Xavier Hérédia, L’écho de la société

Du 06.11 au 10.11 – «Le Moche» – Théâtre Denis – Hyères

 

Imaginons un jour, en vous réveillant, que vous vous découvriez moche. La vérité éclaterait soudain au grand jour…” Xavier et sa complice Peggy Mahieux dans leur Compagnie de l’Echo, en résidence depuis 2003 au théâtre Denis, s’attaquent cette fois-ci à “Le Moche” fable contemporaine très caustique sur les travers de la société contemporaine.

 

Pourquoi as-tu choisi cette pièce ?
Pour l’écriture de Mayenburg, jeune auteur allemand et metteur en scène associé au théâtre de Berlin. J’aime ses thèmes, sa dénonciation de notre réalité contemporaine :
son uniformisation, son conformisme. Tout est laminé par le flux incessant des multiples médias, on perd notre identité propre. Sur le plan de la direction d’acteurs, c’est passionnant : chaque acteur joue deux personnages (sauf le personnage principal). Chaque comédien a un personnage dont il va devoir trouver son antithèse. A un moment ces personnages très différents vont voir leurs destinées se croiser, et on verra que finalement l’un est un peu l’autre. Les notions d’espace et de temporalité sont également mises à mal. La pièce se passe sur une longue période, dans de multiples lieux : il faut trouver les réponses scénographiques. Avec des manipulations minimalistes, de petites ruptures de jeu, on bascule dans un autre temps. Dans la même phrase, on peut passer d’un personnage à l’autre. Cette écriture au scalpel nous oblige à être très précis. Tout est en mouvement perpétuel, le flux de notre temps ne peut plus s’arrêter, jusqu’à atteindre des situations complètement fantasques et cocasses. On est acculés, on va à la limite, on la dépasse. On est dans un rythme effréné, déjà dans le mouvement de la langue. C’est un terrain de jeu exceptionnel.

Cette compagnie, de l’Echo, se veut représentative de notre société ?
Nous essayons d’en être le reflet. On attrape un point de vue, on l’étire, et on voit où ça nous amène. Nous avions travaillé sur le harcèlement au travail avec la pièce « Contractions » de Mike Bartlett, puis avec «Pulsions »
sur ce même harcèlement mais dans le monde scolaire. J’ai toujours été sensible à ce politiquement correct, à cette société qui se polisse de plus en plus. Dans le travail que je fais avec les acteurs au plateau, je cherche la part instinctive, animale, mais aussi cette humanité qui n’est pas forcément correcte ou sociale. Il faut chercher l’authenticité de l’acteur. C’est notre quotidien :
chercher ce qui est rugueux, ce qui va gripper, nous questionner autrement et nous faire réagir. Peggy et moi défendons le théâtre contemporain.

Pourquoi ne joues-tu pas dans celle-ci ?
Il est compliqué de jouer et de mettre en scène, en étant vraiment présent dans les deux rôles. En tant que metteur en scène chaque accident est une pépite. Mais il faut être en empathie totale, s’inspirer du jeu de l’acteur. Le metteur en scène est une sorte de filtre, et j’essaie de valoriser cette fable contemporaine. Nous avons quatre comédiens, un technicien, un photographe, et un temps de répétition restreint : quatre semaines, donc je dois m’engager totalement dans cette mission. Je suis beaucoup dans la direction d’acteurs, mais il faut aussi être dans la dramaturgie, trouver les réponses dans les mots, tout est déjà dans le texte. Souvent le plus passionnant est quand ça pose problème. La créativité naît souvent de la contrainte. Le texte est très concis, les mots ne sont jamais superflus, cette économie amène un engagement total du corps pour que l’acteur puisse trouver sa fantaisie. La perte d’identité va nous permettre d’aller au bout de notre jeu. On retrouve tous les travers de l’être humain, notre soif de pouvoir. Le rythme m’intéresse beaucoup : faire sentir ce temps qui s’accélère, et trouver les moments de suspension pour pouvoir reprendre son souffle.

 

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