Wayne Fischer, Sculpteur du vivant
Du 20.04 au 12.05 durant le Printemps des Potiers à la Galerie Ravaisou de Bandol.
Wayne Fischer, originaire du Wisconsin, a choisi de poser ses valises au Revest-les Eaux en 1991, après avoir été invité au Printemps des Potiers. Chaque création est une naissance. L’artiste insuffle la vie dans ses œuvres en leur procurant un mouvement, une forme, une structure. Aussi abstraites soient-elles, elles font écho au corps humain jusqu’à oublier que ces œuvres sont figées dans la porcelaine.
Quel est votre parcours artistique et quelles sont les raisons qui vous ont conduit à choisir la porcelaine comme matière de prédilection ?
J’ai commencé à travailler la terre au lycée puis à l’Université du Wisconsin où J’ai obtenu mon diplôme des Beaux-Arts. En parallèle, j’ai étudié la science parce que je suis fasciné par les formes organiques, tout ce qui naît et vit dans notre univers. J’ai donc associé ces deux matières et j’ai commencé à développer mes sculptures dans les années 80. Je cherche toujours à les rendre les plus organiques possible et la porcelaine m’apporte cette plasticité. Je tends à créer des œuvres à échelle humaine, à la fois puissantes et fragiles.
Quel est le secret de la conception de vos œuvres ?
(Rires) Comme un boulanger, j’étale ma pâte pour obtenir de fines plaques d’argile, le kaolin, que je dépose sur des objets pour faire apparaître leur forme. Ces objets constituent la structure. Après la cuisson, je sable pour rendre l’émail plus mat et transparent. Puis, j’utilise un aérographe, avec sept couleurs différentes, pour accentuer la forme et laisse des parties blanches pour jouer avec la réflexion de la lumière. Mes anciennes pièces étaient plus rondes parce que j’utilisais des sacs mais depuis quelques temps, je veux souligner davantage mes sculptures avec des détails qui les rendent plus vivantes. Mes pièces actuelles sont à double parois. Je me sers des racines, des os pour intensifier et révéler la structure externe et interne.
Quelle est l’importance de cet événement pour vous ?
Depuis 1991, la première année où j’ai été invité, je participe au Printemps des Potiers dont je suis aujourd’hui membre. Ma Femme, Anne Krog Ovrebo, fait partie des organisateurs avec Pierre Dutertre depuis sa création en 1984. C’est une exposition devenue internationale, où se déroulent des démonstrations, des rencontres et un marché de céramistes. C’est un endroit très rare où les artistes, français et étrangers, se réunissent pour partager un moment sensible et chaleureux avec le public, grâce aux organisateurs qui mettent tout leur cœur et leur passion.
Quelles œuvres allez-vous présenter à Bandol?
J’exposerai à la Galerie Ravaisou. Parmi mes œuvres, il y aura une sculpture en porcelaine et son clone en bronze, ainsi que trois autres œuvres. Je présenterai un diaporama sur ma semaine à la fonderie Barthélémy Art, près de Montélimar, où j’ai eu le plaisir de réaliser une de mes œuvres en bronze, grâce au prix du concours la Terre de Bronze. C’est un concours dédié aux céramistes. Je suis très heureux d’avoir vécu cette expérience, je ne pensais pas que l’œuvre en bronze serait fidèle à l’original.
Quelle est la réaction du public face à vos sculptures ?
Attiré ou révulsé, parce que les formes sont très vivantes voire érotique. Mes sculptures sont ambiguës, elles se situent entre l’abstraction et la figuration. Belles ou morbides ? Ce dépend de la perception de chacun, mais elles nous renvoient à notre humanité.
Léa Muller