Yves Jamait- Faire tomber le masque et la casquette

 MUSIQUE
« Parenthèse 2 »
En streaming le 19 mars à 20h30 sur la page Facebook du théâtre Marélios

Entre deux albums, Yves Jamait a eu l’idée de proposer ce qu’il a appelé des « Parenthèses » : une formule adaptée aux petites salles dans lesquelles il s’amuse, avec deux autres musiciens, à revisiter sa carrière musicale. Son concert prévu au théâtre Marelios à la Valette aura été bousculé par la situation sanitaire. Alors, l’équipe du théâtre s’est adaptée et vous propose un concert en streaming sur leur page Facebook.

Avec vos concerts Parenthèses, vous courrez les petites scènes de France : comment est née cette idée ?

C’est la deuxième fois que nous proposons ce format, d’où le titre de « Parenthèse 2 » ! J’ai eu envie de proposer ça entre la tournée de « Je me souviens » et la sortie de l’album « Mon Totem ». J’avais beaucoup de demandes de petites salles, mais financièrement ils ne pouvaient pas me faire jouer. On a donc décidé de réduire le format et de ne tourner qu’à trois pour être accessibles à tous. C’est ce qu’on a fait avec une première « Parenthèse », dans un contexte très dense : en quatre ou cinq mois on a fait soixante dates ! On a donc réitéré l’expérience, en la développant un peu. Mais on ne pensait pas que la situation durerait aussi longtemps : nous avons fait huit dates sur les quatre-vingt prévues. Nous avons été contraints de reporter encore et encore …

Comment, à trois musiciens et en 1h45, arrivez-vous à retranscrire vos sept albums ?

La première « Parenthèse » s’appelait « Parenthèse acoustique » car elle était basée sur un parti-pris très acoustique, avec du piano, de la guitare, de l’accordéon et des percussions. Cette fois-ci, j’avais envie d’autre chose, d’envoyer du gros son ! On a donc rajouté des machines à tout ça ! L’idée était vraiment de s’amuser, d’essayer des choses différentes : je vois ça comme une récréation autant pour le public que pour nous. Lors de la première parenthèse, j’avais fait trois chansons par album dans un ordre chronologique, alors que pour celle-ci, j’ai fait une sélection par thèmes. Mais, n’ayant pas pu jouer, on en a fait un album, avec ces morceaux et leurs nouveaux arrangements. Et, je vous livre un scoop : il devrait sortir prochainement.

On parle beaucoup de votre tête nue sur la pochette de votre nouvel album. Marque t-il un tournant dans votre carrière ?

J’avais déjà eu cette envie par moment d’enlever la casquette, parce que j’avais la sensation assez étrange et désagréable de courir après ma propre caricature. C’est une casquette irlandaise, qui faisait que l’on m’associait un peu à un Gavroche. Un accordéon et une casquette… et voilà ! Les médias vous rangent dans des cases, surtout la télé. On a fait de moi un gamin de Paris… et ça devenait vraiment chiant. J’ai plaisir à me sentir héritier de toute cette chanson française, mais mes influences vont au-delà d’un seul genre. Au final, cette casquette devenait réductrice. Je la portais tous les hivers depuis vingt-cinq ans et je la gardais parce que ça faisait parler. Mais je n’ai plus envie qu’elle me représente. De toute façon j’avais trop chaud sur scène avec une casquette en tweed !

Est-ce qu’un concert en streaming véhicule les mêmes émotions qu’un live ?

Au premier confinement, je proposais une chanson tous les soirs en direct, en acoustique, avec un son moyen, mais ça me permettait de rester en lien avec le public, en revisitant mes chansons. Maintenant, je n’ai plus vraiment l’envie, alors je ne me force pas. Les concerts en streaming sont une expérience intéressa,nte, mais qui ne me comble pas autant que la scène. Le lien avec le public est toujours un peu là, il y a des choses qui permettent de faire le lien, mais je n’exerce pas totalement mon métier de musicien en l’état actuel des choses. C’est une bonne solution en attendant. Pauline Cuby

EXTRAIT

Je crois que la vie est belle,
je crois que je me mens
Je crois au Père Noël
aussi de temps en temps
Je crois qu’on est tout seul,
qu’on n’y échappe pas
Je crois qu’on est tout seul
et qu’ensemble on y va
Insomnies, Mon totem
Maman, mes insomnies trimbalent
un squelette d’enfance
Maman, la nuit qui me regarde
m’empêche de dormir
Maman, il me monte à
la gorge des relents d’innocence
Et c’est au creux de toi
que je viens me blottir
Une mélancolie fait de ma carapace
Un long silence bruit
Je le scrute il me glace
Je garde au fond de moi,
la naissance d’un cri
Mais couvre de toi, si j’ai
le coeur en pluie
Mon totem, Mon totem
Tout, je garderais tout
Et referais sans peine
Ce chemin tortueux, qui me mène
À nous, je prends je garde tout
Je crois – Yves Jamait

Mars 2021