Bertrand Desprez – Des paysages et des hommes

Enigmes – Centre-Ville de Toulon – du 7 avril au 31 mai

Invité par Châteauvallon-Liberté Scène Nationale à l’occasion du Théma #37 Passion Bleue, Bertrand Desprez présentera lors de deux expositions sa vision du Var avec ses recoins les plus sauvages et sa Méditerranée.

Pour ce projet vous avez photographié Toulon, Hyères, Six-Fours-les-Plages, etc. Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la région varoise ?

Ça a été une découverte : le magazine « de l’air » a créé en collaboration avec Châteauvallon-Liberté Scène Nationale leur première résidence photographique. Lorsque Stéphane Brasca m’a proposé cette résidence, je ne connaissais Toulon qu’au tra- vers d’un travail que j’avais fait pour l’Equipe Magazine sur le rugby. Ce fut une surprise incroyable, d’autant plus que j’aime beaucoup la nature. J’avais déjà travaillé autour de ce sujet lors
d’une résidence à Gap. Mais cette fois-ci, j’ai vraiment eu l’occasion de découvrir le Var sauvage.

Pendant votre périple, quels sont les endroits qui vous ont le plus marqué ?

Il y en a tellement… Les Baux Rouges je trouve ça dément ! C’est d’une violence, d’un tellurisme… Ça me rappelle un peu la côte chez moi, en Bretagne. Il y a quelque chose de primitif, une sauvagerie très présente. Je peux aussi parler de la pointe de l’autre côté avec la grande chapelle… le Cap Sicié. D’ailleurs, l’affiche de l’exposition a été faite là-bas.

Vous voyagez beaucoup, c’est quelque chose d’important pour vous et votre pratique ?

Avant l’avènement du numérique, les journaux nous envoyaient faire des photographies à travers le monde. J’ai donc beaucoup voyagé, grâce aux commandes et aux bourses aussi. Pour ce qui est du voyage, le déplacement et la découverte amènent forcément une forme de curiosité et de révélation. C’est essentiel à la nature humaine : le vrai voyage pas « touristique », mais celui dans le sens où l’on va à la rencontre des autres.

Dans la série de photographies que vous présenterez pour “Passion Bleue”, on retrouve souvent l’homme dans le paysage ou bien faisant face à son immensité – un thème assez romantique – est-ce que vous pouvez m’en dire plus ?

On m’a souvent décrit comme un photographe humaniste parce que l’être humain est au centre de mes préoccupations. Il y aura un triptyque au centre de la Rue des Arts où l’on voit trois personnes face à la mer, parce qu’il y a toujours cette énigme avec la mer : qu’est-ce qu’on en fait ? Pour le romantisme, je pense que cette touche est toujours présente dans mon kaléidoscope intérieur.

“Passion Bleue” prend pour sujet le rapport de la Métropole à la mer :qu’est- ce que ça vous inspire ?

La mer reste, chez les artistes, un élément propre à la contemplation, à l’évasion et au questionnement. On la regarde et on s’en méfie parfois. Ce qui m’intéressait surtout c’était la relation entre la terre et la mer. C’est un peu comme dans un théâtre dans lequel la mer serait la scène et la terre serait le public. Comment arriver à photographier ce qui est sur scène avec le public ? Si on se met du point de vue du spectateur, on ne photographie que la mer et inverse-
ment. C’était donc assez compliqué de trouver le bon angle et de les lier. Pour ce qui est de Théma #37, le sujet même est intéressant : on parle souvent de la mer pour sa violence ou quand on la souille. Mais hormis cela, la mer reste une immensité inconnue et inexploitée. “Passion Bleue” propose de retrouver la mer et de s’interroger dessus.

Valentin Calais