Bruno Podalydès – part en vadrouille
>>La petite Vadrouille, en salles le 5 juin
Justine, son mari et toute leur bande d’amis trouvent une solution pour résoudre leurs problèmes d’argent : organiser une fausse croisière romantique pour Franck, un gros investisseur, qui cherche à séduire une femme. Pathé Toulon-La Valette nous a invités à rencontrer Bruno Podalydès qui nous présente son dernier film, « La petite Vadrouille » une comédie juste, tendre et maline, au superbe casting, qui se déroule au rythme d’une croisière fluviale.
Ce film est une ode aux croisières fluviales, dont vous êtes adepte. Qu’est-ce que vous appréciez dans celles-ci ?
C’est d’abord filmer ce cadre magnifique qui était mon premier désir. J’aime aussi le fait d’aller lentement. On ne fait pas la course en péniche… C’est une célébration de cette approche tranquille. Un bateau qui se déplace à la vitesse d’un piéton, c’est intéressant.
Vous avez un superbe casting, avec des comédiens avec qui vous avez l’habitude de tourner, et un petit nouveau… Daniel Auteuil.
Denis, mon frère, et moi avons toujours joué ensemble. Chaque film est dans la continuité de nos jeux, mais il continue toujours de me surprendre par chaque personnage qu’il incarne de manière nouvelle. Dans ce film, il a un côté Louis de Funès un personnage légèrement antipathique, mesquin, jaloux, qui s’y prend mal.
Sandrine Kiberlain a déjà joué le rôle de ma femme, là c’est celle de mon frère. Elle fait presque partie de la famille ! (rires). Je ne pense pas aux comédiens quand j’écris un scénario. Mais je voulais qu’elle incarne Justine et j’ai attendu plus d’un an qu’elle soit disponible. Elle prend la comédie très au sérieux, c’est ce que j’aime. Elle joue les situations avec beaucoup de réalisme, sans surjouer, sans œillades ni grimaces.
Quant à Daniel Auteuil, cela faisait longtemps que je pensais à lui, mais je n’avais pas de personnage à lui proposer. Il peut osciller entre la tragédie et la comédie avec beaucoup de finesse. Son personnage aurait pu être très caricatural, mais Auteuil lui donne une dimension profonde. Il est tour à tour un personnage détestable, qui ne parle pas au petit personnel, tour à tour quelqu’un de touchant car très enfantin.
Il y a des points de vue magnifiques dans ce film…
Notre chef opérateur, Patrick Blossier, avec qui je travaille régulièrement, est très sensuel dans son approche de la lumière, il l’apprécie comme une matière. On a choisi le vrai scope qui élargit le champ et permet d’avoir deux personnes en gros plan. C’est le contraire de l’iPhone, qui est un cadrage individualiste. Le scope permet de bien capturer un groupe et les paysages, créant un véritable univers.
Vous avez créé une atmosphère de bande pour le tournage ?
C’était important de créer une ambiance qui se ressente à l’écran. Nous avions un camp de base où tout le monde revenait le soir, ce qui nourrissait l’ambiance. Nous n’avons eu que quarante jours de tournage, il fallait donc être professionnels, mais dans une ambiance agréable.
Et ces jeunes, ces grands ados, montrant le conflit de générations…
Il y a un passage de relais. Les jeunes incarnent la liberté, le désir de partir ou de mettre les voiles, alors que nous, nous restons sur la péniche. Une phrase qu’ils répètent est importante : « Continuer sans accepter ». Elle fait référence aux cookies sur un site internet. Pour ces jeunes, si tout est fini, tout est permis. Aujourd’hui, face à la situation du monde, il faudrait avoir un état d’esprit d’invention, non de réaménagement. De notre côté, nous sommes un peu réacs dans le film, avec des jugements à l’emporte-pièce. Ce sont ces jeunes qui nous ramènent à la réalité.
La musique a aussi une place très importante…
Elle rythme cette traversée. J’avais fait un film où j’avais déjà inclus « Santiano » et je me suis aperçu que cette chanson traverse les générations, elle est intemporelle. C’est comme réécouter « Lettre à Elise » et trouver ça beau. La musique est assez variée, nous avons utilisé « L’Ode à la joie » de Beethoven, « Elle était si jolie » d’Alain Barrière, une chanson de Charles Berberian mais aussi un morceau plus récent de Laszlo de Simone.
Fabrice Lo Piccolo