Ambre Macchia – Artiste à profusion.

Ambre est une plasticienne qui a développé de nombreuses cordes à son arc, et est passée maître dans l’art de s’adapter au support. Elle nous détaille ses pratiques.

Tu exposes en ce moment au Phare sur le Port de Toulon…

Cette exposition au Phare est proposée à tous les anciens élèves de l’ESADTPM. Au départ, ce devait être une exposition personnelle, mais j’ai souhaité inviter ma camarade d’études Solveig Ancellet. Etant donné le format de l’exposition, j’ai dû m’éloigner de mes travaux habituels. Nous avons choisi une liste d’adjectifs et de noms communs, que nous avons associés aléatoirement. Puis chacune a fait son illustration de son côté. Lors de l’accrochage, nous avons joué sur l’ambiguïté, pour savoir si on pouvait reconnaître nos travaux. A la base je travaille plutôt sur mur, avec mon pinceau, mon encre de chine. Pour cette expo, j’ai utilisé uniquement la tablette graphique. Nous espérons que le public pourra aller la voir à la sortie de la crise.

Comment définirais-tu ton travail ?

C’est un travail de profusion du motif, à la base en noir et blanc, sur un mur blanc. Je mélange des techniques. Parfois, ce sont des formes plus picturales et abstraites, parfois plus figuratives, parfois c’est de l’ordre de la BD, d’autres, c’est plus personnel. En ce moment, je travaille beaucoup en relation avec l’actualité, notamment autour de la place de la femme dans la société et de l’ambiguïté sexuelle. Un de mes travaux actuellement est pour un « jeu des 6 familles ». Les familles doivent être non genrées, alors on a plusieurs papas, plusieurs grands-pères, mais aussi des chiens, des chats… Pour chaque famille il y aura un illustrateur différent.

Il y a un érotisme très présent dans ton œuvre, avec un personnage récurrent ?

Ça, c’est sur Instagram : Patrique, une fille avec un sexe d’homme. Je poste beaucoup sur le thème du sexe sur ce réseau, mais je suis aussi très censurée, donc je me restreins. Ce que j’ai l’habitude de faire, c’est plus trash. Mon travail habituel est sur des tapisseries avec des motifs érotiques, mais qu’on ne reconnait que de près. Je les imprime en lais, ou peux les encadrer en plus petit format.

Quel fut l’apport de tes études en école d’art ?

J’ai fait trois ans à Saint-Etienne, en licence, puis cinq à Toulon pour le master. Huit ans en tout, je suis une sorte de doctorante en Beaux-Arts (rires). Bon, c’était un peu laborieux. Au départ, j’ai commencé en section graphisme, mais elle a fermé, et j’ai voulu continuer dans le packaging, la pub, en section design. Mais ça ne me correspondait pas, je me suis rendu compte qu’en art j’étais plus libre, c’était moins scolaire, et peut être faisable. Il m’a fallu beaucoup de temps avant de comprendre ce que l’on attendait de moi. Je souhaitais me rester fidèle. Une fois que j’ai compris, j’ai été très contente des échanges avec les profs et les autres étudiants. A force de décrire et d’interagir, je me suis mieux comprise. Les profs aussi ont compris où je voulais en venir. Quand je suis arrivée à l’école, j’étais boulimique, d’où la profusion de motifs. Au départ, je dessinais sur des nappes, les remplissant entièrement, j’appelais ça des crises de dessin ! J’avais une incapacité à laisser un espace blanc.

Tes projets ?

Le Metaxu m’a demandé de peindre sur ses murs dès que possible ! J’essaie aussi de me recentrer sur mes projets personnels. Je souhaite créer des œuvres pour moi, sans les contraintes des expositions. Quand je suis chez moi, c’est sur tablette. Ou sur carnet, car je ne veux pas perdre le plaisir du travail manuel. Je travaille aussi avec l’Autre Compagnie de Frédéric Garbe, sur leurs lectures illustrées, pour le salon du livre ou leurs interventions dans les collèges. Dans ce dernier cas, j’illustre des histoires écrites par les enfants.