Yves Coudray – Voir la réalité différement.

Le 16 Novembre à l’Opéra de Toulon

 

« Pomme d’Api » est peut-être l’opérette la plus représentative du travail d’Offenbach si étroitement lié à sa propre personnalité. « Le Singe d’une nuit d’été », lui, s’approche d’un univers proche de Chaplin dans « Le Cirque ». Ces pièces seront accompagnées par l’orchestre de l’Opéra de Toulon et mises en scène par Yves Coudray, directeur artistique du Festival Offenbach d’Étretat.

 

Qu’est-ce qui lie ces deux opérettes ?

Elles n’ont absolument aucun rapport entre elles. La seule chose qui les relie c’est Offenbach. « Le Singe d’une nuit d’été » a été créé par Gaston Serpette dans le théâtre d’Offenbach. Il se trouve que, d’une manière assez amusante, Serpette a voulu rendre hommage au père de l’opéra comique : il a choisi de donner à tous ses personnages des noms qui viennent d’opérettes d’Offenbach. J’ai aussi voulu les réunir par un même décor à transformation. A la fin de la représentation du « Singe d’une nuit d’été », le décor de cirque devient un intérieur bourgeois dont on a besoin pour raconter l’histoire de « Pomme d’Api ». C’est un changement de décor assumé, à vue, mis en place par les chanteurs eux-mêmes.

 

Qu’est ce qui rend le style d’Offenbach si particulier ?

Il se trouve que j’ai un festival qui est dédié à Offenbach, c’est un compositeur que j’aime beaucoup chanter et que j’ai beaucoup mis en scène, je le fréquente très souvent (rires). Offenbach était un amuseur c’est sûr, mais c’était aussi un romantique. C’était le plus grand violoncelliste de son époque, il a écrit des choses pour violoncelle absolument magnifiques et très sérieuses. Il est presque plus français que les français : il a toujours, au détour d’une phrase un peu folle et farfelue, une pointe de nostalgie. Pomme d’Api est très spécifique du style Offenbach. On a vraiment essayé de traiter ça, pendant les répétitions. C’est une pièce que j’aime beaucoup. On a eu énormément de plaisir à la travailler avec les interprètes. Lors des représentations, le public réagit énormément il y a beaucoup de rires et beaucoup d’émotions.

 

Il y a des représentations réservées aux scolaires, travaillez-vous différemment avec ce jeune public ?

Je ne sais pas s’il existe des thèmes pour adultes et d’autres pour enfants. Il y a simplement une façon de les présenter. Notre travail a aussi été de rendre le spectacle compréhensible par tous les publics, et c’est la force de ces ouvrages-là : il y a différents degrés de lecture selon son âge. Nous sommes tous confrontés à toutes sortes de choses tous les jours. Je pense qu’il n’y a guère plus violent que de regarder les informations à la télévision ou de se promener à certaines heures dans certains quartiers. Le théâtre permet de décoller de certaines réalités en apportant de la poésie, en parlant un autre langage. Cette distance-là permet d’entendre, de voir et de réaliser les choses différemment. J’ai vraiment voulu que ce soit très beau à voir. Je ne souhaitais pas utiliser une esthétique moderne où tout le monde serait en jean… J’ai voulu faire rentrer le public dans un univers théâtral, qui fasse oublier les soucis du quotidien. Il me semble que c’est par là qu’on amène tous les publics au théâtre.

 

Le Singe d’une nuit d’été sera orchestré par les étudiants du Conservatoire TPM..

Nous n’avons pas encore travaillé avec eux. Le spectacle a été créé pour piano afin qu’il puisse voyager très facilement. C’est donc une orchestration toute neuve qui va être créée, j’ai hâte d’entendre ça !