André Manoukian – La musique, c’est ce qui rassemble les hommes.

Les notes qui s’aiment – Le 15 octobre au Théâtre Jules Verne à Bandol

André Manoukian est de retour au Théâtre Jules Verne, seul en scène, pour une conférence pianotée. Venez découvrir le temps d’une soirée, les secrets de la musique, racontés par un maître du jazz et de l’improvisation.

Vous effectuez souvent cet exercice d’explication de la musique et son histoire, qu’est-ce qui vous intéresse là-dedans ?
D’abord de faire passer mon amour de la musique. Quand on est musicien, on a la chance de vivre de sa passion, et les musiques que j’aime auraient tendance à être considérées comme des musiques savantes, elles nécessitent une explication. Selif Keita a dit : « la musique est un arbre dont les racines sont le blues, le tronc le jazz et les branches la soul, le funk, la pop et le rock. ». C’est bien d’expliquer à un jeune ce que tu aimes, que le rap qu’il écoute vient en fait de chants inventés par les bagnards. Vues mes racines arméniennes, quand j’étais élève, on me racontait des histoires. Quand on raconte la musique comme un conte, ce n’est plus élitiste, tout le monde pige. J’ai développé ça pendant la Nouvelle Star, car on avait des jeunes qui avaient fait la queue pendant des heures et il fallait leur expliquer rapidement et simplement pourquoi on ne les prenait pas. Je reste avant tout musicien plus que critique ou prof, j’ai juste envie de relier les gens. Le MC d’aujourd’hui ne sait pas que les sorciers des tribus premières s’appelaient aussi MC. La musique, c’est ce qui rassemble les hommes.

C’est facile pour vous de tenir les gens, seul sur scène, pendant presque deux heures ?
Le problème c’est d’essayer de ne pas faire plus long que deux heures ! Chaque fois que je passe à la télé, à la radio, on me fait toujours signe que je suis trop long. Là, les gens sont acquis, ils ne peuvent pas sortir, alors je me venge !

Quel répertoire va-t-on trouver dans le spectacle ?
On trouve des compos à moi qui ont pour rôle d’illustrer ce qui se passe, ou des exemples sonores de la rencontre entre Bach et Frédéric II par exemple. Un sujet important est l’improvisation, ma musique préférée est le jazz, mais je viens du classique. Avant les classiques improvisaient tous, il y avait même des battles. Ces immenses compositeurs ont été mis dans le formol à partir du XIXème, mais je veux faire ressortir leur côté rock’n’roll. C’étaient des rock stars ! Farinelli, les meufs se jetaient sur lui !

« Con comme un ténor », « Robespierre a donné naissance au jazz », pouvez-vous nous spoiler une ou deux anecdotes du spectacle ?
Con comme un ténor, ça vient des classiques eux-mêmes. La tête doit servir de caisse de résonance quand on chante, il faut placer sa voix pour que les résonateurs du nez et du front se mettent en vibration. Ton ennemi c’est la pensée, il ne faut pas penser pendant qu’on chante. Je parle aussi de la rencontre entre Bach et Frédéric II roi de Prusse. Le roi lui joue un thème de sa composition, assez indigent. Alors Bach s’assied et à partir d’une bouse, royale certes, il improvise ce qui deviendra un chef d’œuvre.

Qu’est-ce qui fait votre amour du jazz ?
Je me suis mis au jazz à treize ans, mais j’ai commencé le classique à six. Ma mère écoutait Sheila et mon père Beethoven. Un jour un pote m’a dit : « écoute ça ». C’était Fats Weller, et les premiers ragtimes. J’ai failli chialer. C’était Bach mais avec du rythme. J’ai commencé à jouer les morceaux d’oreille, puis j’ai voulu apprendre les règles car pour faire de l’impro, il faut bien connaître toutes ses gammes notamment. C’est alors que je suis allé étudier à Boston… et j’en ai ramené du boulot pour toute ma vie !

Fabrice Lo Piccolo

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