Bruno Putzulu – Une machine à souvenirs tendre et savoureuse !

>> “Les Ritals“, le 6 avril au Théâtre Marelios à La Valette

Bruno Putzulu a adapté pour un seul en scène émouvant, “Les Ritals“ roman de François Cavanna, fondateur de Hara–Kiri, plume de Charlie Hebdo et né comme lui d’un père italien et d’une mère française. Accompagné d’un accordéoniste, il partage avec le public les émotions tendres et puissantes de l’enfance.

Seul acteur, accompagné d’un accordéoniste, vous jouez “les Ritals“ de François Cavanna, pourquoi avoir choisi d’adapter ce roman en pièce ?
Rocco Femia, de la revue culturelle franco-italienne Radici m’avait demandé, il y quelques années, de faire une lecture d’un extrait de ce livre. Mon père était mort peu de temps auparavant et j’étais en train d’écrire sur lui, mais quand j’ai lu ce passage du roman de Cavanna, ça m’a tout de suite paru convenir à ce que je souhaitais exprimer sur mon père, et j’ai donc décidé de demander l’autorisation à l’éditeur et à la famille pour en faire une adaptation. Par ailleurs, cela semblait s’accorder parfaitement à un seul en scène.

Ce spectacle est aussi une affaire de famille “ritale“, votre frère en est le metteur en scène et Rocco Femia, fondateur et directeur de la revue Radici produit la pièce.
L’idée de faire un spectacle à partir du livre de Cavanna est née de cette proposition de lecture pour la revue Radici, puis j’ai fait l’adaptation, et mon frère l’a mise en scène. C’est la première fois que je travaille de manière professionnelle avec mon frère. Mais c’est surtout une histoire d’amitié entre nous, et Rocco Femia est également comédien dans un autre projet que nous jouons ensemble en ce moment, “La Lettre“, une pièce écrite par mon frère. Quant au côté familial, ce que j’ai lu dans “Les Ritals“ ressemble vraiment à ce que j’ai vécu. Comme Cavanna, ma mère est française, et mon père italien est arrivé en France après la deuxième guerre mondiale (pour le père de Cavanna c’était après la première), nos deux pères ont francisé leur prénom, et ne nous parlaient jamais italien à la maison, ils faisaient tout pour s’intégrer au maximum et ne parlaient jamais de racisme.

Est-ce qu’un livre comme “Les Ritals“ qui traite de l’émigration, pourrait encore être écrit aujourd’hui ?
Je l’espère ! Ce qui me donne de l’espoir c’est que j’ai joué à Paris plusieurs mois, ainsi qu’à Avignon et de nombreux autres endroits, nous en sommes à plus de deux-cent-quarante représentations et les salles sont pleines, c’est donc que le texte de Cavanna plait, et que les spectateurs sont à la recherche de ce genre de propos pleins de tendresse. La première chose qui m’a attiré dans ce roman, c’est le rapport à l’enfance, au père, et j’avais besoin à ce moment-là, de retrouver mon père sur scène. Les gens sont touchés, parfois parce qu’ils sont parents, ou qu’ils se remémorent leur enfance, ou leurs amis italiens, polonais, ou autres, parce que ce qui est soulevé dans ce texte ne concerne évidemment pas que les italiens.

Quelle place prend la musique de l’accordéon sur scène ?
C’est un partenaire. Ce n’est pas une musique de décoration. Nous arrivons sur scène tous les deux, l’accordéoniste représente mon ami d’enfance qui me rejoue des airs qu’il interprétait déjà pour moi quand nous étions petits. Cela provoque le retour de souvenirs et scelle la relation entre nous. C’est comme si je revenais dans la maison de l’enfance après un très long moment, et que je demandais à mon copain musicien de toujours de venir avec moi, parce que ce serait trop dur d’y aller tout seul. Nous entrons alors dans la cuisine, qui était le centre de la maison, et la machine à souvenirs se met en route…
Weena Truscelli

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