Xavier-Adrien Laurent – Le court métrage est essentiel.
La Réplique, le collectifs d’acteurs professionnels du Sud de la France que vous présidez sera jury de Cinéma en Liberté, pouvez-vous nous en dire davantage sur ce collectif ?
Il y a de nombreux collectifs d’acteurs en France, qui ont souvent une dimension familiale, composés de quelques dizaines de personnes, créés parfois pour une entraide entre amis, ou autour d’une discipline particulière. La Réplique est une exception, c’est le plus gros collectif de France, avec environ cinq cents membres. Le siège est à Marseille mais nous existons avec des délégations, sur le Var, la Côte d’Azur et le Vaucluse. évidemment, dans la Région Sud, Marseille est la ville où il y a le plus de comédien-ne-s, mais le Var est également un département qui compte énormément de compagnies de théâtre professionnelles ainsi que de très nombreux festivals. La Réplique a une activité à la fois dans l’art vivant et dans le cinéma. Historiquement, les acteurs et les actrices vivent principalement du théâtre dans toutes les régions, hors Paris, mais nous sommes dans une phase où le cinéma se développe énormément dans cette région (Sud), ce qui va certainement créer des opportunités de carrières dans le cinéma ou la télévision pour les comédiens et comédiennes qui le souhaitent.
Le court métrage est-il une forme d’expression importante ?
Le court métrage a toujours été essentiel, aussi bien pour que les familles de cinéma se forment, pour les réalisateurs et réalisatrices, et les techniciens et techniciennes, mais aussi les comédiens et comédiennes. Comme on s’en doute, il faut bien débuter par quelque chose, car quand vous commencez à exister au niveau de l’image, que ce soit un projet d’école, un projet non financé, ou un petit court métrage avec un minimum de salaire, ce sont les points d’entrée indispensables pour que les comédiens et comédiennes apprennent à travailler à la caméra et aient des images pour produire des bandes démo.
Cinéma en Liberté parle de Cinéma engagé, quel sens a ce mot pour vous aujourd’hui ?
Je pense pouvoir répondre pour tous ceux qui s’engagent dans le collectif La Réplique, car il a été créé dans les années 80 par des gens engagés. Au début, il était surtout question de théâtre, et déjà, le collectif offrait des opportunités plus artistiques que financières. C’est à dire qu’il proposait aux comédiens et comédiennes venus sur ce territoire, ou de retour chez eux – à l’époque la formation se faisait uniquement à Paris – des solutions pour faire exister leur art. Le coté citoyen, militant, engagé, a toujours été là, le coeur d’activité de La Réplique se nomme la manufacture transversale, c’est un système basé sur le troc. Une fois que l’on est adhérent (ce ne sont que des professionnels) l’accès à tout un catalogue de recherches artistiques ou de transmissions des savoirs entre pairs sont gratuites. Par cette forme de travail, nous sommes forcément amenés à recouper les grands thèmes du cinéma engagé d’aujourd’hui, comme la guerre, la citoyenneté, les violences faites aux femmes ou autres, la plupart des adhérents du collectif y sont évidemment attentifs.
N’est-il pas affreusement difficile d’être jury ?
Je ne serai pas dans le jury cette année, mais en effet, pour un Festival de la qualité de Cinéma en liberté, où les œuvres sont sélectionnées pour de vraies raisons, c’est difficile, parce que l’on est obligé de faire un choix éditorial à la subjectivité assumée !
Weena Truscelli