Brigitte Gaillard – De la peinture à la photographie…

Exposition Correspondances, jusqu’au 19 novembre au Musée d’Art de Toulon.

L’exposition temporaire « Correspondances » présente des œuvres de la collection du Musée d’Art de Toulon et met en lumière les similitudes et les contrastes entre la peinture ancienne, contemporaine et la photographie. Rencontre avec la Conservatrice en Chef des Musées de Toulon.

En quoi peinture et photographie sont-elles liées ?
En premier lieu par le regard de l’intervenant, photographe ou peintre. La démarche est identique : reproduire un sujet à un moment donné, mais le peintre peut être imaginatif alors que le photographe représente ce qu’il voit. Il existe également des similitudes dans les thématiques, le cadrage, l’éclairage, tous deux jouant sur l’ombre et la lumière et les nuances de couleur. Cette exposition ne demande pas au visiteur d’avoir des connaissances en histoire de l’art, les œuvres parlent d’elles-mêmes. On peut trouver des passerelles entre des photos contemporaines et une peinture du XVIIe siècle, par exemple entre « L’enfant endormi » de Willy Ronis qui reproduit toute l’innocence de l’enfant et l’œuvre de Van Loo « Les enfants jouant » du XVIIe : l’enfant au premier plan a été peint dans la même attitude que l’enfant photographié. De même, l’œuvre d’Eugène Carrière symbolisant une femme s’éveillant reste très proche de la photographie d’Edouard Steichen montrant Isadora Duncan nue sous un voile transparent en train de danser, son corps contorsionné évoquant l’aurore. Cette exposition concerne aussi les correspondances entre peinture ancienne et peinture contemporaine. Les corps masculins du peintre académique Lehoux ne sont pas éloignés du colosse peint par Patrick Lanneau, un artiste contemporain. Leur souci est de symboliser la puissance du corps masculin, le premier de façon très figurative, insistant sur les muscles du corps humain, traités à l’aide d’un dessin solide tel qu’il était enseigné dans les écoles d’art, le second étant plus soucieux de donner l’idée du corps avec une couleur complètement irréelle puisqu’il apparait vert et bleu sur la toile. Les temps ont changé, les contemporains ne recherchent pas la copie du vrai mais à suggérer.

L’exposition permanente est également modifiée…
Nous faisons un éclairage sur une partie de la collection photographique du musée qui comprend plus de cinq-cents pièces. Nous proposons, parallèlement à « Correspondances », trente-cinq photos dans le Cabinet d’Arts Graphiques, rassemblant les grands noms de la photographie, de Man Ray à Ristelhueber en passant par Cartier-Bresson, Clergue, Doisneau, Freund, Steichen… Et nous continuons dans les salles permanentes. Ainsi les photographies de Bernard Plossu, d’acquisition récente, dialoguent avec les paysages de bord de mer de Vincent Cordouan, et la « Sainte-Victoire » de Beatrix Von Conta fait parfaitement écho à « La Vallée des Angoisses » de ce même Cordouan, les deux artistes s’intéressant au rendu de la roche et à l’éclairage rasant qui met en valeur les reliefs. La salle d’Orient réserve aussi quelques surprises, nous venons d’accueillir trois nouvelles œuvres du musée d’Orsay représentant Alger et Tanger, et la galerie Roger Violet à Paris, dans la continuité de ce qui avait été fait pour l’exposition « L’Algérie des Peintres », nous a accordé le prêt de dix photographies orientalistes qui complètent ces correspondances. La grande œuvre de Frédéric Montenart « Les Ruines de Timgad » datée de 1900 s’associe parfaitement à la photographie du studio américain Léon & Lévy prise sur le site à la même époque. Les salles contemporaines voient aussi leur présentation modifiée, quelques peintures sont remplacées par des photographies d’artistes contemporains tels que Georges Rousse, François Hers ou Patrick Tosani…

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