THE TWINKLE BROTHERS – 60 ans de carrière et 70 albums.
>> Le 20 juillet au Festival de Néoules
Les Twinkle Brothers, Norman et Ralston Grant, sont de ceux qui ont écrit les plus belles pages du reggae jamaïcain. Aussi vieux que la Jamaïque indépendante, ce groupe prolifique, avec plus de soixante-dix albums à son actif, diffuse sa musique sur les scènes du monde entier. Nous avons eu le plaisir d’interview le fondateur du groupe, Norman.
Vous êtes un groupe jamaïcain légendaire, vous jouez depuis plus de soixante ans. Qu‘est-ce qui rend votre reggae si particulier ?
Nous avons notre propre style que nous avons commencé à développer en 1962. J‘avais douze ans à l‘époque. Mon premier disque est sorti en 1964, puis en 1966 le premier morceau des Twinkle Brothers pour Treasure Isle. Nous avons gagné le concours « Pop and Mento », concours de chant très populaire en Jamaïque à cette époque. On a participé et gagné ces concours plusieurs fois. Je me souviens des coulisses, avec Toots and the Maytals, les Blues Busters… Nous sommes reconnaissants d‘être encore là aujourd’hui. Nous avons commencé à faire du roots dès le début des années 70 et nous restons fidèles à ce style depuis toutes ces années. Les gens nous
soutiennent ici en France, les concerts sont un succès, et nous sommes toujours très impatients d’aller y jouer.
Comment se passe l‘expérience Twinkle Brothers sur scène ?
Nous allons jouer des anciennes et des nouvelles chansons pendant le festival. Nos musiciens sont très talentueux. Dub Judah est à la basse, Black Steel joue de la guitare depuis longtemps avec nous…
Moi-même, je joue de la batterie sur beaucoup de chansons, cela aide à créer l‘ambiance que nous créons. Nous allons jouer des morceaux de plus de soixante-dix albums ! Certaines chansons sont incontournables : « Faith can move mountains », « Rasta Pon Top », « Never get burnt », « Give Rasta Praise ». Mais je ne chante pas à partir d‘un programme, je choisis les chansons en fonction du public ce jour-là. Nos musiciens connaissent plus de soixante chansons, à chaque show je peux commencer n‘importe quel morceau et le groupe suit : je choisis sur le moment ! Et les gens chantent avec nous, l‘anglais n‘est pas leur langue et pourtant ils connaissent les paroles de
toutes nos chansons.
Après tant d‘années d‘activité, qu‘est-ce qui vous fait toujours aimer la musique reggae et vouloir continuer à la jouer ?
J‘ai soixante-quatorze ans et je fais ça depuis que j‘ai douze ans. Je n‘ai fait que de la musique toute ma vie. Je fais quelque chose que j‘aime et je suis payé pour ça ! C‘est un travail incroyable, j‘aime performer, chanter mes chansons, et voir que le public les aiment. C‘est vraiment plaisant, tout ces gens que je ne connais pas et qui me soutiennent.
Comment écrivez-vous une chanson, où trouvez-vous votre inspiration ?
Je regarde le monde, les rues, mes amis, j‘essaie d‘utiliser les mots que j’en tends. Ce dont les gens parlent, moi je le chante ! Si vous chantez des paroles auxquelles les gens peuvent s‘identifier, ils écouteront. Je suis attentif à ce qui se passe sur la scène mondiale également. J‘écris toutes sortes de chansons, chaque album doit être spécial, je ne veux pas répéter ce que j’ai déjà fait. Je produis et vends ma propre musique et j‘essaie de
faire des morceaux que les gens vont aimer. Si vous faites de la bonne musique, le public va acheter l‘album, même à une époque où l’on n‘achète plus de musique. Si vous écrivez une bonne chanson, soixante ans après elle se vendra encore. Quand vous écrivez, vous avez une idée de ce que les gens peuvent aimer mais ce n’est qu’au moment où le morceau sort que l’on peut savoir s’il va marcher. Une chanson peut d’ailleurs devenir populaire bien après sa sortie. Nous faisons tout de manière indépendante, nous ne faisons pas d‘études de marché, mais si la chanson est bonne, les gens vont l‘aimer et les Sound Systems vont la jouer !
Vous avez vu toutes les évolutions du reggae, que pensez-vous de la scène reggae actuelle ?
La musique reggae est maintenant internationale, le style a changé au fil des ans. En Jamaïque, ils font plus de R‘n‘B maintenant, mais tout le monde écoute toujours de la musique reggae. La musique des années 70 et 80 est toujours populaire. Je suis content d‘être arrivé dans le métier dès le début. Nous, les Twinkle, nous avons évolué, mais tout en gardant notre propre style. Tant que vous avez force et santé, vous pouvez continuer à être sur les routes, je vais là où le courant et la musique m‘emmènent.
Fabrice Lo Piccolo