Cécile Guettier – Peindre au-delà du mythe…
Du 9 Décembre 2022 au 12 février 2023 à l’Ancien Evêché de Toulon
Le Prix Villa Noailles des Révélations Emerige 2021 a été décerné à l’artiste Cécile Guettier. Son exposition personnelle est présentée à l’Ancien Evêché de Toulon, en même temps que la neuvième édition des Révélations Emerige 2022 à l’Hôtel des Arts TPM.
Vous avez créé les œuvres de cette exposition pendant vos trois mois de résidence à la Villa Noailles. Comment s’est-elle passée ?
La résidence a été découpée en deux sessions : je suis venue d’août à septembre, puis j’ai participé à Artorama et je suis revenue pendant le festival de la mode jusqu’au vernissage.
Au début, je faisais des aller-retours pour rencontrer l’équipe de production. La salle était extrêmement longue avec une vue sur la cour, ce qui a influencé mon travail. Ce qu’il y a de merveilleux avec la Villa Noailles, c’est que c’est un lieu qui réunit plein d’artistes et de créateurs et c’est l’occasion de rencontrer des artistes qui ne font pas forcément de la peinture. Je suis notamment devenue amie avec un danseur avec qui j’ai beaucoup échangé.
Votre exposition à l’Ancien Evêché intitulée “Pas tout à fait une autre” s’inspire du mythe originel de Penthésilée…
Ça s’inspire surtout du mythe qui a été écrit en miroir. Dans le mythe antique Achille est fou amoureux de Penthésilée, mais la tue, dans un débordement émotionnel. Il pleure comme un bébé alors les soldats se moquent de lui et pour effacer son moment de faiblesse, il tue les soldats.
Dans la version de Von Kleist, Penthésilée tue Achille alors qu’elle l’aime, puis se suicide. Je trouve ça intéressant de renverser les genres, de raconter des choses différentes, et ici cette violence créée par la frustration face à l’interdiction sociale des moments d’émotions.
Comment imaginez-vous l’aspect de vos personnages ?
J’utilise le monotype pour faire les visages de mes personnages, ce qui fait qu’ils ont toujours une expression qui se détache du corps. Ça me rappelle les masques antiques, l’expression caricaturale qui devient presque grotesque. Ensuite, j’effectue un traitement du corps à la peinture puis au pastel du très sec jusqu’au très gras qui donne beaucoup plus de clefs et de subtilités sur leurs sentiments. Ce sont des gargantuas, des personnages très forts, imposants et maladroits qui sont toujours représentés contorsionnés sur un support trop petit pour eux auxquels ils s’adaptent avec grande difficulté.
Est-ce que le poème que l’écrivain suisse Jon Monnard a écrit sur votre travail retrace fidèlement ce qui vous intéresse dans votre travail ?
Jon est resté cinq jours et lorsque nous sommes allés à la Fondation Carmignac, il m’a raconté qu’il avait une forme de daltonisme. Or, les couleurs sont très importantes dans mon travail. On s’est très bien entendu sur nos pratiques alors je l’ai invité à écrire un poème sur mon projet. Il a une grande capacité à raconter des moments de tension qui ne sont pas là non plus pour illustrer le mythe, mais pour donner des clefs supplémentaires à l’énergie, tout comme mes tableaux.
Qu’est-ce que le prix a changé pour vous ?
Le concours a été créer pour promouvoir les jeunes artistes, c’est très important d’avoir une validation du monde de l’art contemporain après ses études. Ils arrivent à concentrer un réseau ce qui nous permet d’être beaucoup vus pendant un temps. Grae à cela, les gens qui pouvaient hésiter à acheter se sont lancés. La Villa Noailles m’a aussi fait rentrer dans sa famille !
Vous étiez du côté du jury cette année, comment l’avez-vous vécu ?
C’est étonnant, on a un effet miroir. L’échange a été très intéressant et c’était très agréable de faire partie de ce moment autrement.
Maureen Gontier
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