Banksy, une (R)évolution – Parcours d’exposition, Artistes exposés

DE LA RUE AUX GALERIES D’ART
L’art du graffiti a une origine tout à fait spécifique : New York, 1969. Dès cette époque, les wagons et les stations du métro commencent à se couvrir de tags, ces signatures codées laissées par des dizaines d’adolescents, en général de jeunes Afro et Latino-américains du South Bronx. A ce stade, il ne s’agit pas encore d’un geste artistique dans cette prolifération d’inscriptions, mais bien d’une pure revendication d’un espace de communication. Laisser un signe indélébile personnel sur un wagon est un geste non seulement de rébellion, mais aussi d’affirmation de sa propre identité. Peu à peu, les writers essayent de se distinguer par le lettrage, la saturation des couleurs et des formats de plus en plus importants : c’est la naissance des « graffitis ». La reconnaissance dans le monde de l’art officiel passe d’abord par deux figures majeures de l’art contemporain : Keith Haring et Jean-Michel Basquiat. Haring est considéré comme un pionnier dans le passage de l’art du graffiti autodidacte à une figure artistique consciente et distincte. De son côté, Basquiat contribue à transférer l’énergie de la culture urbaine directement sur la toile, libérant le graffiti de son contexte purement urbain pour lui ouvrir les portes des institutions artistiques conventionnelles. Le succès de Haring et de Basquiat ouvre la voie à une nouvelle génération d’artistes, contribuant ainsi à modeler le panorama de l’art urbain contemporain.

LES ÉVOLUTIONS AMÉRICAINES
L’évolution de l’art urbain, sur le continent qui l’a vu naître, emprunte deux directions bien distinctes. D’un côté, le monde du writing et du graffiti poursuit son chemin : il se renouvelle tout en restant fidèle à ses codes et à ses formes expressives. De l’autre, de nouveaux langages émergent à partir de techniques différentes et de nouvelles nécessités de communication, y compris politique. Aux Etats-Unis, la parabole artistique de Shepard Fairey, plus connu sous le nom d’Obey, illustre bien ce dernier courant. Il rassemble une foule d’ »adeptes » autour d’une icône : le visage stylisé du lutteur André the Giant associé à l’inscription « Obey ». Cette image devient le symbole d’un phénomène de résistance contre les corporations, les pouvoirs et l’autorité. En Amérique du Sud, la situation est différente : l’art urbain intègre souvent des symbolismes et des récits liés à l’histoire, à la culture et à la tradition visuelle locale.

LA FRANCE, BERCEAU DE L’ART
URBAIN EUROPÉEN
Au début des années 1980, l’art du graffiti se répand au-delà des frontières des États-Unis et traverse l’Atlantique. C’est surtout la scène française – et plus particulièrement parisienne – qui se distingue comme l’une des plus dynamiques du Vieux Continent. En France, le graffiti trouve un terrain fertile pour s’enraciner, notamment grâce à des précurseurs comme Gérard Zlotykamien, dit Zloty, qui peint dans la rue à Paris dès 1964 – bien avant l’apparition des premiers tags à New York. Les writers parisiens sont pour l’Europe ce que les writers new-yorkais sont pour le monde : des mentors, des modèles et des exemples pour les autres pays et les jeunes générations. Ce sont eux qui ouvrent la « voie européenne » de l’art du graffiti, traçant un parcours qui influence durablement les scènes artistiques du continent Parmi les pionniers de l’art urbain français figurent Blek le Rat, considéré comme le « père du graffiti-pochoir », Miss.Tic, reconnue pour ses pochoirs poétiques représentant des femmes aux cheveux noirs, ou encore Speedy Graphito. Ils seront suivis par une nouvelle génération d’artistes : JR, Dran, Invader, Zevs, Madame et bien d’autres.

LES ÉVOLUTIONS EUROPEENNES
En Europe, et pas seulement en France, l’art du graffiti se confronte à une réalité sociale, artistique et culturelle très différente de celle des Etats-Unis. Ce contexte spécifique influe directement sur son évolution et emprunte de nouvelles formes expressives, suivant un parcours linéaire qui se ramifie dans des directions caractérisées par des techniques, des inspirations et des styles distincts, difficiles à cataloguer. L’usage du graffiti par Bigtato, l’hyperréalisme tridimensionnel et naturaliste du duo Nevercrew, les signes universalistes et instinctifs de Raul, les hybridations entre l’art urbain et naïf de Damiano Mengozzi, les images audacieuses et provocatrices de Robert Del Naja, alias 3D, ou encore les rappels de l’art classique et de la Renaissance des œuvres d’Ozmo et d’Andrea Ravo Mattoni, sont autant de propositions originales et personnelles. Parmi tous les artistes ayant contribué au succès de l’art urbain en Europe, Blu occupe une place particulière en tant que chef de file d’une génération d’artistes. Il définit le style et le contenu de ce mouvement à travers ses peintures murales caractéristiques et ses positions provocatrices.

