Brusk – Le street art, une connexion au monde

Cédric Kozluk AKA Brusk du crew Da Mental Vaporz nous vient de Lyon où il a commencé dès 1991 à laisser son empreinte sur les murs de Saint-Priest. Graffeur, muraliste, peintre, dessinateur, sculpteur, c’est un artiste de talent que La Seyne vous fera découvrir au cours de son parcours mural.

Brusk, tu te définis avant tout comme dessinateur. Comment es-tu venu au graff ?
Je suis né avec un crayon à la main. J’ai grandi à Saint-Priest, dans un milieu marqué par son urbanité. En 1991, j’ai découvert le graffiti, le rapport au béton, à la rue, et au dessin. Le graffiti m’a permis d’exploser et de partager mes créations dans la rue. Mais avoir cette compétence de dessinateur m’a permis d’être identifiable, d’acquérir un style singulier, et de beaucoup voyager.

Peux-tu nous décrire tes techniques préférées, dripping, déchirures, ainsi que tes thèmes de prédilection ?
Le dripping et les déchirures sont ma signature, mon identité visuelle. Le dripping (coulures en anglais ndlr) fait partie des codes du graffiti. Je prends plaisir à contrôler les coulures pour ensuite les laisser libres de prendre leur propre chemin. La coulure elle-même raconte une histoire. Je lui donne vie lorsque je lui apporte du volume, de la profondeur et que je joue avec ses « accidents ». Les déchirures, quant à elles, symbolisent le temps qui passe, les objets et les images que les gens ne voient plus. Cela peut sembler brut et radical et à la fois cela apporte une douceur et une effervescence au propos. Quant aux thèmes, j’ai besoin de véhiculer des valeurs et de sensibiliser les gens à des causes. Je travaille par exemple avec Handicap International et SOS Méditerranée. L’art sert à partager des émotions, des points de vue sur notre société et à faire réagir. Trouver un équilibre dans ces messages est important pour moi.

Aujourd’hui, le street art sort de la rue et s’expose dans les galeries…
La rue m’a permis d’exister, de faire mes armes et de me trouver. Je travaille aujourd’hui davantage en atelier, j’éprouve beaucoup de plaisir dans la conception d’expositions. Le partage dans le street art est fondamental et travailler avec des galeristes qui te soutiennent et t’accordent leur confiance est un vrai plaisir et une valeur ajoutée. C’est aussi une manière d’interagir avec le public et plus il y est sensible, plus le partage devient riche. Il y a beaucoup de belles choses, de compétences et d’artistes. Les street artistes ne sont pas tous des graffeurs, la démarche a beaucoup changé. Mais le travail dans la rue me manquait, faire des grands murs de 20mx15m, c’est un défi important ! J’ai passé deux ans et demi à exposer au Maroc, alors je ressens le besoin de revenir au travail dans la rue. Cette invitation du Minifest me réjouit vraiment.

Comment vas-tu procéder pour réaliser tes œuvres sur place ?
J’attends de voir les murs, le type de surfaces et la superficie. Je me nourris des endroits où je peins, de l’histoire des lieux, de ses anecdotes. Il faut trouver ce qui marche sur place pour créer un lien avec les habitants. En ce moment, je fais beaucoup de fleurs. Le contexte international m’a incité à repenser le monde, à créer de la beauté pour pallier la noirceur et la dureté du quotidien. Je suis revenu avec des fleurs, qui ont beaucoup plu. Je vais sûrement m’en inspirer. Quel que soit le lieu où tu vas peindre, l’œuvre va interpeler les habitants, ressortir du paysage. Cela permet d’adopter un autre regard sur la ville, sur son quartier, de s’évader, et on en a tous besoin.
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Fabrice Lo Piccolo