Charles Berling – Le partage au cœur de notre scène nationale.
Quelle place accorde la scène nationale Châteauvallon-Liberté à la diffusion et au soutien des compagnies locales ?
La diffusion et le soutien des compagnies locales font partie de nos axes principaux ! Il est essentiel pour une scène nationale d’être véritablement ancrée sur son territoire et cet enjeu passe forcément par la collaboration avec les artistes qui s’y trouvent. Pour moi, depuis la création du Théâtre Liberté et maintenant de la scène nationale Châteauvallon-Liberté, travailler avec le territoire est fondamental. De plus en plus, les professionnels du milieu s’accordent à dire que tout ne passe pas forcément par Paris et qu’il est essentiel de développer des modèles en Province qui puissent valoriser les compagnies locales. En plus, nous avons de la chance car notre région est assez dynamique au niveau culturel et artistique, notamment grâce à Renaud Muselier, président de la région. Parfois, des artistes locaux que l’on ne connait pas du tout souhaitent qu’on les co-produise. Dans ce cas, il nous arrive de leur proposer une résidence pour les rencontrer. Nous faisons toujours notre possible pour leur apporter notre aide… Cela s’est notamment passé avec Alexandra Cismondi et Éloïse Mercier (ndlr : adhérentes de Mozaïc). Ces deux jeunes femmes voulaient créer des spectacles, nous les avons aidées à le faire… Elles ont développé quelque chose de nouveau artistiquement et sont maintenant en pleine ascension ! C’est une véritable joie de se dire que nous avons permis à ces projets d’exister… Je pense qu’il est important que l’innovation soit permise. En parallèle, notre mission consiste à établir des ponts entre les artistes nationaux et régionaux afin de créer une sorte d’émulation, de synergie artistique car depuis toujours, l’art est fait d’influences, de confrontations et de rencontres.
Mozaïc et la scène nationale ont mis en place des coproductions et des résidences en partenariat afin de soutenir les compagnies locales. Mozaïc joue ainsi un rôle d’intermédiaire entre les lieux de diffusion tel que le vôtre et les compagnies. Cela modifie-t-il vos rapports aux artistes ?
Je pense, oui ! Mozaïc étant totalement dédié aux compagnies locales, cela lui donne une forte lecture du paysage artistique territorial. Forte, parce qu’elle vient du terrain et qu’elle est éprouvée par des rencontres… Ce rapport avec Mozaïc est donc important car plus il existe une expertise forte sur un réseau et sur des artistes, plus les choses peuvent s’organiser et exister !
Plus globalement, quels liens entretiennent Mozaïc et la scène nationale ?
D’abord, il y a un aspect territorial : nous sommes de la même région et sommes bercés par la même lumière méditerranéenne. Nous avons en commun ce partage du territoire, ce qui n’est pas rien !
Puis, Mozaïc est tout de même le bureau d’accompagnement le plus important de la région. Shanga (directeur de Mozaïc) est déjà très ancré ici, ce qui contribue à créer des liens qui ne sont pas seulement professionnels… Il y a une connaissance mutuelle qui crée de la confiance. Après, nous ne sommes pas toujours d’accord sur les artistes, mais c’est tant mieux : on en discute !
Nous sommes dans un métier où cette discussion se perd parfois et c’est dommage. Les goûts artistiques, ça se partage ! Pour nous, il s’agit de la définition même d’une scène nationale : le partage. Notre but n’est pas d’imposer les choses de façon très verticale, bien au contraire : une scène nationale est un outil qui nous est commun et qu’il est important de défendre.
Pourquoi avez-vous trouvé important d’accueillir le festival des dix ans de Mozaïc à Châteauvallon ?
D’une part, ce festival est l’occasion de présenter des compagnies et des spectacles, de montrer le dynamisme artistique de notre région ! Moi-même, durant quatre jours, je vais pouvoir découvrir des choses que je ne connais pas encore et j’en suis enchanté. D’autre part, je pense qu’il est primordial de se soutenir mutuellement. Récemment, nous avons par exemple décidé d’apporter notre aide à l’Opéra de Toulon qui entre dans une phase de travaux de plusieurs années… Il est normal que les institutions toulonnaises soient solidaires.