Artscénicum Théâtre – Théâtre et société

>> »Les Pieds Tanqués » le 26 avril à 21h30

Philippe Chuyen fonde la compagnie Artscénicum il y a 25 ans. Il est comédien, metteur en scène et auteur. Il crée un théâtre qui s’intéresse à l’humain, à l’Histoire de sa région : le sud de la France, à la société et présentera lors du festival son grand succès : « Les Pieds Tanqués ».

Philippe, peux-tu nous présenter la compagnie Artscénicum, son historique et ses spécificités ainsi que les thèmes que tu aimes aborder ?
La compagnie a été créée en 1998 à Montfort-sur-Argens, près de Brignoles. Au départ, c’était une association dont le seul but était d’organiser des événements culturels dans le village, notamment un festival de théâtre d’été. En tant que comédien, j’ai décidé ensuite d’utiliser cette structure associative pour créer mes propres spectacles. Le premier le fut en 2001 pour les commémorations de 1851 dans le Var, « Le Banquet des Insurgés », qui marquaient le 150e anniversaire des soulèvements républicains. Cette première création a été suivie par d’autres, abordant des thèmes de l’Histoire politique avec des personnages comme De Gaulle ou encore Marcellin Albert le héros de la Révolte des vignerons de 1907 dans le Midi, mais aussi plus poétique avec Giono, Germain Nouveau et dernièrement l’auteur Nîmois Jean Carrière. J’ai adapté Machiavel, et écrit des pièces originales, comme « Les Pieds Tanqués », qui a rencontré un grand succès avec plus de 500 représentations à travers la France. En ce moment, je collabore avec le cinéaste Christian Philibert sur « Maquisards » un ciné-spectacle historique prévu pour le 80e anniversaire du débarquement de Provence.

Peux-tu nous parler de ta collaboration avec Mozaïc et de comment tu as connu l’association ?
J’ai connu Mozaïc il y a environ dix ans. Ils sont venus vers moi pour me proposer de rejoindre leur structure, et cela m’a vraiment été bénéfique. Ils m’ont apporté un soutien administratif, notamment pour les déclarations sociales et les demandes de subventions, ainsi qu’une ouverture sur d’autres compagnies artistiques. Je suis maintenant membre de leur Conseil d’administration depuis deux ans.

Parlons maintenant du spectacle que tu vas présenter lors du festival, « Les Pieds Tanqués », qui a rencontré un grand succès. Peux-tu nous expliquer comment t’est venue l’idée de cette pièce et nous donner un petit synopsis ?
L’idée de « Les Pieds Tanqués » est née de ma volonté de créer une pièce qui se passe pendant une partie de pétanque en jouant sur les boulodromes afin de toucher un public plus populaire, tout en me disant que le sujet abordé par cette pièce ne pouvait pas être humoristique mais plutôt tragique. Renouer avec la tragédie grecque pendant une partie de boules, voilà un joli défi. Le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie en 2012 m’a donné l’occasion de mettre en œuvre cette idée. Le boulodrome est un lieu qui mêle sociabilité mais aussi paradoxalement intimité. J’aborde donc la colonisation et la décolonisation à travers des personnages aux mémoires conflictuelles : Pied-noir, Français d’origine algérienne, Provençal « de souche » et… un Parisien fraîchement arrivé en Provence. Chacun est porteur d’une histoire familiale, d’une mémoire de ce passé colonial et leur différence crée la conflictualité, la tragédie. Cette œuvre allie humour, émotion et réflexion sur notre Histoire commune, c’est ce que je recherchais et ça a eu tout de suite du succès. La pétanque peut parfois être connotée comme provençale, mais ce n’est pas du tout un spectacle régionaliste, chose qu’on reproche parfois à mes spectacles. D’ailleurs récemment, une universitaire écossaise de l’Université de Stirling a traduit « Les Pieds Tanqués » en langue anglaise pour ses étudiants travaillant sur l’histoire de l’empire colonial français.

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