Anne Wendling – AZIMUT, la liberté à l’horizon.

ARTS-PLASTIQUE       

AZIMUT                
Exposition au Telegraphe
à Toulon du 19 septembre
au 10 octobre.        

Née Avenue de Liberté quelque part un 17 juillet, Anne Wendling ne s’encombre pas d’informations conventionnelles et répond aux questions qui lui plaisent. Avec ses grands yeux clairs et son allure décalée, elle nous parle de sa future exposition au Telegraphe et nous raconte l’histoire déroutante de son personnage aux multiples visages : celle d’une artiste un peu « perchée », comme elle s’amuse à le dire.

Quand a commencé ta carrière d’artiste ?

Après avoir grandi à Marseille, j’ai commencé par être comédienne dans les années 70 avec les Mirabelles, une bande de travelos. Puis, je me suis lancée dans la création textile et graphique à New-York, j’y ai fait des performances. Ensuite, je suis devenue styliste, costumière à Paris et j’ai fait des « strip-tease à côté de la plaque ». Je suis partie vivre en exil dans la forêt, puis à Bruxelles quelques années, où j’ai découvert les écoles d’art. Ce moment crucial m’a amené à retourner dans le midi dessiner des arbres et sculpter des mauvaises herbes : « ce qui pousse sur les murs et
repousse les murs ».

Ton parcours sort de l’ordinaire, qu’est-ce qui t’anime autant ?

La liberté ! D’ailleurs, j’ai aussi eu deux ateliers de chaudronnière-soudeuse. Le métal a été une passion depuis toute petite, il est lié à mes souvenirs d’enfance. Avec mes sœurs, nous récupérions de longues bandes d’aluminium brillantes pour en faire des robes. C’était notre façon d’échapper à un quotidien austère et de devenir des fées hors d’atteinte. Le métal est lié à ma découverte de la féminité, ce qui peut paraître assez paradoxal. À la fois contraignant et souple, il symbolise pour moi la façon dont les femmes ont toujours eu l’intelligence de s’adapter.

Peut-on dire que ta pratique artistique est engagée ?

Je milite autant pour les femmes que pour les migrants et tout ce qui me révolte. C’est toujours stimulant d’aller contre les règles. Les interdits m’attirent. Après une rétrospective à la Seyne-sur-Mer, j’ai rencontré le collectif « L’autre c’est nous » et j’ai dessiné des portraits de migrants. Ces rencontres ont été une vraie leçon d’élégance et de respect mutuel. Pour moi, l’art est politique et l’artiste a une fonction importante dans notre société. C’est un passeur, un témoin et dans les moments de grâce, un révélateur.

Comment l’idée d’une exposition au Telegraphe est-elle venue ?

J’ai découvert ce lieu encore en travaux un soir d’été, par hasard. Nous étions plusieurs à écouter cet inconnu nous accueillir, François Veillon. Dans ce qu’il disait, il y avait autant d’espace et de lumière que dans son bâtiment, une place à la rencontre. L’idée de revenir dessiner ce qu’il s’y passait est venue tout naturellement. Trois mois à raconter le chantier sur mes feuilles de papier brun. Puis François m’a fait confiance et j’ai commencé une résidence de deux ans dans la tour du Telegraphe à chercher, fabriquer, rêver. Avant de quitter le lieu, je voulais le remercier en faisant une « exposition-traversée », à l’image de mon expérience, traversée par les bruits du monde.

Quelles œuvres vas-tu nous présenter pour l’exposition AZIMUT?

Nous allons investir tous les espaces du Telegraphe avec une dizaine d’anciennes et de nouvelles œuvres. Mes Fétiches, des peintures sur acier qui questionnent le rapport entre la mémoire personnelle et collective à travers des scènes d’enfance ; les Plumes, que j’ai réalisée à la fin de mon expérimentation avec le métal et qui est la première œuvre où je me suis servie de la pesanteur ; L’alphabet, une exploration sur le langage ; ou L’horizon jusqu’aux bords, une installation de peintures sur lits de camp en hommage aux héros actuels que sont les migrants, les saints d’une odyssée contemporaine.

Maureen Gontier.

Site internet de : Anne Wendling

Page Facebook : Anne Wendling