Yves Borrini – George Sand, extraordinaire et méconnue.

Du 02.12 au 06.12 – Résidence Châteauvallon Scène Nationale / 19.12 – « Appelez-moi George Sand » – Médiathèque de La Garde 

Femme de cœur, elle est scandaleuse, pleine d’esprit et de convictions. George Sand est un des personnages les plus inspirants de l’Histoire. Ce sont trois femmes liées d’amitié et de complicité professionnelle, Elodie Adler, Flore Seydoux et Maryse Courbet qui nous donneront à voir la liberté de cette grande figure du dix-neuvième. Ami des actrices, le metteur en scène Yves Borrini admire cette femme dont il a voulu nous conter la vie.

 

Pourquoi avoir choisi ce personnage de George Sand ?

Il y a plusieurs éléments de réponse. Les trois artistes, Elodie Adler à la harpe, Flore Seydoux au chant et Maryse Courbet au jeu d’acteur, sont des personnes avec qui j’ai déjà travaillé. Nous avons eu l’envie de prolonger l’aventure, et quand on a évoqué l’idée de faire un spectacle sur George Sand, tout le monde était partant. C’est un personnage extraordinaire, et mal connu. En tant que romancière, elle a amené beaucoup de thèmes du dix-neuvième et du romantisme dont les grands auteurs, Hugo, Baudelaire, se sont inspirés. En tant que femme, c’est une grande amoureuse, républicaine, avant-gardiste, féministe, qui s’est battue dès le début du dix-neuvième pour l’égalité hommes- femmes. Enfin, elle a fait un séjour de quatre mois à Tamaris à la Seyne-sur-Mer. C’est un spectacle dans lequel on retrouve beaucoup de musique, cette période de l’histoire de l’art offrant de grandes possibilités musicales. Sand a été la maîtresse de Chopin, et lui a payé son premier piano quand il était gamin. Ils avaient vingt ans d’écart.

Le répertoire est-il réarrangé ?

On a fait un grand mélange musical. On n’a pas voulu se cantonner à la musique du dix-neuvième. Il y a du Chopin, composé au piano, que l’on a réadapté à la harpe, un instrument très similaire. Mais le répertoire comprend aussi du contemporain, du cabaret : notre démarche n’est pas de faire une reconstitution historique.

Vous présentez cette grande figure à travers seize portraits…

On n’a pas voulu faire un spectacle trop laudatif, chronologique et scolaire. On a travaillé de façon plus rythmique. Le spectacle est construit à partir de lettres, d’extraits de journaux intimes et de romans de Sand. Le challenge été de rendre théâtral ce matériau littéraire, de le décomposer en scènes. Celles-ci peuvent passer du coq à l’âne, car elles se suivent dans un ordre “émotionnel”. Ce sont des portraits très personnels, notre interprétation des œuvres de Sand. Certains spécialistes pourraient retracer ses actions historiquement, mais nous on fait du spectacle, nous travaillons au plus près de ses émotions. Je pense que de cette façon, on se rapproche plus de ce qu’elle a été, de sa liberté. La grande leçon de ce personnage est sa conquête formidable d’une liberté de pensée et de mœurs, dans tous les domaines, aussi bien en politique, qu’en terme de voyages ! Elle a presque inventé le tourisme : quand elle voyageait, elle amenait ses malles, ses gosses, ses amis, son amant du moment…

Il y a donc du chant, de la harpe, et du théâtre. Comment s’articulent ces trois disciplines ?

Au dix-neuvième, les romantiques aimaient faire ce mélange dans les salons. On y retrouvait de la musique, de la littérature, de la peinture. Rimbaud ou Baudelaire parlent d’ailleurs de cette interdisciplinarité. Tour à tour, la chanteuse, la harpiste et la comédienne vont et viennent, s’accordent et se répondent pour incarner le personnage de Georges Sand et son entourage. C’était un choix de ne faire jouer que des femmes, pour qu’il y ait cette sensibilité féminine. De plus, ayant déjà travaillé ensemble, elles dégagent une connivence sur scène. Nous nous sentons bien, tous les quatre dans ce spectacle. On prend du plaisir à incarner ce personnage et à porter sa parole.