Xavier Hérédia – Rire, mensonges et vérités.

« Jusqu’à ce que la mort nous sépare » du 6 au 8 novembre au Théâtre Denis à Hyères.

 

La Compagnie de l’Écho présente une comédie acérée de Rémi De Vos, mise en scène par Xavier Hérédia. Entre humour grinçant et émotion sincère, le metteur en scène, co-fondateur de la compagnie et enseignant au Conservatoire TPM explore les failles familiales et la difficulté à dire “je t’aime”.

 

Qu’est-ce qui te plaît dans le théâtre de Rémi De Vos ?
Je l’ai découvert il y a quelques années à travers « Alpenstock » et « Occident ». Son écriture est d’une précision chirurgicale, pleine de répliques vives et incisives. Il a cette capacité rare à nous faire rire tout en révélant les douleurs cachées du quotidien. Il met en lumière les non-dits et les petites blessures que nous partageons tous. « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » m’a immédiatement séduit par son humour et sa lucidité. C’est une pièce en mille-feuille : d’abord drôle, puis cruellement vraie.

Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce après plusieurs créations originales ?
Nous voulions parler de transmission : ce que l’on reçoit, ce que l’on transmet, consciemment ou non. En attendant notre prochaine création sur ce sujet, j’ai souhaité monter cette pièce qui s’inscrivait dans cette réflexion. Avec Peggy Mahieux, ma partenaire dans la compagnie, nous avons eu envie d’explorer ces liens parents-enfants, si complexes et souvent empreints de chantage affectif. En travaillant, je me suis rendu compte à quel point cette histoire résonnait avec nos vies : l’emprise, la culpabilité, le besoin d’amour. C’est une comédie, mais elle interroge nos relations familiales. Simon revient chez sa mère à l’occasion des funérailles de sa grand-mère, après s’être enfui de ce domicile familial étouffant il y a quelques années. Il renoue aussi avec son amour de jeunesse, Anne. Mais un accident, le bris de l’urne funéraire, va créer une série de mensonges et de situation vaudevillesques…

Comment as-tu travaillé le ton, entre humour et émotion ?
Toute la richesse du texte est là : on rit, puis l’instant d’après, on est bouleversé. Mon travail a été d’accompagner les acteurs pour qu’ils trouvent la sincérité derrière le rire. Les dialogues sont un ping-pong nerveux, mais parfois un silence s’installe et révèle l’indicible. Le mensonge, ici, devient un révélateur de vérité. C’est une pièce sur la difficulté d’aimer et de dire. On rit beaucoup, mais on sort touché. car c’est une histoire qui nous parle à tous.

Peux-tu nous parler du travail avec les comédiens ?
Thomas Cuevas, qui joue le fils Simon, est présent du début à la fin. C’est un acteur d’une grande finesse, récemment diplômé de l’ERACME, capable d’un jeu à la fois virtuose et d’une délicatesse rare. Il est allé chercher la vérité de son personnage dans son vécu, ce qui résonnait en lui.
Peggy, incarne la mère, une femme seule qui exprime son amour à travers la critique ou le repas, sa manière à elle de dire “je t’aime”. Mais elle cherche seulement à combattre la solitude à la suite du décès de sa mère.
Et Anne, l’ex-amour de Simon, interprétée par Pauline Lasquellec, diplômée du Cours Florent Bruxelles et du Conservatoire TPM, vit dans la nostalgie d’une histoire interrompue. Ces trois personnages se débattent avec leurs mensonges jusqu’à se dire enfin la vérité.

Et la scénographie ?
Nous avons choisi un espace symbolique. Au départ, un décor très étouffant — à l’image de la mère et de son univers domestique. Puis le mobilier se déploie, comme un souffle qui revient. C’est une scénographie en mouvement, imaginée par Mathilde Cordier, qui accompagne la libération des personnages et des émotions.

Fabrice LoPiccolo.

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