WILLIAM BRUET – Un dessin universel

Festival Cinéma en Liberté – 8 et 9 juillet – Tour Royale – 10 juillet – Cinéma Le Royal

Après avoir rencontré Lisa Fardelli aux Beaux Arts de Toulon, le talentueux plasticien William Bruet est invité à réaliser une œuvre devant le public de la Tour Royale. Un instant de création in-situ pour partager son univers intemporel.

 

Comment s’est construit ton univers imaginaire ?

Il s’est construit à travers beaucoup d’iconographies récoltées lors de voyages, notamment en Asie et surtout par mon intérêt pour les peuples et civilisations qu’ils soient actuels ou disparus. J’ai puisé mon inspiration dans l’histoire de l’art précolombien, asiatique, africain, sumérien. Le noir et blanc est pour moi, maintenant, un choix esthétique, car il exacerbe davantage ma sensibilité, mais cela vient aussi d’un choix politique au sens large. Il y a longtemps eu une loi en France qui interdisait le peuple à utiliser l’usage du noir et blanc, car il était imparable pour contester l’ordre. Je l’avais d’abord choisi comme un pied de nez.

 

Tu confrontes cet univers au réel par la photographie. Peux-tu nous parler de cette étape de création ?

Avec la photographie, je capture le réel, mais je suis déjà dans un acte de dessin en visualisant ce que je vais pouvoir faire de l’image. J’imprime, puis je reviens dessus avec le dessin et la fiction. À ce moment, la notion qui prédomine est l’apparat, le masque. Les personnes que je dessine ne sont pas identifiables. Il y a une notion d’équité, aucune hiérarchie possible. C’est une valeur humaniste que j’ai envie de partager. Bien que je travaille sur le paysage et que le cadre soit important, le corps l’est tout autant. Ça fait partie de ma culture, l’art du tatouage, du body art et du rituel, les choses que j’ai découvertes pendant mes études. C’est venu nourrir mon terrain de jeu. J’aime faire cohabiter les entités, les époques et les géographies. J’aime l’idée qu’il n’y a pas de temps.

Il y a des images qui s’imposent d’elles-même, je vais chercher des projections mentales. Parfois c’est contextuel et je me dis que là il faut que je shoot. J’aime me laisser happer par mon processus de création.

 

Peut-on parler de mystique dans ton travail ?

Oui, je dirais même qu’il y a un côté métaphysique dans mon travail. C’est plutôt la notion de sacré qui est importante, pas dans le sens théologique. Dans le process, je sublime et j’altère l’image sur laquelle je travaille, les corps et paysages que je représente. Cette idée de sacré vient aussi de l’usage du noir et blanc et de mon utilisation de formes tribales, géométriques que j’utilise.

 

Pour Cinéma en Liberté, tu vas dessiner en live devant le public. Quel est ton rapport au dessin performé ?

J’ai une pratique de performance, c’est un médium que j’affectionne particulièrement parce qu’il casse avec les codes de lecture traditionnels. L’œuvre existe un temps, puis se pose la question de la restitution. La majorité des gens qui ont une relation à l’art l’ont quand l’œuvre est terminée. Et il y a des gens comme moi que ça intéresse de voir l’œuvre en train de se créer. C’est une des meilleures portes d’accès pour entrer dans le cœur d’un artiste pour comprendre comment sa pensée s’achemine et comment son trait se construit.

 

Que t’inspire le contexte exceptionnel de la Tour Royale ?

Le dispositif sera ultra simple. J’ai décidé d’aller sur le site faire des captures du bâtiment en amont une après-midi. Ensuite, j’imprimerai une photo que j’aurai choisie et enfin je reviendrai avec mon impression pendant le festival pour m’amuser à altérer l’image devant le public et dessiner sur ce décor…Créer une nouvelle histoire ! Je peux juste vous dire que ce sera un gros clin d’œil à la lumière, à la projection plus qu’au cinéma !

Maureen Gontier