en live, avec un batteur. Pourquoi ce choix ?
Le live donne une autre dimension. Le corps réagit différemment à l’énergie directe d’un musicien. Ici, le batteur peut déconstruire un rythme, créer des nappes atmosphériques, puis revenir à des parties explosives. C’est un véritable voyage musical, entre hip hop, house et musiques de films. J’aime cette fusion : elle amplifie les émotions.

Votre travail a aussi une portée revendicative. Quelle place occupe cet engagement dans « Warriors » ?
Oui, pour moi la danse doit parler du monde. Nous vivons dans une société ultra-connectée qui tend à effacer les couleurs au profit du noir et blanc. Dans « Warriors », un danseur part à la recherche de son groupe, qu’il sauve membre après membre en ramenant de la couleur. D’ailleurs, nous travaillons sur un jeu de lumière important pour traduire ces couleurs. C’est une métaphore : un appel à retrouver le collectif, à redonner de la vie et de la chaleur. Le spectacle est technique, explosif, mais il porte aussi un message universel. C’est un retour aux sources, à la force du groupe : dans notre premier spectacle, nous étions dix danseurs.
Fabrice Lo Piccolo