Chantal Porras – Des bronzes animaliers pas comme les autres.

Porras – Bronzes, jusqu’au 29 avril à la Galerie Estades à Toulon

Représentée par la Galerie Estades, Chantal Porras y expose en ce moment des bronzes fins et délicats d’animaux assez inhabituels. Nous l’avons rencontrée alors qu’elle proposait une démonstration de sculpture aux visiteurs de l’exposition.

Pouvez-vous nous détailler votre parcours ?
Quand je suis arrivée dans la région de Nîmes, mon futur mari habitait près des Beaux-Arts. Enfant, je rêvais d’étudier l’art, le dessin, mais mes parents n’y étaient pas favorables. Je me suis inscrite dans cette école et ai pris trois ans de cours du soir, d’abord en dessin puis en sculpture. Cette discipline m’est apparue comme une évidence, certaines personnes voient plus facilement en 3D. Je devais travailler à côté car ce n’est pas évident de démarrer dans l’art, mais vers quarante ans, alors que j’avais moins d’obligations familiales, j’ai repris les cours, avec Jean-Jacques Darbaud, sculptant notamment des modèles vivants. J’ai commencé à exposer, notamment dans un bel hôtel de Nîmes où un architecte m’a acheté une sculpture de taureau et m’a incitée à sculpter plus d’animaux. J’ai alors proposé mon travail à un concours important à Bry-sur-Marne auquel participaient des artistes que j’admirais qui m’ont dit qu’ils aimaient mon travail. J’ai eu un prix et ai été remarquée par des galeries et j’ai pu arrêter mon autre travail. Aujourd’hui c’est Noël tous les jours ! Cela m’a pris environ dix ans et c’est un véritable épanouissement.

Pourquoi avoir fait le choix de réaliser des sculptures d’animaux et comment choisissez-vous vos modèles ?
Il existe une palette incroyable d’animaux, j’avais envie de les découvrir et de les faire découvrir. J’aime rechercher, comprendre les volumes. Chaque animal est différent et renvoie quelque chose de particulier et de très fort, d’élégant, de délicat. En regardant des photos d’un animal, quelque chose me touche, un regard, une attitude, et je vais essayer de comprendre son fonctionnement et son environnement.

Quel est le processus pour réaliser un bronze ?
Je crée la sculpture originale que l’on va mouler dans de l’élastomère. Celui-ci est coupé en deux et l’on coule de la cire sur une épaisseur d’un centimètre. On enferme alors cette cire dans du plâtre et quand on chauffe ce cylindre, la cire s’évacue et à la place on y coule le bronze. Ce moule permet de créer jusqu’à douze pièces, huit originaux et quatre épreuves d’artiste.

Quelles sont vos relations avec la Galerie Estades et quelles pièces présentez-vous lors de cette exposition ?
La galerie de Lyon a découvert mon travail et l’a aimé. Une belle relation s’est créée avec les équipes de Paris, Lyon et Toulon, composées de femmes. A chaque exposition, j’essaie d’amener de nouvelles pièces. Là j’expose un rhinopithèque aux yeux bleus, des suricates, des fennecs… Je ne fais jamais de pièces agressives, je veux faire passer des émotions sympathiques. J’aime aussi travailler sur des familles, par exemple des bonobos cette fois-ci. J’utilise des patines colorées en finition, ce qui n’est pas très courant. Je trouve que ça apporte de la lumière et un regard plus étonnant. Il existe des couleurs magnifiques dans la nature et j’aime les reproduire. Aujourd’hui beaucoup de pièces sont réalisées en numérique, le travail à la main disparait. C’est un vrai travail mais très différent. A la main, nous passons beaucoup de temps à créer une pièce, le ressenti de la matière est différent, cela amène un travail fin et délicat. Il faut préserver ce travail, et je crois qu’il faut mieux signaler quand les pièces sont réalisées en numérique.

Fabrice Lo Piccolo

Chantal Porras, Galerie Estades