Bruno Bouché – Une danse d’espoir sur l’absurdité de la condition humaine

On achève bien les chevaux – Le 6 juillet à Châteauvallon – Ollioules

Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro mettent en scène le célèbre texte d’Horace McCoy « On achève bien les chevaux », qui dit l’histoire tragique de couples tombés dans la misère pendant la grande dépression aux Etats-Unis, et cherchent à gagner quelques sous en dansant jusqu’à l’épuisement. Comédiens, danseurs et musiciens rejouent sur scène ce marathon infernal qui interroge sur la cruauté des Hommes et l’absurdité de la condition humaine.

 

Le spectacle On achève bien les chevaux porte l’appellation de « Danse-Théâtre » pouvez-vous nous expliquer ce concept ?
Ce travail a été porté par Pina baush, une chorégraphe qui a fait se rencontrer sur le plateau l’écriture chorégraphique et la force théâtrale. Notre idée, avec Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro, était de raconter une histoire en mélangeant l’intensité du texte, le talent des acteurs, avec la puissance du corps et de la danse, qui est un langage sans mot, sans parole. Nous voulions mêler ces deux énergies.

Danseurs et acteurs partagent-ils aisément ce moment sans doute très intense sur scène ?
C’est tout l’objectif ! Nous souhaitions vraiment que l’on ne distingue plus les acteurs des danseurs et, d’après les retours du public lors des premières présentations -pré-générales ou générales – c’est le cas. Il y a une compagnie nationale, l’Opéra national du Rhin qui encontre une compagnie de comédiens, Les petits Champs, et je crois que ce que l’on ressent pendant le spectacle est simplement une force collective. Bien que nous présentions sur le plateau une dystopie, une part extrêmement cruelle de l’humanité, nous avons réalisé avec ces artistes une utopie qui est que, malgré nos différences, dans notre ambiance de travail, nous avons trouvé une dynamique commune.
Le thème du livre – les marathons de danse pendant la crise économique des Années Trente aux Etats-Unis, durant lesquels des couples de danseurs amateurs ou professionnels, souvent tombés dans la misère, s’épuisaient pour gagner un peu d’argent – semble vous avoir également poussé vers une réflexion sur la place des spectateurs?
En effet, nous retrouvons un peu le principe du cirque romain. Les spectateurs venaient pour participer à un moment affreux, une chose horrible. Et c’est en ça que ce roman est irremplaçable, nous ne racontons pas une histoire en utilisant la danse, c’est une histoire où la danse est au coeur du propos et où l’on danse pour survivre, jusqu’à en crever. Ce n’est pas « marche ou crève, c’est danse ou crève ».

Quelle place a la musique dans le spectacle ?
La place de la musique est prépondérante, bien entendu. Elle est également très variée et il y a de la musique live, cela nous paraissait essentiel que des musiciens sont présents sur le plateau. Nous avons aussi essayé d’être dans une intemporalité, avec un choix de musiques assez large, qui va de standards américains des années soixante-dix à de la musique vraiment actuelle comme de l’électro, nous faisons évidemment en sorte que ces musiques soutiennent le propos.
La représentation du 6 juillet dans l’amphithéâtre de Châteauvallon sera la première mondiale du spectacle, ce lieu remarquable impose-t-il des contraintes particulières ?
Ce sont les contraintes du plein air, qui demandent d’adapter les éclairages et autres spécificités techniques, mais avant tout, quand je parlais de cirque romain, le lieu est justement un amphithéâtre… Il y aura le regard du public sur les artistes, comme un mur de spectateurs, et nous jouons énormément avec cette présence qui forme une sorte de jury populaire. Nous avons réellement hâte que cette adaptation de On achève bien les chevaux rencontre le public !

Weena Truscelli

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