Anne Racine – Entre retour aux sources et Odyssée.

Villa Carmignac
La Mer Imaginaire – Jusqu’au 17 octobre

Après avoir dirigé la communication et le développement de la Fondation Carmignac pendant deux ans et demi, Anne Racine est actuellement directrice de la Villa Carmignac : lieu d’art contemporain insolite dans le cadre idyllique de l’île de Porquerolles et déjà bien connu à l’international.

L’exposition en cours intitulée « La Mer imaginaire » se termine le 17 octobre 2021. Quel est votre bilan de cette saison ?
Malgré un contexte difficile et la mise en place du pass sanitaire fin juillet, plus de 40 000 visiteurs ont déjà visité nos expositions. Ces résultats qui dépassent de loin nos attentes montrent que les expositions ont touché aussi bien un public averti que « le grand public ». La confrontation entre des grands noms comme Matisse, Klein, Koons et des artistes moins connus que le commissaire invité, Chris Sharp, nous a fait découvrir : Bianca Bondi, Leidy Churchmann, Julien Discrit a beaucoup séduit les visiteurs mais, plus encore, c’est le thème choisi qui, je crois, nous a tous fortement interpellé : un sentiment d’éco-anxiété ou de nostalgie que nous éprouvons face à la disparition de créatures et d’organismes marins.
Au-delà des événements musicaux (Jazz à Porquerolles, Midi Festival) qui ont connu beaucoup de succès, le nouvel espace réalisé dans les jardins par Flora Kuentz pour accueillir les enfants a également fait le plein tout au long de la saison, de même que la programmation de films, tous les jeudis en juillet-août.

Vous avez lancé l’appel à candidature de la douzième édition du Prix Carmignac du photojournalisme qui se clôturera le 18 octobre. Comment allez-vous sélectionner le nouvel artiste cette année ?
Cette douzième édition du Prix Carmignac du photojournalisme est consacrée au Venezuela et la crise sociale qu’il traverse. Nous invitons les candidat·e·s à soumettre un projet original qui réponde à cette thématique, ainsi qu’un portfolio. Au mois de novembre, le pré-jury, composé de directeurs de la photographie, sélectionnera une quinzaine de dossiers parmi ceux reçus. Le jury, composé de spécialistes de la région et de l’image contemporaine, choisira le projet lauréat lui permettant de réaliser un reportage de terrain de six mois avec le soutien de la Fondation Carmignac qui financera, à son retour, une exposition itinérante et l’édition d’un livre monographique.

Comment appréhendez-vous cette nouvelle aventure ?
Pour une marseillaise qui, comme moi, a passé une bonne partie de ma jeunesse à Porquerolles jusqu’à mes trente-cinq ans, ce poste est une sorte de retour aux sources. Après une vie parisienne très remplie lorsque j’étais au Ministère de la culture pendant quinze ans puis au Jeu de Paume, de 2008 à 2018, cette aventure est l’occasion de mettre à profit mon expérience, ma sensibilité et mon réseau à l’actif d’un lieu exceptionnel. À propos de réseau, je suis heureuse d’avoir créé avec celui qui est à la fois mon voisin et ami le plus proche, Jean-Pierre Blanc, le directeur de la Villa Noailles, le réseau Plein Sud.

Quelles sont vos attentes pour l’année prochaine ?
Je crois que nous espérons tous que la crise sanitaire sera enfin derrière nous. Sans révéler son thème, je peux d’ores et déjà vous dire que la prochaine exposition répondra à l’une des attentes que nous avons entendues, celle de rendre visibles les œuvres de la collection d’entreprise. Une collection constituée à l’instinct, celui d’Edouard Carmignac, comme une succession de chocs esthétiques et de rencontres avec des créateurs de tous horizons, qu’ils soient reconnus ou émergents. Pour lui, les œuvres sont tout sauf des objets ; elles représentent des flux et des énergies qui permettent « de vivre plus intensément ».

Maureen Gontier

https://www.fondationcarmignac.com/fr/ 

Octobre 2021