Arthur Cachia – Une adaptation pour toutes les générations.
>> Dossier spécial : Théâtre Galli à Sanary « Naïs », le 3 octobre
Arthur adapte le film de Marcel Pagnol « Naïs », lui-même tiré du drame écrit par Émile Zola. L’acteur et adaptateur nous partage les défis de moderniser Pagnol, sa collaboration avec Thierry Harcourt, et l’intemporalité des thèmes qui restent pertinents. Rendez-vous le 3 octobre au théâtre Galli pour découvrir cette adaptation.
Quel a été le plus grand défi pour vous dans cette production ?
Mon principal défi a été de redynamiser cette œuvre de 1945, en lui donnant un nouveau souffle comme nous l’avait demandé Nicolas Pagnol. Beaucoup percevaient les œuvres de Pagnol comme vieillissantes. Mon but était donc de les rendre accessibles à toutes les générations. Il a fallu dynamiser et raccourcir le texte original, tout en préservant l’âme de Pagnol et la noirceur d’Émile Zola, pour le rendre jouable par six comédiens.
Comment l’interaction avec le reste de l’équipe a-t-elle influencé votre approche du rôle et de l’adaptation ?
Nous avons choisi de collaborer avec Thierry Harcourt pour son style classieux et épuré. Il privilégie des plateaux nus, évitant les décors encombrants, ce qui nous a permis de nous concentrer pleinement sur l’interprétation et de faire vivre l’imaginaire. Cette approche, qui nous oblige à ne compter que sur le texte et la situation, a stimulé notre jeu. Durant les répétitions, des répliques spontanées sont apparues, que j’ai intégrées pour que les comédiens soient au plus près de leur personnage, rendant leurs mots plus authentiques.
Comment votre adaptation résonne-t-elle avec les enjeux actuels, malgré son contexte historique ?
Je n’ai pas cherché à actualiser cette histoire, mais à dynamiser le langage pour qu’il sonne plus moderne. L’histoire de Pagnol est universelle et intemporelle, abordant des thèmes comme le handicap, les différences sociales, et les contraintes familiales. Même si elle appartient à une certaine époque, elle résonne encore aujourd’hui, car chacun peut y trouver un écho personnel. Par exemple, certains y voient une métaphore de l’homosexualité non acceptée. Ces sujets restent pertinents, car ils touchent à l’inclusivité et aux réalités sociales encore présentes de nos jours.
Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre rester fidèle à Pagnol et apporter votre propre touche à cette adaptation ?
Mon intervention s’est concentrée sur la réduction des textes et la réorganisation des scènes pour harmoniser l’unité de temps et de lieu. J’ai utilisé le script du film pour préserver la langue de Pagnol, tout en intégrant des nuances plus sombres du texte original d’émile Zola pour approfondir les sentiments et fluidifier les transitions. Mon rôle a été de réorganiser, découper et apporter une vision personnelle, tout en respectant l’essence de la langue de Pagnol.
Quel est le message essentiel que vous souhaitez que le public retienne ?
Les œuvres de Pagnol ne sont pas mortes, elles sont plus vivantes que jamais et représentent un trésor national. Il est essentiel de lire, écouter, et regarder ce qu’il a créé, d’autant plus que l’année prochaine marquera les cent-trente ans de sa naissance. Dans la pièce, chaque personnage subit une transformation, leurs points de vue évoluent et se déconstruisent, ce qui est souvent remarqué par les spectateurs. Ils découvrent une nouvelle façon de voir le monde, propre à Pagnol. La pièce laisse une impression de légèreté, remplie d’humanité. Pagnol nous rappelle qu’il existe une vérité en habits de fête, celle des gens qui s’aiment.
Emma Godest