BANKSY, L’ICÔNE ANTICAPITALISTE
Banksy incarne un phénomène artistique et culturel. à l’instar des plus grands artistes, il a abattu les frontières conventionnelles de l’art et est devenu une icône mondiale ancrée dans notre patrimoine collectif. Cette visibilité a servi de détonateur pour l’art urbain, en le portant à l’attention du grand public et en le transformant en un phénomène de masse; à haute valeur marchande. Cependant, l’ »effet Banksy » ne se limite pas à une question économique. Sa contribution est avant tout créative et culturelle : il a inspiré de nouvelles générations d’artistes et redéfini les modèles de l’industrie culturelle. Son « iconisation » repose principalement sur ses prises de positions affirmées contre les dérives consuméristes de la société occidentale. Dans ses œuvres, Banksy expose les mécanismes qui poussent l’individu à rechercher, dans l’acquisition et la possession de biens matériels, une promesse de bonheur constamment déçue.

BANKSY, LE PACIFISTE
La critique de la guerre constitue l’un des thèmes centraux de l’œuvre de Banksy. Il s’unit ainsi au chœur de la contestation contre la guerre en Irak, en démasquant l’hypocrisie de ceux qui justifient le conflit comme un moyen d’exporter la paix et la démocratie. Dans de nombreuses œuvres, non seulement l’artiste défie le pouvoir, en le tournant en dérision, mais invite à réfléchir avec amertume sur la situation. Néanmoins, l’espoir d’un futur meilleur subsiste toujours dans son art. La question palestinienne l’intéresse particulièrement. C’est en 2007 que nait l’idée du Walled Off Hotel : jeu de mots entre le mur israélien, situé en face de l’hôtel, et le luxueux Waldorf Hotel de Londres. L’établissement est inauguré le 20 mars 2017, date qui marque le centenaire de la présence anglaise en Palestine. L’art de Banksy est partout dans l’hôtel, tout comme le mur, visible depuis chacune des dix chambres : l’idée est qu’il ne doit jamais être hors de la vue ou de l’esprit de ceux qui entrent.

BANKSY ET LA MUSIQUE
Le lien entre Banksy et la musique trouve ses racines dans la scène underground de Bristol au tournant des années 80-90, période de naissance du trip-hop et des groupes iconiques comme Portishead, Massive Attack et Tricky. Ce lien se concrétise à travers la réalisation de nombreuses pochettes de disques. Il s’agit le plus souvent d’artistes amis comme Blak Twang, ou liés à des labels proches. La collaboration la plus célèbre est celle avec Blur, pour qui Banksy réalise notamment en 2003 la pochette de l’album Think Tank. L’art de Banksy, empreint de subversion et d’engagement social, dialogue profondément avec les valeurs contestataires communes aux différents genres de la culture musicale underground : le punk, le rap et la musique électronique. Banksy traduit en langage visuel cette même forme de protestation et de résistance culturelle qui caractérise le panorama musical dans lequel il a grandi.

BANKSY
anonyme, a priori britannique, actif depuis les années 90.
AMéRICAINS
Taki 183 (Grèce 1954 ), nationalité américaine
Blade (alias de Steven Ogburn,
New York 1957)
Seen (alias de Richie Mirando, New York 1961)
Crash (alias de John Matos, New York 1961)
JonOne (alias de John Andrew Perello,
New York 1963)
Cope2 (alias de Fernando Carlo,
New York 1968)
Obey (alias de Shepard Fairey,
Charleston 1972)
Jean-Michel Basquiat (New York 1960 – 1988)
Keith Haring (Pennsylvanie 1958 –
New York 1990)
FRANÇAIS
Gérard Zlotykamien (Paris 1940)
Blek Le rat (alias de Xavier Prou, Paris 1951)
Miss.Tic (alias de Radhia Aounallahn,
Paris 1956 – Paris 2022)
Speedy Graphito (alias d’Olivier Rizzo,
Paris 1961)
Invader (France 1969)
Pro176 (Paris 1976)
Zevs (alias de Christophe Aghirre Schwarz, Saverne 1977)
Dran (Toulouse 1980)
Blu (Senigallia 1981)
Madame (alias de Aurélie Ludivine Bidault, Tours 1982)
JR (Paris 1983)
Thirsty Bstrd (Paris 1987)
EZK (France 1988)
ITALIENS
Ozmo (alias de Gionata Gesi, Pise 1975)
Raul (Italie 1980)
Ravo (alias de Andrea Ravo Mattoni,
Varese 1981)
AUTRES NATIONALITÉS
3D (alias de Robert Del Naja, Brighton 1965)
Osgemeos (alias de Otavio et Gustavio Pandolfo, Sao Paulo 1974)
Atentamente una fresa (Mexico)
Nevercrew (alias de Christian Rebecchi, 1980 et Pablo Togni, 1979, tous deux de Suisse)
Bigtato (Cadenazzo, Suisse 1986)
Damiano Mengozzi (Lugano, Suisse 1987)